La Tunisie délaisse l’économie bleue, malgré un important potentiel
L’économie maritime génère pas moins de 1500 milliards de dollars par an dans le monde. Elle se classe au deuxième rang derrière l’agro-alimentaire qui avoisine les 2 000 milliards, loin devant les télécommunications (800 milliards) et l’aéronautique (620 milliards).
Avec plus de 1600km de côte et une superficie maritime d’environ 135.000m2, la mer pourrait constituer un levier exceptionnel pour la croissance de la Tunisie. Depuis plusieurs années, le pays s’est lancé dans le développement de l’économie bleue et durable. Il s’agit de l’équilibre entre développement économique, croissance et protection de l’environnement. Elle contribue notamment à une gestion rationnelle des ressources océaniques.
Initiative WestMed
La Tunisie a déjà réalisé en 2019 une étude stratégique sur ce secteur et plusieurs événements ont été organisés comme le Forum de la Mer à Bizerte, la Saison Bleue ou encore le MEDFISH4EVER.
Ce mardi à Tunis, s’est tenue une conférence concernant l’Initiative WestMed . Il s’agit d’un programme qui permet d’aider les instituions publiques, les institutions académiques, les collectivités locales ou encore les petites et moyennes entreprises des deux rives de la méditerranée occidentale afin de développer ensemble des projets maritimes locaux et régionaux. Ce dernier est le fruit d’une collaboration avec l’Union Européenne et la Banque Mondiale.
Ainsi 10 pays, dont la Tunisie font partie de l’initiative WestMed : Algérie, Espagne, France, Italie, Libye, Malte, Maroc, Mauritanie et Portugal. Trois objectifs sont visés. D’abord disposer d’un espace maritime plus sûr et mieux sécurisé, une économie bleue intelligente et plus résiliente et enfin une meilleure gouvernance maritime.Â
« L’objectif est de créer une politique maritime intégrée pour booster la croissance bleue qui peut encourager une douzaine d’activités. Parmi elles il y a l’aquaculture, les biotechnologies, le tourisme durable ou encore la construction navale », nous explique Salem Miladi, Directeur de l’initiative WestMed en Tunisie. « C’est une source d’emplois très qualifiés. Cela constitue donc une occasion pour la Tunisie de changer de modèle, parce que notre chômage est un chômage de diplômés du supérieur », ajoute-t-il.
Dernièrement, WestMed a permis la signature d’un partenariat entre un cluster maritime Italien et Tunisien
La pêche: secteur d’avenir
La Tunisie dispose d’une façade maritime importante. elle compte environ 1600 km de côte, 130 000 km2 de territoires marins entre mers intérieures, eaux territoriales et Zone de pêche exclusive et plus de 1000 km2 de lagunes. Ce territoire maritime équivaut à la moitié de la superficie terrestre du pays, ouvert aussi bien sur le bassin occidental de la Méditerranée qu’à son bassin oriental.
En Tunisie, la pêche a toujours constitué une activité d’une importance certaine. Ce secteur stratégique représente 8 % de la valeur de la production agricole et 1.1% du produit national brut et génère environ 51.000 emplois directs. Pourtant, la Tunisie pourrait faire mieux d’après Salem Miladi. « A Malte, seulement trois activités maritimes arrivent à générer 60% du PIB », souligne-t-il. Ce qui laisse une marge de manœuvre encore très importante à la Tunisie.
Autre secteur en pleine expansion, celui de l’aquaculture. Il représente environ 44% de la valeur marchande de la production Halieutique totale tunisienne et offre actuellement plus de 500 emplois directs et permanents.
Pollution
Le développement de l’économie bleue va de pair avec la protection de l’environnement.
Pour contribuer à réduire la contamination de la mer par les déchets, la Tunisie a mis en place un certain nombre d’initiatives visant à réduire la pollution du littoral. La dernière en date, celle de l’arrêt de la distribution de sacs en plastique dans les supermarchés. Ce procédé consiste à renforcer les sacs bioplastiques et à interdire les autres types de sacs à usage unique.
Par ailleurs, le ministère de l’Environnement s’est engagé dans un projet d’assainissement des eaux usées afin de protéger le milieu hydrique et de lutter contre toutes les sources de pollution qui atteignent inexorablement la mer. Aujourd’hui, en Tunisie 7 millions d’habitants sur environ 11 millions bénéficient de l’assainissement des eaux usées. La quantité des eaux traitées est de l’ordre de 300 millions de m3.
Autre facteur de pollution, l’industrie lourde. La plupart des grosses entreprises polluantes se trouvent sur le littoral ou au bord des lacs. La dépollution du lac de Bizerte, actuellement en cours, assurera l’amélioration de la qualité des eaux et de la vie aquatique ainsi que les conditions de vie de la population riveraine par la réduction de la pollution industrielle provenant des 3 usines les plus importantes de la région.
Le ministère de l’Environnement a également entrepris l’assainissement du Golfe de Monastir, qui à cause de la pollution s’est retrouvé face à une augmentation de la mortalité des poissons et une nuisance environnementale pour les riverains.
Pour autant, le sujet le plus sensible qui concerne la pollution reste celui du Golfe de Gabès. L’unique oasis maritime de la Méditerranée, qui constitue une réserve de biodiversité marine, richesse est aujourd’hui malheureusement laissée à l’abandon. Conséquence des rejets gazeux, solides et liquides dont le coût considérable touche plusieurs secteurs importants, à savoir le tourisme, la pêche et l’agriculture.
Le prochain évènement consacré à l’économie bleue sera la 3ème édition du Forum Mondial de la Mer – Bizerte qui se tiendra entièrement virtuellement le 15 juillet 2020, avec une particularité de taille : un Forum immersif permettant de se déplacer dans les espaces du Forum en 3D.
Wissal Ayadi
Je ne comprends pas le titre de cet article qui est à l’opposé du contenu, bizarre !!!!!
Il y’a une contradiction entre le titre de l’article et le contenu c’est bizarre ?