France : François Fillon condamné à un an de prison ferme

09-05-2022

AFP – L’ancien Premier ministre François Fillon a été condamné lundi en appel à quatre ans de prison, dont un an ferme, 375.000 euros d’amende et 10 ans d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs de son épouse Pénélope Fillon. Selon ses avocats, il se pourvoit en cassation.

Un temps parangon d' »exemplarité » au destin présidentiel, François Fillon, a vu son parcours exploser avec le « Penelopegate » où il a entraîné sa discrète épouse.

« J’ai entraîné ma famille dans une épreuve d’une violence inouïe et je n’ai aucune envie de les entraîner de nouveau dans cette violence », affirmait en janvier 2020 l’ancien Premier ministre de 68 ans lors d’un rare entretien sur France 2.

Voix posée, allure austère, François Fillon avait alors contesté chacune des accusations du Penelopegate, cette affaire d’emplois présumés fictifs qui a pris le nom de son épouse. Un comble pour celui qui affirmait fin 2016 que « la politique ne doit pas être mélangée à la vie privée ».

Dans ce dossier qui avait explosé en pleine campagne présidentielle du candidat de la droite en 2017, sa femme s’est vu infliger deux ans de prison avec sursis et 375.000 euros d’amende, son ancien suppléant Marc Joulaud trois ans de prison avec sursis.

De peines d’inéligibilité de deux ans et cinq ans ont en outre été prononcées à leur encontre.

Le couple et l’ancien suppléant ont enfin été condamnés à verser environ 800.000 euros à l’Assemblée nationale, partie civile.

A la barre lors du procès en appel du 15 au 30 novembre, dans une atmosphère bien moins électrique qu’au premier procès, le couple avait maintenu la même défense, identique depuis l’origine de cette affaire: le travail de Mme Fillon, « sur le terrain » dans la Sarthe, était certes « immatériel », mais bien « réel ».

« Je n’ai pas été un député fictif préoccupé essentiellement par l’argent », s’était insurgé François Fillon dans une déclaration liminaire, déplorant « quarante ans d’engagement (politique) effacés par un article d’un journal satirique et une enquête à charge ».

« Mon épouse a travaillé à mes côtés, c’est incontestable », avait-il assuré.

Les prévenus, absents lors du prononcé de la décision en début d’après-midi à la cour d’appel de Paris, ont la possibilité de se pourvoir en cassation.

La peine de prison ferme infligée à M. Fillon est aménageable: s’il ne forme pas de recours, il sera convoqué devant un juge d’application des peines qui peut décider, par exemple, du port d’un bracelet électronique.

Ces condamnations pour détournement de fonds publics, complicité d’abus de biens sociaux et recel de ces deux délits notamment, sont plus légères que celles prononcées en première instance, le 29 juin 2020.

La cour d’appel a en effet relaxé les époux Fillon concernant le premier des trois contrats litigieux d’assistante parlementaire de Penelope Fillon, entre 1998 et 2002, « au bénéfice du doute ».

La juridiction d’appel a en revanche confirmé la culpabilité des prévenus concernant le contrat entre Mme Fillon et Marc Joulaud entre 2002 et 2007, ainsi que pour le contrat entre les époux en 2012-2013.

De même, le contrat de « conseillère littéraire » de la Franco-Galloise à la Revue des deux mondes a été jugé « fictif ».

Penelope Fillon aurait perçu plus de un million d’euros pour les emplois d’assistante parlementaire au coeur du dossier. Cette discrète Franco-galloise de 66 ans, à l’allure classique, s’est toujours présentée en mère fière d’avoir élevé cinq enfants, une « paysanne » discrète, amatrice de jardinage et d’équitation, « de nature réservée et peu mondaine ».

Emplois présumés fictifs de leurs deux aînés, prêt de 50.000 euros non déclaré d’un ami, deux costumes de luxe offerts par un autre… la succession de révélations, début 2017, stoppe net l’ascension de M. Fillon vers l’Elysée, qui semblait pourtant écrite après cinq ans de présidence Hollande.

La formule assassine qu’il avait employée contre Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite – « qui imagine de Gaulle mis en examen? » – lui revient alors comme un boomerang.