Tunisie : Rached Ghannouchi revient sur ses désaccords avec Kaïs Saïed

09-06-2020

Le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, a déclaré lundi soir sur Nesma, que la plénière du mercredi 3 juin, sur le projet de motion du PDL autour du rejet de l’ingérence étrangère en Libye, était « distinguée et un apprentissage démocratique rare dans le monde arabe ».

La plénière portait l’intitulé du questionnement mais en réalité c’était une séance de dialogue sur une affaire importante, la diplomatie parlementaire et la communication téléphonique avec le chef du gouvernement d’union nationale, Faez el-Sarraj, a-t-il dit. « Il est vrai que des chaînes du Golfe ont retransmis cette plénière en direct et mettaient à nu l’expérience tunisienne et les disputes des Tunisiens, mais cette séance plénière était en réalité un honneur pour la Tunisie », a-t-il considéré.

Le président d’Ennahdha, a par ailleurs, souligné, que l’intérêt de la Tunisie est la valeur suprême à laquelle l’on se réfère, signalant que sa communication téléphonique avec Faez Sarraj était protocolaire et ne nécessitait pas une controverse d’une telle ampleur.

Il a estimé que « cette communication pouvait servir l’intérêt de la Tunisie, d’autant que ceux-ci sont des vainqueurs et que la Tunisie a de grands intérêts en Libye ». « La communication téléphonique sert les commerçants, les hôteliers, les agriculteurs, nous sommes le premier pays qui a des relations avec la Libye, mais celui qui gouverne la Libye est une affaire des Libyens », a-t-il déclaré, ajoutant « celui qui gouverne, à ce jour, Tripoli et représente la légalité internationale est Sarraj, pourquoi on ne pas traiter avec lui ? »

« Cette communication téléphonique n’était pas en dehors du contexte national et ne requerrait pas un tel grand cri, » a-t-il dit, réitérant qu’elle « pourrait servir demain de visa pour les agriculteurs, les commerçants, et les hommes d’affaires tunisiens ».

Ghannouchi a considéré que « ceux qui propagent l’image de dispute seulement au sein du parlement, sont les ennemis de la révolution », signalant que le président de la république, s’il a adressé des critiques à l’Assemblée, il l’a fait dans le cadre d’un pouvoir et d’une constitution dont il est le premier responsable de l’application.

Le parlement est le pouvoir constitutif dans le pays et le chef de l’Etat ne peut procéder à l’incitation à son encontre ou appelé à sa dissolution, a-t-il indiqué.

Sur sa relation avec le président de la république, Rached Ghannouchi a affirmé que « la Tunisie était gérée depuis des centaines d’années avec un régime hyper-centralisé, jusqu’à ce que la révolution soit intervenue et a réparti le régime entre des centres à Tunis, et puis dans les régions à travers le pouvoir local. Il est tout à fait naturel qu’il y ait des problèmes sur la manière de gérer l’Etat face à ce nouveau régime et la multiplicité des pouvoirs ».

Gnetnews