19 ans après son décès, le legs de Bourguiba toujours inégalé

06-04-2019

Cela fait 19 ans, le 06 avril 2000, que Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante, s’est éteint.

Hérault du mouvement national, « père de l’indépendance » et bâtisseur de l’Etat moderne, son souvenir évoque à la fois gratitude et reproche. Signe du paradoxe et de la singularité de ce personnage dont l’œuvre est encore source d’inspiration.

Par conviction, ou par opportunisme, de nombreux partis de la période post révolutionnaire se prévalent de l’héritage bourguibiste, et s’autoproclament comme les continuateurs du mouvement réformateur qu’il a amorcé, mais qui reste jusque-là inachevé.

Discours d’anthologie
Rendre hommage au leader défunt, c’est se rappeler les avancées qu’il a rendues possibles au lendemain de la décolonisation, en matière d’éducation de masse, d’émancipation de la femme, et de lutte contre les archaïsmes sociaux qui enchainaient alors ce jeune État indépendant.

C’est aussi se remémorer ses positions visionnaires, et ses discours d’anthologie sur les affaires régionales et internationales, notamment sur la cause palestinienne où il prônait d’emblée la politique des étapes, face aux revendications d’un panarabisme alors triomphant, du tout ou rien.

Critiquer son règne, revient à lui reprocher son culte de la personnalité, et son manque d’ouverture, pour avoir empêché tout souffle libérateur et toute démocratisation,  érigé l’autocratie et l’autoritarisme en système de gouvernance, et instauré la présidence à vie.

Son bilan économique est-il aussi au centre de toutes les critiques, Bourguiba n’a pas gagné la bataille du développement, ses politiques ont été à l’origine des disparités régionales dont le pays souffre grandement 63ans après l’indépendance. Il n’a pas en effet réussi « à arrimer la Tunisie à la locomotive des pays avancés », comme il n’avait de cesse d’en appeler de ses vœux.

Quoiqu’il en soit, celui qu’on appelait le « combattant suprême » est une icône de l’histoire nationale contemporaine ; son legs avec ses bienfaits et ses méfaits reste inégalé, face à l’indigence politique que l’on vit jusqu’à cette année 2019, et 8 ans, après un mouvement révolutionnaire qui n’a pas encore enfanté une personnalité politique, de son charisme et sa stature.

La Rédaction