Tunisie/ Carte scolaire : Aberrations et inégalités sources de surcoût pour l’Etat

02-11-2019

  « Des élèves participants au concours d’admission au collège pilote durant l’année scolaire 2018-2019, n’ont pas obtenu, dans leur écrasante majorité (90 %) la moyenne en math. Plus de la moitié des candidats n’ont pas obtenu la moyenne dans les langues française et  arabe ».

C’étaient les chiffres révélés lors  d’une conférence de presse organisée par le ministère de l’éducation hier, vendredi le 1er novembre, consacrée aux « réalités de la carte scolaire et ses perspectives : problématiques, défaillances et stratégies futures ».

 Ces statistiques révélées par la direction des statistiques ont montré aussi qu’il existe des écoles dans des zones les plus reculées du pays, qui accueillent moins de cinq élèves chaque année.

C’est le cas de l’école Ettalla du gouvernorat de Béja,  de Oued Souilia de Gabes, et de Taamir à Tozeur…

Ces établissements proposent 3 classes au maximum, dédiées à des enfants qui proviennent généralement de la même famille, et qui parcourent de longues distances pour assister aux cours, a expliqué le directeur du département des statistiques au ministère de l’éducation.

« Par ailleurs, ces enfants abandonnent rapidement l’école, à cause des conditions déplorables qu’ils subissent pour étudier. »

Quant aux écoles fréquentées par moins de 100 élèves,  elles ne représentent que 29% du total des établissements scolaires en Tunisie. En revanche, la plupart des établissements primaires souffrent d’un encombrement qui atteindra son apogée en 2032, selon les statistiques.

Des écoles fréquentés par moins de 5 élèves
« A cause des changements démographiques, et l’explosion du taux des naissances, ces mêmes établissements dont 54% ont été bâtis avant 1980, vont accueillir  chaque année,  50 000 élèves de plus, d’ici 12 ans.

Concernant cette rentrée scolaire (2019-2020), quelques 1 177 673 élèves, se sont inscrits dans les écoles primaires, collèges et lycées publics.

Actuellement, 60% des  écoles primaires publiques en Tunisie, dont le nombre est de   4587, sont implantées dans des régions rurales. Bâties également avant 1980, leur état déplorable…

Par ailleurs, 12% du total des écoles comptent moins de 50 élèves (par an). C’est le cas pour 550 établissements, où enseignent 3285 professeurs, dont 1030 sont des vacataires.

Ce déséquilibre entre nombre d’enseignants et élèves ne fait qu’alourdir les dépenses du ministère de l’éducation, a souligné le directeur du département des statistiques.

« Il existe des écoles primaires fréquentées par moins de 5 élèves. Il faudra réunir ces élèves dans une même école, et y adopter par la même occasion le système des groupes, qui consiste à donner un cours  dans un même espace, et par le même professeur à des écoliers de niveaux différents… »

Concernant les lycées et les collèges publics, ils reçoivent chaque année 933 695 lycéens et collégiens, dans 1517 établissements, dont 16% ont été bâtis avant 1980 également.

« Nabeul est le gouvernorat qui souffre le plus d’encombrement, il s’en suit les établissements scolaires de l’Ariana et Ben Arous, ayant une surcharge qui augmente chaque année ».

 Quant aux collèges techniques, ils accueillent plus de 10 000 élèves, ce qui coute à l’Etat 4246 dinars, pour chaque écolier.

Cette surcharge a des conséquences négatives sur le rendement scolaire des élèves, surtout avec l’absence des salles de révision pour les élèves ayant des heures creuses.

Par ailleurs, les défaillances dans l’aménagement a conduit aussi à la propagation de la violence dans le milieu scolaire, à côté de l’absence des activités culturelles, sociales et sportives.

L’usage de la drogue en milieu scolaire
Le taux de l’utilisation de la drogue dans le milieu scolaire, a atteint les 9.2%, durant l’année 2019. Les statistiques ont montré également que la majorité des consommateurs sont issus de la classe moyenne ou d’un milieu aisé

La moitié de ces élèves qui ont sombré dans la drogue, ont déjà subi au moins une fois de la violence verbale et physique par leurs camarades. Ils se sont, pour la plupart, absentés plus d’une fois des cours…

La majorité atteinte par ce fléau n’entretient aucune activité extrascolaire dans leur temps libre (77.6%), et 8.9% ont pensé au suicide.

Concernant les vendeurs des produits stupéfiants, ils sévissent dans les zones de résidence de ces élèves, et   n’ont pas été repérés, jusqu’à maintenant, par les établissements scolaires.

Emna Bhira