Tunisie : Pénurie, inflation, et un pouvoir d’achat en berne !

06-07-2022

Le pouvoir d’achat risque de baisser davantage avec la tendance haussière de l’inflation en Tunisie qui a atteint 8.1% en juin 2022, selon les données de l’Institut National de la Statistique (INS).  En effet, après les conséquences de la crise sanitaire sur l’économie du pays, l’envolée des prix, l’augmentation du taux de chômage, et la perte des emplois…Les Tunisiens témoignent d’une  aggravation de la crise économique, liée, entre autres, aux conséquences du conflit russo-ukrainien.

Pénurie du sucre et manque d’autres produits

Sucre, farine, huiles, riz…les consommateurs ont du mal à s’approvisionner en produits de première nécessité depuis la fin du mois de juin. A l’approche du Aid Al Idha (Aid el Kebir),  ce manque en produits alimentaires est de plus en plus en ressenti.

L’annonce faite par le ministère du Commerce du plafonnement des marges bénéficiaires de certains produits de consommation au niveau du gros et du détail, en concertation avec la profession, n’a pas, jusque-là, produit des effets concerts dans les rayons des super et hyper-marchés. 

L’office du commerce de Tunisie (OCT) a invoqué un problème avec les fournisseurs. Il assuré depuis vendredi 1er juillet 2022, que la pénurie du sucre sera dépassée dans les trois ou quatre prochains jours, et les quantités qui sont en cours de déchargement dans le port de Sfax couvriront environ 20 jours de consommation. Et pourtant, les rayons de sucre demeurent encore vides cette semaine. 

Que ce soit dans les magasins, hypermarchés ou encore au niveau des épiceries du coin, le sucre, le riz, la farine et les huiles sont soit introuvables, soit existants en petites quantités. D’où les restrictions imposées : un client n’a le droit qu’à un paquet de chaque produit. 

Une inflation aggravée par le contexte économique international

« Il y aura une baisse des prix des eaux minérales, des jus et des boissons gazeuses très sollicités durant la saison estivale. Les sardines/thon en conserve, les confitures, ainsi que les huiles végétales dont le prix a atteint les 31 DT, seront plus accessibles avant l’Aid. Les tarifs des liquides de vaisselle et de linge, ainsi que les shampoings et les gels douches connaitront une baisse également »,  a rassuré Houssem Eddine Touiti, directeur général de la concurrence et des enquêtes économiques au ministère du Commerce intervenu sur une radio privée ce matin. Selon lui cette inflation enregistrée sur le marché locale est liée au contexte économique international. 

Il a précisé que les prix des légumes et des fruits comme le poivron et le citron, très utilisés à la fête de l’Aid seront désormais contrôlés dans les grandes surfaces, avant le 11 juillet, date à laquelle un bon nombre d’hypermarchés et d’enseignes d’agroalimentaires ont annoncé des réductions, selon un communiqué publié par l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA)

 

Contrôle des prix : Des mesures insuffisantes selon les consommateurs

Pour plusieurs consommateurs, ces promotions occasionnelles, n’auront pas une importante répercussion sur leur budget alloué à la nourriture. « Dans chaque occasion, Ramadan, Aid, rentrée scolaire…Les autorités promettent des réductions minimes par rapport à ce qu’on dépense quotidiennement », a déploré un père de famille.

Ce dernier a évoqué les préparatifs de l’Aid, à commencer par l’achat du mouton qui coute en moyenne 600 DT. S’y ajoute les courses essentielles pour cette fête, dont la farine pour préparer le pain fait maison, le poivron pour les salades tunisiennes…Certains seront privés de ces célébrations traditionnelles, à cause du manque des moyens…D’autres n’auront même pas  de quoi payer le transport pour rejoindre leurs familles dans leurs villes d’origine. D’où des réductions de 0.500 DT ou moins, n’auront aucun impact sur la dure réalité confrontée par les consommateurs tunisiens au quotidien, déplore-t-il.

Nous avons aussi interrogé une mère de famille, Saida 56 ans, qui partage le même avis. « A l’approche de chaque occasion, nous prenons conscience de plus en plus que le pays souffre d’une crise économique aiguë. Pénuries, spéculation, cherté de la vie…Même les grandes occasions et festivités n’ont plus le même gout à cause de l’inflation. Pourvu que ces conditions soient temporaires, espère-t-elle.

Pour d’autres, ces mesures de contrôle concernant le plafonnement des marges bénéficiaires, ainsi que le contrôle du prix des fruits et légumes ont été annoncées trop tard, alors que les citoyens se sont déjà lancés dans les préparatifs de l’Aid Al Idha. C’est le cas de Maya, une jeune femme qui a choisi de ne pas attendre les réductions ou encore la réapparition du sucre, farine et riz dans les magasins pour compléter ses courses. « Malheureusement, les autorités se soucient  visiblement peu, de l’intérêt des citoyens, qui peinent déjà à finir le mois ».

E.B