Tunisie : Néjib Chebbi accuse Kaïs Saïed de mener « un coup d’Etat doux »
L’homme politique et leader du parti Amal, Ahmed Néjib Chebbi, accuse ce lundi 19 avril le président Kaïs Saïed « de mener un coup d’Etat doux ».
« Nous assistons depuis un certain temps, en direct, à un coup d’Etat doux mené par le président de la république, dont le premier épisode a consisté dans le blocage de la formation du gouvernement, puis dans l’opposition à l’instauration de la Cour constitutionnelle, et enfin dans l’annonce du président de la république, qu’il était le chef suprême des forces de sécurité intérieure, à l’occasion du 65ème anniversaire de leur création ».
« Le coup d’Etat n’est pas, forcément, une action militaire, mais est défini par les jurisconsultes comme étant une action autoritariste et illégale, qui est de nature à attenter aux règles d’organisation des instances en place, de leur fonctionnement et prérogatives ».
Chebbi est revenu sur l’annonce du président de la république, hier dimanche 18 avril 2021, d’être le chef des forces de sécurité intérieure, étant une force armée, sur la base « d’une interprétation unilatérale des dispositions de la constitution, et la remise en question de la loi du 17 août 2015, inhérente aux nominations dans les hautes fonctions ».
« La loi de 2015 contient, sans doute, une faille, en se limitant à l’énumération des fonctions militaires et diplomatiques, sans faire mention des fonctions liées à la sécurité nationale, que la constitution a accordées au chef de l’Etat, » a-t-il indiqué.
Chebbi a considéré que « cette loi est en vigueur depuis des années, après avoir été adoptée par l’Assemblée, sans qu’il y ait eu une opposition à sa conformité avec la constitution, ni de la part des députés, ni du président de la république même ».
« Cette loi ne pourrait être bloquée, ni amendée que par une nouvelle initiative législative, que le président pourrait poser devant le parlement, » a-t-il préconisé.
Le dirigeant du parti Amal estime que « l’exploitation des failles dans une tentative d’asseoir sa mainmise sur le pouvoir, d’attenter au fonctionnement des institutions de l’Etat et d’impliquer ses appareils sensibles dans le conflit politique, représente une faute grave, requérant le questionnement, voire la destitution ».
« Le conflit entre les trois présidents, ayant paralysé l’action de l’Etat, le menaçant de déliquescence pose, une nouvelle fois, la nécessité de renoncer au régime politique bâtard instauré par la constitution de 2014, et conçu sur mesure pour le mouvement Ennahdha, et de se diriger vers un nouveau régime présidentiel, garantissant l’unité du pouvoir exécutif, et affranchissant le gouvernement de l’emprise des partis », a-t-il souligné.
« Ce changement ne pourrait se faire que par les méthodes pacifiques, dans le respect des législations et les instances en place, sinon il débouchera sur l’affrontement, la violence et l’effondrement de l’Etat », a-t-il prévenu.
Chebbi a appelé « à revenir au peuple, à travers un référendum, comme le prévoit l’article 3 de la constitution, étant donné que ce changement ne pourrait être opéré de l’intérieur du parlement, vu les équilibres en place ».
L’implication des forces de la société civile et politique, en dehors du conflit qui déchire les institutions de l’Etat, est devenue nécessaire, en vue d’imposer le droit au référendum, et consulter les citoyens sur la nécessité du changement, en prélude à des élections générales anticipées. A défaut, le changement perdra tout son sens, et deviendra partie intégrante du conflit des axes qui fait rage, et qui n’augure de rien de bon, a-t-il conclu.Â
Gnetnews