Fruits secs : Malgré la cherté, les Tunisiens ne s’en privent pas (Reportage)

Les fruits secs, cet ingrédient essentiel aux desserts tunisiens traditionnels, sont de plus en plus sollicités durant le mois saint notamment à l’approche de l’Aïd.
Bien que l’affluence des clients soit en baisse cette année, à cause de la flambée des prix, la régression du pouvoir d’achat, et la persistance de la crise économique…Les Tunisiens tentent de garder leurs habitudes culinaires, chacun selon ses moyens et ses besoins…
En effet, lors d’un repas bien garni consommé après de longues heures d’abstinence, d’après la tradition, place aux desserts ramadanesques, tels que la crème de noisettes (Bouza ou Balwza), la « Madmouja » aux amandes, Zriga aux fruits secs moulus, ou encore le gâteau de biscuits aux pistaches, tous accompagnés d’un thé aux pignons…
Ces habitudes culinaires tunisiennes sont en train de s’estomper avec la cherté de ces produits. Avec le kilogramme de noisettes qui s’élève à 36 dinars, les noix à 55 dt/kg, les pistaches à 75dt/kg, le pignon 150dt/kg, et les amandes 52dt/kg, les Tunisiens optent pour les petites quantités, sans parler de ceux qui ne peuvent plus se permettre ces dépenses facultatives…
En effet, c’est ce que nous ont confirmés des consommateurs rencontrés dans une boutique spécialisée dans la vente des fruits secs, qui vient d’ouvrir dans un quartier huppé de la capitale…
D’après cette dame qui était en train de comparer les prix, cette année les dépenses durant le ramadan étaient plus élevées que d’habitude, malgré le couvre-feu décrété à 19h, ayant annulé les visites, les invitations au diner, et les soirées nocturnes que ce soit dans les cafés ou en famille…
Concernant les prix des fruits secs, cette mère de trois enfants, nous a confié que les desserts traditionnels se font de plus en rares sur sa table.
« Avec l’apparition du Coronavirus, nous essayons de manger plus sain pour renforcer notre immunité. Donc on mange moins sucré, en optant pour des aliments naturels non transformés…Pour les fruits secs, je les utilise souvent dans les plats du Shour pas très couteux comme « le Masfouf » (semoule aux raisins secs), Bessissa, Refissa, crème de sorgho (Drôo)… », nous indique-t-elle.
Nous avons aussi rencontré une autre jeune femme d’une trentaine d’années, qui était en train d’acheter des pâtes phyllo pour la préparation des « Baklawas ».
Selon cette passionnée de cuisine, le confinement dernier a eu un grand impact sur ses habitudes culinaires.
« Avant l’apparition du Coronavirus, nous achetions souvent les gâteaux de l’Aïd des magasins comme le font la plupart des Tunisiens. Mais maintenant les circonstances ont changé. Pour éviter l’encombrement dans les boutiques, et afin de garantir une hygiène sans faille pour mes proches, j’ai décidé de faire moi-même les gâteaux de l’Aïd. C’est passionnant, ça revient moins cher, et c’est une occasion pour revenir à nos traditions d’antan… ».
Gnetnews s’est aussi rendu dans une autre boutique qui vend les épices, et les produits de pâtisserie, dans une région plus populaire de Tunis.
A midi, les rayons de fruits secs, d’arômes, et de décoration gâteau étaient vides. La plupart des clients semblaient concentrés sur les étals des feuilles de briks, variantes, et légumineuses…Ils font leurs dernières courses le jour au jour, d’après le vendeur.
« Pour les habitants de ce quartier, il est encore tôt de penser aux gâteaux de l’Aid. La priorité est aux vêtements des enfants en ce moment. Les adultes quant à eux, ils se feront plaisir après, en optant pour le minimum…».
Emna Bhira