Grand-Tunis : La situation chaotique dans les hôpitaux, face à la nonchalance des citoyens…

06-07-2021

Des hôpitaux saturés, des cas en forte hausse, le Grand-Tunis connait depuis quelques semaines un rebond pandémique.

Conséquence, depuis le 1er juillet les déplacements de et vers ce district de quatre gouvernorats sont interdits, le couvre-feu démarre désormais à 20h au lieu de 22h (jusqu’à 5h du matin), les hammams, salles de fête, de sport, de jeux et de conférences sont fermées, la capacité d’accueil dans les centres commerciaux et les restaurants touristiques est limitée à 30%, ainsi que les prières à la mosquée, les manifestations culturelles, scientifiques et sportives sont suspendues jusqu’au 15 juillet, avec la levée des chaises dans les cafés et l’interdiction des narguilés.

En effet, avec une incidence de plus en plus forte, et un taux de positivité des analyses  de 25 % à Tunis ; 36,4 % à Ben Arous ; 23,7 % à l’Ariana ; et 46,4 % à la Manouba, au cours des dernières 24 heures, selon les derniers chiffres du ministère de la santé, et des hôpitaux saturés, le corps médical a lancé un cri d’alarme et appelé les citoyens à plus de vigilance.

Ces avertissements ainsi que le renforcement des mesures restrictives, ne semblent pas avoir convaincu les habitants du Grand-Tunis.

D’après des photos et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux durant le weekend dernier, les plages de la banlieue nord étaient surpeuplées dès le petit matin. Dans les plages privées des hôtels, les jeunes étaient regroupés pour faire la fête au bord de la mer, d’après des vidéos partagées.  Sans parler des autoroutes vers Bizerte et Hammamet qui regorgeaient de voitures, malgré l’interdiction des déplacements et le refoulement automatique des gens avec adresse à Tunis au péage de Mornag.

Entre temps, la situation dans les hôpitaux ne cesse pas de se dégrader.

Une vidéo choquante traduisant l’état sanitaire des malades covid-19 à l’hôpital Charles Nicolle a été diffusée le week-end dernier. Les images ont montré une salle de réanimation saturée par une cinquantaine de malades de toutes les tranches d’âge alités l’un près de l’autre, et qui partageaient parfois le même lit. Certains n’avaient même pas de couverture, d’autres patients sous concentrateur d’oxygène, étaient endormis sur le sol, livrés à eux-mêmes.

Commentant cette vidéo, Dr.Rim Hamed, chef de service des urgences à l’hôpital Charles Nicolle a indiqué que le taux d’occupation maximale du service est dépassé depuis deux semaines, et ceci est le cas dans la plupart des établissements de la santé publique.

«  A Charles Nicolle, la capacité d’accueil en réanimation a atteint les 200%. Dans 4 lits de réanimation, il y a actuellement 16 patients covid, qui partagent cette même salle, en plus d’une vingtaine de lits avec concentrateurs, qui sont partagés par environ 57 malades ».

  « Toutes les ressources d’oxygène sont épuisées dans cet hôpital. Certains ambulanciers font le tour des hôpitaux pendant des heures à la recherche d’un lit de réanimation, mais en vain, ils sont quasiment tous saturés. Dans notre cas, nous avons dû rajouter 100 lits de réanimation, à part la centaine de lits déjà existants pour pouvoir gérer les malades qui affluent dans le service d’urgence ».

En parlant du nombre des personnes positives qui affluent quotidiennement dans cet hôpital, Dr. Rim Hamed a évoqué une moyenne de 200 cas par jour, dont 80 qui sont retenus pour une prise en charge à l’hôpital. Quant aux patients avec de légers symptômes, ils sont renvoyés chez eux avec un traitement à domicile, précise-t-elle.

D’après Dr.Rim Hamed, cette situation a impacté gravement le moral du corps médical, n’ayant pas suffisamment d’outils les plus basiques de protection et d’hygiène.

« Heureusement que nous avons reçu l’aide de la société civile qui nous a fourni du savon, des gants et des masques, en plus de 5 concentrateurs d’oxygène », a-t-elle ajouté.

En parlant des causes derrière ce pic pandémique, Dr.Hamed a précisé qu’il s’agit sans doute du résultat des 3 semaines précédentes, de circulation sans masque ni distanciation sociale, et des regroupements dans les mariages, les fêtes…

Les gens continuent à vivre dans un monde parallèle, pourtant la situation est catastrophique, lance-t-elle, en soulignant que le comportement des citoyens est responsable de la détérioration de la situation. « S’il n’y aura pas une prise de conscience, nous serons face une catastrophe sanitaire sans précédent dans quelque temps », a-t-elle averti.

Face à l’absence d’application des recommandations du comité scientifique pour endiguer la pandémie, un confinement général devrait être décrété pendant les deux prochains week-ends, une décision qui devrait être validée lors d’une réunion conjointe des 04 gouverneurs.

Emna Bhira