Tunisie : Rached Ghannouchi prêt à démissionner et appelle le président au « calme »

09-11-2021

Le président d’Ennahdha et président de l’Assemblée des représentants du peuple, dont les travaux sont suspendus, Rached Ghannouchi a exprimé ses dispositions à démissionner de la présidence de l’Assemblée, si le règlement de la crise politique est tributaire de sa démission.

Dans un entretien avec le Journal Assabah, dans son édition de ce mardi 09 novembre, il a indiqué : « si la solution est dans ma démission, je ne tarderai pas à l’annoncer et je me retirerai de la présidence de l’Assemblée…la fonction est passagère et je ne suis pas né président du parlement ».

Il a, néanmoins, fait constater : « Pourquoi voudraient-ils que le président de l’Assemblée se rétracte, sans les autres positions de souveraineté, la conscience démocratique la plus élementaire repose sur le refus de ce modèle procédural qui appartient au monde du despotisme », a-t-il souligné, en allusion au décret-loi n’117.

Ghannouchi a considéré que la Tunisie est devant un dilemme : « soit le président revient sur ses exceptions, soit c’est la poursuite de la crise, qui sera tranchée par l’équilibre des forces lors d’élections anticipées ».

Il s’est dit fermement convaincu que « le peuple tunisien n’allait pas revenir sur ses acquis démocratiques, c’est ce que tout le monde devra comprendre ».

Rached Ghannouchi a encore souligné que Hichem Méchichi l’avait informé, le 25 juillet, lors d’une communication téléphonique à l’issue de la réunion qui s’est tenu à Carthage, « avoir été humilié ».

Le président du parlement suspendu a, par ailleurs, estimé qu’ »une grande partie de la rue politique n’a pas accepté les mesures du 25 juillet, malgré l’influence des médias, et de la contrerévolution, qui focalisent, en permanence, sur le fait que les partisans du président de la république, forment une majorité ». Il considère que « la scène est divisée et a besoin d’un discours qui unit les Tunisiens, et développe le capital de l’unité nationale, maintenant que l’on entend un discours clivant, qui qualifie une large partie du peuple et des opposants par des qualificatifs animaliers, et comme traitres et ennemis, jusqu’à arriver au discours d’incitation et d’assainissement, et à l’appel à la guerre civile ».

Selon ses dires, « le génie est de maitriser l’art de coexistence sur la base de la citoyenneté et de la constitution, personne n’exclut l’autre. La démocratie ne peut atteindre un point de stabilité dans un pays donné, sauf si les enfants du peuple échangent la reconnaissance, c’est-à-dire que chacun de nous reconnait l’autre qui est différent sur les plans politique et idéologique, mais hélas, le discours du président est un discours d’exclusion…c’est pour cela, nous vous supplions du calme…du calme Monsieur le président ».(…)

Et de poursuivre à l’adresse du chef de l’Etat : « Votre devoir est de rassurer le peuple, notamment, vos opposants, de les traiter, en tant que citoyens, en étant le président de tous, la volonté du peuple est multiple et personne n’est en mesure de l’incarner à lui seul ».

Gnetnews