Une étude sur le poids réel du tourisme dans l’économie tunisienne (Vidéo)

18-06-2019

Evaluer de façon précise le poids du tourisme dans l’économie tunisienne. C’était le but de l’étude faite à la demande de la Fédération Tunisienne du Tourisme (FTH) par le bureau d’études KPMG et présentée ce mardi 18 juin au siège de UTICA à Tunis.

La plus forte croissance de la contribution directe du tourisme au PIB en Afrique du Nord a été enregistrée en Tunisie avec une augmentation de 4.2% en 2018. C’est dire l’importance de ce secteur dans l’économie nationale.

« Il était important de repositionner le secteur touristique par rapport à la véritable place qui lui revient », a insisté le président de la FTH, Khaled Fakhfakh.

D’après Safouane Ben Aissa, directeur des études à KPMG, « les chiffres de la part du tourisme dans le PIB tunisien seraient calculés de la mauvaise manière. Ce qui mène à une sous-estimation du taux ». En effet, si l’Institut National de la Statistique annonce un chiffre de 4%, pour le bureau d’étude il s’agirait en réalité de 14.2% pour 2019. KPMG s’est basé sur les standards internationaux mis en place par l’Organisation Mondial du Tourisme pour aboutir à ce chiffre.

L’INS réalise des calculs sur la contribution seule des HO-RE-CA (Hôtels, Restaurants, Café), ce qui met sur la touche les autres composantes commerciales qui gravitent autour du secteur touristique, qui constituent eux-aussi une large part des recettes. Ainsi, aux méthodes de calculs ont été ajoutés principalement : les agences de voyages, les transports et le commerce de détail. Il s’agit de ce que l’on appelle le CST (Compte Satellite du Tourisme).

100.000 emplois directs
L’activité touristique fait vivre de nombreuses familles en Tunisie. Ainsi, on estime que 9.4% de la population active travaille dans ce secteur. Toujours d’après l’étude réalisée par KPMG, il y a 100.000 emplois directs (activités liées directement au tourisme) et 289.000 emplois indirects (activités satellites du secteur).
Les recettes liées au tourisme sont, avec les exportations, un des pourvoyeurs d’entrée des devises dans le pays. Ainsi, en 2018, le taux de couverture du déficit commercial par les recettes touristiques a atteint les
21.1 %.

Toujours d’après les chiffre du bureau d’étude KPMG, en 2017 l’investissement touristique a été multiplié par deux par rapport à 2015 pour atteindre 447.2 millions de dinars.

Une preuve que la Tunisie a réussi à se relever des crises de 2011 (post-révolution) et surtout de 2015, année sanglante marquée par les attentats terroristes.

Suite à cette étude KPMG a réalisé plusieurs recommandations afin de favoriser le développement du tourisme en Tunisie. Parmi elle, la mise en valeur du patrimoine culturel du pays, promouvoir la diversification du produit touristique (tourisme alternatif) et développer le tourisme régional.

A noter que 9 millions de touristes sont attendus en 2019 en Tunisie.

Chahed propose une baisse de l’offre de Tunisair
La présentation de cette étude a été faite en présence Youssef Chahed. Pas d’annonce spectaculaire concernant le tourisme en Tunisie. Le Chef du Gouvernement est revenu sur la situation délétère de la compagnie aérienne nationale Tunisair, suite aux retards systématiques de ses vols. Conscient de cette faiblesse, Chahed a annoncé une baisse des offres de la compagnie. « Je préfère qu’il y ait moins de vols à l’heure, que beaucoup de vols en retard », à-t-il lancé. Autre sujet important, celui de l’Open Sky.

Le locataire de la Kasbah a lancé la balle à l’Union Européenne. « De notre côté, nous sommes prêts, nous avons signé les accords. Maintenant c’est à l’Europe de nous donner son feu vert ». En effet, suite au BREXIT, l’UE est dans l’obligation de limiter son espace aérien.

Autre invité, René Trabelsi, Ministre du Tourisme. Selon lui, le tourisme de masse doit rester la priorité pour le développement du secteur. « Nous devons améliorer la qualité des grands hôtels de masse pour attirer davantage de touristes ».

Pourtant, les besoins et les goûts des consommateurs changent. En effet, la tendance du tourisme dit « alternatif » (maison d’hôtes, gites, tourisme écologique…) semble prendre de plus en plus de place dans le tourisme mondial. Ce business model pourrait constituer une manne financière en plus pour le secteur touristique en Tunisie et créer davantage d’emplois, surtout dans les régions de l’intérieur.

Wissal Ayadi