Tunisie : Une fièvre acheteuse s’empare des Tunisiens, les rayons des magasins dévalisés

09-03-2022

A l’approche du mois de ramadan, un sentiment de panique a frappé les consommateurs tunisiens, concernant une éventuelle hausse de prix ou une pénurie des produits alimentaires de base, comme la farine, semoule, œufs, sucre, pâtes, riz, l’huile de tournesol…

« Le taux de vente des produits de base a doublé de 50%, en comparaison avec la même période de l’année écoulée, a indiqué le président de la chambre nationale des grandes surfaces. Et d’ajouter, que les produits de base exposés à la vente destinés à couvrir les besoins d’une semaine sont vendus pendant une matinée et en une demi-journée, déplorant ce phénomène d’hyper consommation.

Dans ce sens, Gnetnews s’est rendu dans quelques supermarchés de la capitale, pour faire un tour dans les rayons.

A 10h du matin, les présentoirs étaient déjà pris d’assaut. Pourtant, pour faire face à cette fièvre acheteuse, les hypermarchés ainsi que les épiciers du coin ont restreint et conditionné les achats : chacun a le droit à deux paquets au maximum, de chaque produit subventionné.

Mais rien ne semble arrêter cette frénésie, les clients craignent une rupture de stock de la denrée alimentaire, notamment durant le mois saint où le taux de consommation augmente habituellement. D’autres, qui ont décidé de remplir leur garde-manger un mois avant, par précaution, ont peur des conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur l’agriculture tunisienne.

Pour cette dame venue acheter deux paquets de pâtes du magasin, les informations relayées par les médias ont alimenté l’inquiétude des Tunisiens. Ils ont incessamment averti contre une perturbation des chaines d’approvisionnement et de l’incapacité de l’Etat à assurer les blés, céréales et oléagineux, à cause du contexte mondial actuel, dénonce-t-elle.

« Quand l’Etat n’arrive pas à garantir la sécurité alimentaire pour son peuple, il est légitime pour nous de faire de notre mieux pour pouvoir nourrir nos familles », nous confie-t-elle avec amertume.

En effet, à cause des conditions économiques fragilisées par les conséquences de la pandémie du Covid-19, la population serait incapable d’affronter une autre flambée des prix. « La vie est déjà chère en Tunisie. Avec les prix actuels, nous essayons de dépenser aux moindres coûts, que dire si les tarifs augmenteront encore plus », déplore un client qui faisait la queue, pour obtenir un paquet de farine, chez un épicier du quartier.

Ayed, ce commerçant de la cité Ennasr, a repris ses habitudes pratiquées lors de la pandémie. Il a caché la farine en stock, pour fournir seulement les clients fidèles et les habitants du quartier, avec le tarif habituel.

« Cette méthode vise à rationaliser la consommation, car ce fut une période où les clients tentaient de cumuler les paquets de semoule et farine, sans laisser rien aux autres. En vendant ces produits à l’unité, je ne risque pas la pénurie, surtout que les fournisseurs ont du mal à nous fournir », nous dévoile-t-il.  

L’épicier nous a ajouté que les clients sont mécontents de ces nouvelles conditions. Certains tentent aussi de détourner ces restrictions, en ramenant leurs familles entières, voisins et cousins pour pouvoir acheter chacun de son côté, le plus de produits possibles, dénonce-t-il.

Problème de crédibilité  

 Les autorités ne cessent de rassurer sur la disponibilité des produits en quantité suffisante pour couvrir les besoins, particulièrement pendant le mois de Ramadan.

Elles appellent aussi à la rationalisation de la consommation.

Le ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche a confirmé vendredi dernier, que les stocks actuels en céréales couvrent les besoins du pays jusqu’à 22 juin.

Le ministère des finances a indiqué aussi que les opérations de distribution ont retrouvé un niveau normal soit 5 000 tonnes de semoule et farine, 120 tonnes de riz et près de 3 000 tonnes de sucre, le tout distribué quotidiennement.

Concernant les autres produits, la Chambre nationale du commerce en détail des volailles a confirmé ce matin, sur les ondes de Mosaique Fm que les prix de la viande et de poulet varieront entre 6.400 et 7.800 dinars d’ici le mois de ramadan.

Quant aux prix des œufs, ils demeurent inchangés (1.1 dt les 4 œufs), et ne risquent pas la pénurie a assuré le président de la chambre. Les quantités sont disponibles et répondent à demande existante assure-t-il, en appelant à rationaliser la consommation.

Les autorités concernées  disent aussi lutter contre la spéculation et la hausse illicite des prix…Ce sujet revient souvent dans le discours de Kaïs Saïed. Le président de la république a promis la nuit d’hier, depuis le siège du ministère de l’Intérieur, de frapper fort sur les mains des spéculateurs par la force de la loi, annonçant la parution prochaine d’un décret-loi à ce sujet.

Emna Bhira