Le protocole de prise en charge des patients du COVID-19 (Dr. Maha Hachicha)

24-03-2020

Dr. Maha Ben Moallem Hachicha, membre de la commission administrative du syndicat tunisien des médecins de libre pratique (STML), médecin généraliste et, spécialisée aussi en gériatrie, a développé lors d’une récente vidéo-conférence  les méthodes de précaution à appliquer par tous les médecins de libre pratique, ou encore ceux qui exercent dans les établissements publics, dans les officines et les laboratoires, afin de protéger les professionnels de la santé, leurs collaborateurs, et leurs patients de la contagion.

« Le STML recommande à tous les médecins de se protéger car ils sont en contact permanent avec des éventuels patients suspects COVID-19. D’ailleurs on a vu que dans toutes les zones de risque dans le monde, il existe des médecins qui sont décédés à cause de cette pandémie », a souligné Dr.Hachicha, lors de cette conférence intitulée « un point d’info COVID-19 ».

Parcours de la prise en charge du patient potentiellement atteint par le COVID-19
Dr. Hachicha a appelé à suivre les recommandations des instances officielles de la Santé, qui ont présenté à ce sujet des algorithmes, capables de diagnostiquer et prédire l’évolution de la maladie, et qui résument le parcours des patients potentiellement atteints.

«Pour le parcours du patient consultant en première ligne, dans le public ou le privé, le professionnel de la santé doit effectuer un tri initial, et puis mesurer la température du patient en lui posant un questionnaire».

Il s’agit d’une « anamèse poussée », une collecte d’informations utiles pour le diagnostic, à travers des questions sur l’historique du patient, séjour à l’étranger ou probabilité de contagion horizontale/ transversale. « L’anamnèse » retrace également les antécédents médicaux du patient pour pouvoir le classer après.

Dr. Hachicha a indiqué qu’il faut se protéger et protéger les collaborateurs si le cas est suspect, et le médecin effectuera l’examen clinique complet, en vérifiant l’existence d’une détresse respiratoire par la prise de la saturation pulsée en oxygène (SpO2) ».

« En cas de suspicion de Covid-19,  et si le patient présente une forme sévère ou grave des symptômes indiqués, le corps médical doit appeler le SAMU sur le 190, pour probablement l’hospitaliser. Le transfert du malade dans une zone d’isolement, accompagné par le médecin et l’infirmier, serait obligatoire. », a-t-elle ajouté.

D’autre part, s’il présente une forme légère des symptômes, une quarantaine à domicile et des conseils lui seront recommandés. 

Si l’anamnèse et la prise de température concluent à un cas non suspect COVID 19, le médecin effectue une consultation normale.

Circuit de la prise en charge d’un patient suspect d’infection COVID-19 dans un cabinet en ville

« Dans le cas d’un patient qui présente un syndrome respiratoire aigu, fébrile et marqué avec une dyspnée, il faut l’isoler tout de suite dans un local dédié et lui fournir un masque chirurgical. Quand il s’agit d’un cas suspect, les intervenants du personnel médical doivent porter un masque FFP2 également, gants, mettre une sur-blouse propre pour pourvoir évaluer le cas suspect ».

En parallèle, le médecin doit effectuer un prélèvement naso-pharyngé, s’il est formé et notifier immédiatement le patient au SHOCROOM (numéro vert 80 103 160) et à l’Ordre national des maladies nouvelles et émergentes (FAX : 71 894 512, email : alert.corona@ms.tn).

Dr. Hachicha a rappelé que « tout médecin qui veut apprendre le prélèvement naso-pharyngien, doit contacter le STML, qui va adresser par la suite la liste au  ministère de la santé. »

« Si l’examen s’avère positif, et si une présence de signes de gravité est constatée, le médecin doit se référer à la liste des établissements référents pour envoyer et hospitaliser le malade. En cas de détresse respiratoire aigüe, le malade doit être placé en réanimation. En cas d’absence de signes de gravité, le patient peut retourner à domicile. Il fait un auto-isolement chez lui, durant 14 jours. En cas d’aggravation des symptômes, il rappelle le médecin traitant ».

« Après chaque consultation, la désinfection est obligatoire pour le local d’isolement après évacuation du patient ».

Par ailleurs, Dr.Maha Moalla Hachicha, a insisté sur l’importance du port des masques chirurgicaux FFP2, en traitant les malades.

Les précautions à prendre dans les cabinets des médecins de libre pratique

Le membre de la commission adminsitrative du STML, et membre du bureau régional de la section de l’Ariana, a recommandé à tous les médecins de libre pratique à appliquer les mesures annoncées, pour protéger les collaborateurs et les former, notamment les secrétaires médicales, afin qu’elles puissent demander les bonnes questions aux patients à leur entrée aux cabinets.

« Le réaménagement des cabinets et la distanciation des sièges dans les salles d’attente, pour pourvoir désinfecter l’espace facilement, sont recommandés. L’objectif est d’éviter l’encombrement par les objets dans  la salle de consultation. Il faut aussi se débarrasser de la paperasse non nécessaire, éliminer les salons et canapés dans les salles d’attente et utiliser des chaises individuelles. Enfin, il faut opter pour une hygiène très spécifique ».

Au niveau du secrétariat, il faut faire un traçage sur le sol qui indique la distance de sécurité à respecter, entre la secrétaire médicale et le patient.

Le lavage des mains avec l’eau, savon et gel hydroalcoolique, est obligatoire pour les médecins, infirmiers, et assistants, et tous les professionnels de la santé, avant et après examen, et suite à chaque contact avec les autres.

Le STML insiste sur la prise de rendez-vous par téléphone. « Il ne faut pas garder plus de deux patients dans la salle d’attente. Pas d’accompagnant sauf nécessité ; en cas d’handicap, ou encore pour un enfant ou un bébé », a expliqué Dr.Hachicha.

Par ailleurs, il est conseillé de gérer les patients qui ont des maladies chroniques par renouvellement des ordonnances sans déplacement si possible  ou par des consultations à distance, et préconiser les visites à domicile si possible, après un tri des patients.

« Les médecins peuvent aussi utiliser la télémédecine, même si il n’y a pas de cadre juridique à cet égard également », a regretté Dr. Hachicha.

« Pour le moment, les médecins parlent d’un manque  important des masques chirurgicaux FFP2, du gel hydroalcoolique. Ils ont noté aussi que les lignes téléphoniques pour déclarer les cas suspects sont encombrées et demandent d’autres lignes dédiées aux professionnels de la santé. A cet égard, le STML demande des décisions courageuses, et surtout de surveiller leurs applications pour pouvoir vaincre le COVID 19», a conclu Dr Maha Ben Moallem Hachicha, le membre de la commission administrative du STML.

Emna Bhira