Tunisie/ Produits cosmétiques : Les marques pullulent, les méfaits aussi !

22-08-2022

Un bon nombre de marques, de produits cosmétiques, sont apparus ces dernières années en Tunisie. Il s’agit d’enseignes locales dont une grande partie vend leur marchandise virtuellement, sur les réseaux sociaux. Crème de visage, crèmes éclaircissantes, amincissantes, solaires, lotion du corps, shampoings, gels douches hydratants…Autant de produits qui se vendent comme des petits pains, grâce à leurs bas prix, et d’autres méthodes de commercialisation. Témoignages des clients, des images des effets avant et après utilisation, des influenceuses qui utilisent leurs comptes pour convaincre la toile. Mais malgré leur succès, ces produits ne sont pas toujours inoffensifs pour la peau et l’organisme. Certains sont même dangereux, voire capables d’engendrer des dégâts irréversibles…Comment éviter l’arnaque ?

Pour découvrir les raisons derrière cette forte présence de ces produits sur les réseaux sociaux, nous avons fait appel à Dr.Oumaya Bh, pharmacienne qui occupe le poste de directeur médical dans un laboratoire pharmaceutique, multinationale.

D’après son expertise, la plupart de ces « marques » qui vendent leurs produits sur les réseaux sociaux ne disposent pas d’une autorisation de mise sur le marché AMM, qu’octroie la direction de la pharmacie et du médicament (DPM), qui contrôle les produits médicaux et paramédicaux. Ces enseignes généralement locales, ou qui proviennent parfois de petits laboratoires étrangers, ne sont pas autorisés de commercialiser leurs produits dans les pharmacies, parapharmacies, hypermarchés et magasins, sans label ou certification…Elles optent donc pour le e-commerce, via des sites ou des pages Facebook et Instagram où aucune loi n’est appliquée.

La pharmacienne a expliqué aussi les raisons derrière le « succès » de ces marques. « Outre le manque d’information et l’inconscience par rapport aux dangers des potentiels ingrédients de ces produits, leurs prix cassés et concurrentiels, ont donné la chance pour certains, d’accéder à ces produits de beauté souvent trop chers dans les gammes pharmaceutiques et parapharmaceutiques certifiées…Il y a aussi l’impact des publicités mensongères,  dont le contenu est appuyé par des influenceuses d’une grande popularité auprès des jeunes, capables de manipuler les foules…».

Comment bien choisir ses produits cosmétiques ?

Il faut d’abord se méfier des produits qui se vendent en ligne, dont on ne connait pas la provenance. « Le risque de tomber sur des produits périmés ou créés dans des pseudos laboratoires, sans aucune norme d’hygiène ou de qualité, y est élevé. Il faut donc se diriger vers des magasins spécialisés pour y trouver conseils auprès des experts. 

En effet, on ne s’attend pas à ce que les produits cosmétiques soient dangereux pour la santé, car ils sont censés être utilisés sans se poser trop de questions vu qu’ils sont légers. Pourtant, il y a des ingrédients qui sont des facteurs de risque pouvant causer des maladies.

Pour éviter l’irrémédiable, il faut se méfier tout d’abord du marketing. Les emballages mettent en valeur les attentes des consommateurs qui ont tendance à être influencés par les étiquettes affichant une composition chimique légère, où il y a les mentions « sans » tel ou tel ingrédient, comme le parabène, hypoallergéniques, testé sous contrôle dermatologique…Alors que ces slogans n’ont aucune valeur légalement.  

D’après la pharmacienne, ce qui compte réellement c’est la liste des ingrédients. « Les produits BIO sont les plus recommandés. Tant qu’ils sont certifiés, ils ne contiennent pas des produits chimiques. Car les cahiers de charge des produits BIO interdisent l’utilisation du phénoxyéthanol par exemple, utilisé comme fixateur de parfum, stabilisant et antibactérien. Par contre en terme de formulation, rien n’est sûr », a-t-elle averti.

Elle a ajouté qu’on peut trouver une huile en supermarché BIO, notée à l’huile de coco, mais sur la liste des ingrédients, cette composante est affichée en fin de composition, donc en toute petite quantité. Il faut donc regarder la liste des ingrédients, qui sont classés par ordre de quantité. Le premier ingrédient c’est celui qui en plus grande concentration et le dernier en la moindre…Le consommateur doit donc regarder les 4 voire 5 premiers composants.

Il y a aussi des ingrédients toxiques, comme les sels minéraux, qui sont à éviter vu qu’ils bouchent les canaux de la peau. Ces composantes sont utilisées dans les déodorants et parfois dans les gels douche, ils empêchent la transpiration, donc une partie de la sueur est bloquée dans le corps. « On en trouve dans les cellules cancéreuses, près du sein », dévoile-t-elle.

Le phénoxyéthanol, est aussi un ingrédient toxique à éviter. Il est présent dans un tiers des produits de base utilisés. Le sulfate aussi est agressif surtout quand il est accompagné de conservateurs dans la composition du produit, qui sont des perturbateurs endocriniens ou des allergisants. Combinés ensemble, ils peuvent créer un terrain fertile à même de s’introduire dans le corps plus facilement…

Pour conclure, le docteur en pharmacie a rappelé que les femmes sont les plus exposées à ces ingrédients toxiques via les injonctions à se coiffer, à se maquiller…Après des utilisations répétitives et quotidiennes, il y aura un cumul d’un important résidu de ces composants nocifs retenus par le corps.  « Entre gel douche, shampoing, dentifrice, démêlant, crème de jour, crème de soin, on en vient à des cumuls impressionnants. Les hommes en revanche, y sont moins exposés en termes de cosmétique. Mais au final, sur une base quotidienne, tous les deux utilisent tous les jours des produits qu’ils identifient pas en tant que potentiellement dangereux pour la santé ». 

E.B