La Tunisie s’achemine vers le précipice, « le peuple va payer la facture » (Taboubi)

17-03-2022

Le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a appelé ce jeudi 17 Mars, le président de la république, Kaïs Saïed, à donner sa vision sur la compensation et sur les réformes qu’il compte engager.

« En tant que symbole du pouvoir, le chef de l’Etat devra décliner ses choix, et dire où il compte mener la Tunisie ».

Intervenu à l’ouverture du congrès régional du travail de Kébili, Taboubi a déclaré en préambule : « Après le 25 juillet, notre désaccord est profond et substantiel avec le pouvoir actuel », signalant que « la centrale syndicale est du côté des pauvres, démunis, opprimés et des marginalisés ».

« Ce n’est pas nous qui sommes à l’origine des crises, celui qui gouverne et concentre tous les pouvoirs, qu’il en assume la responsabilité, mais nous n’allons pas rester des spectateurs, alors que le pays s’achemine vers le précipice ».

Il a indiqué que « la Tunisie en est à un virage dangereux, et l’UGTT ne va pas garder le silence sur l’atteinte aux libertés publique et privées, la liberté de manifestation pacifique, la liberté d’expression, l’indépendance de la justice ou l’atteinte aux instances constitutionnelles ».

Noureddine Taboubi a indiqué que l’UGTT a un rôle national et un rôle social, « le dernier congrès en a tracé la boussole dans tous les choix. »

La démocratie de la pauvreté et de la misère

Le chef de la centrale syndicale a adressé plusieurs messages au gouvernement actuel, rappelant les conventions signées dans les secteurs de la fonction publique et le secteur public, devant être mises en application.

Taboubi a réitéré avec un ton allusif l’opposition de la centrale syndicale aux réformes à mener, à l’instar de la levée de la subvention, et de l’allègement de la masse salariale.

La classe moyenne qui était un pilier de la société tunisienne s’est paupérisée, quelle démocratie va-t-on construire, celle de la pauvreté et la misère ?, s’est-il interrogé.

« C’est le peuple va payer la facture », a-t-il dit, s’interrogeant « pour qui les réformes seront-elles douloureuses. Quelque 75 % de la fiscalité est payée par les employés, avec des impôts retenus à la source, 20 % sont payés par les banques et les opérateurs Télécom, et 5 % sont payés par le reste ».

« L’UGTT ne va pas se taire et assumer la responsabilité de l’échec des politiques successives », a-t-il dit.
appelant tout le monde à l’autocritique et à se remettre en cause.

Noureddine Taboubi a pressé les forces démocratiques, nationales et civiles à parvenir à une issue, pour sortir le pays de l’impasse.

En réponse aux critiques accusant la centrale syndicale de faire la politique, il a rétorqué « oui nous faisons la politique. La centrale syndicale est une mosaïque et comprend plusieurs composantes politiques. Le tout est d’utiliser la maturité politique pour le mouvement syndical et les travailleurs, et non d’instrumentaliser l’UGTT à des fins politiques ».

Il a fait savoir que son organisation a séparé le politique du syndical lors du dernier congrès, celui qui est membre du bureau politique d’un parti n’a pas le droit d’être candidat à l’UGTT.

Gnetnews