Chaine éducative : Les avis sont partagés sur son utilité, les cours particuliers restent mieux côtés

26-05-2021

Depuis plus d’un an, élèves et étudiants tunisiens sont confrontés à de nombreuses difficultés pour poursuivre leur parcours scolaire. Confinement, suspension des cours, école par alternance et par groupe… Ces derniers subissent à cause de la pandémie de Covid-19 un chamboulement sans précédent qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la réussite de leurs études.

Afin de pallier à ces problèmes, le ministère de l’Education a mis en place une chaîne éducative diffusée sur le bouquet de la chaîne nationale Watanya.

Des cours dans toutes les matières y sont proposés par des professeurs de l’enseignement public destinés aux élèves de la neuvième et du baccalauréat.

A la veille des examens nationaux, cette chaîne est-elle efficace ? A-t-elle des effets positifs sur les élèves ? Qu’en pense le corps enseignant ? Enquête.

C’est loin d’être une alternative efficace

La fin de l’année approche et les examens nationaux aussi. D’ailleurs, ce  mercredi 26 mai débutent les épreuves du baccalauréat blanc, une répétition générale en vue de l’examen final prévu du 16 au 23 juin prochain.

Depuis le 12 avril dernier, une nouvelle chaîne a vu le jour sur le bouquet de la chaîne nationale, ce après un premier essai, pas vraiment concluant en 2020.

Ainsi, des cours sont diffusés en continu toute la journée pour les candidats à la neuvième et au bac.

Afin de mesurer l’efficacité de cette chaine, nous avons entrepris un petit sondage téléphonique auprès d’un échantillon de 10 élèves passant les examens du bac cette année. Sur ces 10 candidats, seuls trois ont dit suivre plus ou moins les cours diffusés à la télévision.

Parmi eux il y a Sarra. Elle nous explique que c’est un complément non négligeable car l’année a été difficile pour elle. « Je regarde uniquement les matières dans lesquelles j’ai des difficultés comme les mathématiques ». Mais, rien ne vaut les cours en présentiel, a-t-elle avoué. 

Ceux qui ne suivent pas du tout la chaîne éducative, la majorité, justifient ce choix par le fait qu’ils assistent à des cours de soutien (études) donnés par leurs professeurs. C’est le cas de Talel. « Les cours particuliers sont bien plus efficaces que la chaîne éducative car l’enseignant prend le temps de nous expliquer les choses », affirme-t-il.

La chaîne éducative ne semble pas ainsi constituer une alternative efficace à la stratégie de dispenser des cours à distance. Le fait que les élèves privilégient les cours particuliers payants, aux cours gratuits diffusés à la télévision apparait ici comme un vecteur d’augmentation des inégalités au sein de l’éducation.

Accroissement des inégalités

Nous avons pris contact avec Mr Moez Cherif. Il est le président de l’Association de défense des droits de l’enfant. Très engagé pour l’accès égal à l’éducation pour tous les enfants tunisiens, il nous explique que la stratégie éducative menée par le gouvernement depuis le début de la pandémie est discriminatoire.

Dans un premier temps, il remet en cause le fait que durant la première vague en mars 2020, seuls les élèves passant les examens nationaux ont été invités à reprendre les cours au moment du dé-confinement.

« Les enfants des autres niveaux n’ont pas suivi de cours pendant 6 mois. Ainsi, à leur retour en septembre 2020, leur niveau était au plus bas et ce retard n’a pas été rattrapé jusqu’à aujourd’hui », nous dit-il.

Pour Cherif, les décisions prises en faveur du système éducatif montre que l’Etat n’en a pas fait une priorité dans la gestion de la crise du Covid-19 et qu’elles n’ont pas été décidées sur de réelle bases scientifiques. « Le faible taux de contamination chez les enfants ne peut pas être une justification à la fermeture répétée des écoles et à la mise en place de cours par alternance », ajoute-t-il.

Concernant la chaîne éducative, Moez Cherif considère qu’elle est un vecteur d’inégalité dans l’éducation. Il fustige le fait qu’elle soit encore une fois réservée aux élèves passant les examens nationaux mettant de côté tous les autres niveaux.

Les élèves ne reçoivent pas la chaîne éducative dans les même conditions. « Dans les familles aisées, il est possible de disposer d’un post de télévision uniquement dédié à l’élève qui pourra s’isoler et se concentrer et également recevoir un accompagnement de la part des parents. Dans d’autres familles, plus défavorisées et qui sont d’un niveau intellectuel plus bas, le foyer ne dispose que d’une seule télévision et les parents n’ont pas forcément le niveau d’éducation nécessaire pour encadrer leurs enfants », nous explique le président de l’Association de défense des droits de l’enfant.

Des enseignants pas convaincus

Montasser Ben Romdhane est enseignant dans le secondaire et secrétaire général du bureau de l’Ariana du syndicat de l’enseignement secondaire, relevant de l’UGTT.

Il souligne qu’aucun de ses élèves ne regarde les cours dispensés à la télévision. « La plupart des élèves n’ont pas le temps car  ils sont soit au lycée, soit en cours particulier ».

Une chaine éducative doit être complétée par une plateforme interactive de cours en ligne, recommande-t-il. « Il ne suffit pas de diffuser des cours en ligne et dire que cela comble les cours en présentiel ».

Il conclue néanmoins qu’il s’agit là d’un acquis non négligeable et que ça peut être le premier pas vers la démocratisation de l’enseignement en ligne, auquel nous devrons nous habituer dans les années à venir.

Wissal Ayadi

1 Auteurs du commentaire
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Elghak youssef

C’est tellement maladroit! Les exercices sont invisibles.l’espace est occupé par le prof qu’on ne devrait pas voir.tout devrait être noir sur blanc et utiliser le zoom.mais le caméraman oublie que C’est une leçon ou un exercice.