Harcelée par les forces occidentales sur la Libye ; la Tunisie entre impuissance et résignation !

01-06-2020

 La Tunisie officielle emploie la même rhétorique sur la Libye, et égrène sa position sur ce conflit inextricable tel un leitmotiv, en réitérant qu’elle est pour un règlement politique et pacifique, issu d’un dialogue inter-libyen, et contre une ingérence étrangère.

Sauf que chez notre voisin du sud, les choses prennent une dimension fort inquiétante. Les ingérences belliqueuses, dévastatrices pour la Libye, mettent en péril la sécurité et la stabilité intérieure de la Tunisie, et de l’ensemble de la région maghrébine.

Ce pays qui était dès le début du conflit en 2011 le théâtre d’une guerre par procuration, voit le conflit entre les forces régionales et internationales s’exacerber, dans un scénario qui n’est pas sans rappeler les événements tragiques en Syrie.

Même Géographie et même histoire

La Libye avec laquelle la Tunisie partage la même géographie et la même histoire, est en train de tomber chaque jour un peu plus dans les filets des puissances internationales, qui convoient, outre ses richesses pétrolières et gazières, l’immense marché de la reconstruction.

Le conflit en Libye est-il aussi l’une des formes de résurgence de la guerre froide, traduisant une rivalité sans merci entre les puissances internationales : Les Etats-Unis, et la Russie pour étendre leur emprise sur le Maghreb, et la France qui se dresse contre ces velléités expansionnistes. Paris considère la région comme étant sa chasse gardée, depuis les accords de Sykes-Picot conclus au milieu de la première guerre mondiale.

L’imbroglio libyen s’envenime de jour en jour, et les avancées réalisées par les forces du gouvernement d’union, de Faez Sarraj, avec l’aide de la Turquie, contre celles du Maréchal Khelifa Haftar, ne sont autres qu’un nouvel épisode d’un conflit dont le dénouement reste incertain.

Principal pays touché par ce conflit à ses frontières sud, la Tunisie risque gros, notamment avec les évolutions actuelles. L’annonce de l’Africom le week-end dernier fait craindre le pire.

Silence des autorités envers les Communiqués 1 et 2 de l’Africom

Le commandement des Etats-Unis pour l’Afrique avait révélé vendredi dernier, l’éventualité d’un déploiement de ses forces en Tunisie, en riposte à l’intervention militaire russe en Libye, comme l’a suggéré son chef, Stephen Townsend, lors d’une communication téléphonique avec le ministre de la Défense tunisien, Imed Hazgui.

Dans un communiqué rendu public vendredi, l’Africom a annoncé que son chef, Stephen Townsend, avait « exprimé au ministre de la Défense, les dispositions du commandement US de déployer ses forces en Tunisie ». Il avait, par ailleurs, affirmé « les inquiétudes américaines envers les activités militaires russes en Libye. »

« Les responsables tunisien et américain s’étaient mis d’accord de coopérer en vue d’instaurer la sécurité régionale et faire face à l’escalade de violence en Libye », selon la même source.

Dans un second communiqué rendu public samedi, l’Africom a modéré ses propos et annoncé qu’il allait se limiter « à envoyer une unité d’entrainement en Tunisie, qui n’aura pas une mission de combat ».

La position de l’Africom a été décriée sur la scène intérieure. Des voix se sont élevées pour condamner une annonce grave qui constitue « une violation manifeste de la souveraineté de la Tunisie », et  « cherche à l’entraîner dans le conflit libyen ».

Les autorités officielles, elles, se murent dans le silence. Aucune réaction aux Communiqués 1 et 2 du commandement américain, qui, pourtant, touchent une question fondamentale, celle de l’indépendance de la décision nationale, dans un contexte régional enflammé.

Légalité internationale, seule la Tunisie y croit

Le président de la république, Kaïs Saïed, a eu lui en début de semaine, des entretiens téléphoniques avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, et le Chef du gouvernement d’union libyen, Faez sarraj, où il a plaidé pour une solution inter-libyenne émanant de la volonté souveraine du peuple libyen, et respectant la légalité internationale. Une légalité dont personne ne semble, hélas, se soucier.

Le ministre de la Défense nationale, Imed Hazgui, a eu, de son côté, à répondre à plusieurs sollicitations des représentants des puissances mondiales, portées à la connaissance du public via des communiqués parus sur le site officiel de son département.

Outre la communication téléphonique avec Stephen J. Townsend, le 28 mai dernier, Hazgui a eu une communication avec la ministre des armées françaises, Florence parly, où il a été question de la situation en Libye, de « l’attachement de la Tunisie à la légalité internationale et de son rejet de toute ingérence étrangère ».

Le ministre avait, par ailleurs, rencontré le 26 mai, l’ambassadrice de Grande-Bretagne, Louise De Sousa, avec à l’ordre du jour la Libye, et les constances tunisiennes envers le conflit.

Le 18 mai dernier, le ministre des Affaires étrangères, Nourredine Erray, a eu une communication téléphonique, avec le ministre des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, consacrée notamment aux évolutions de la situation en Libye.

L’ensemble des acteurs du conflit libyen, ceux qui sont présents sur le front notamment via des mercenaires et des soldats, semblent vouloir se servir de la Tunisie, comme une base arrière à leur intervention chez notre voisin du sud, et une entrée pour prendre pied d’une manière durable dans la région.

Ces visées sont très claires, et les menaces sont réelles. Par son silence, et son manque de réactivité, la Tunisie a comme l’air d’être résignée au bon vouloir des puissances mondiales. Si on y ajoute un front intérieur désarticulé, fragilisé, qu’il est, par les querelles politiques, et les conflits entre les institutions, et un climat socioéconomique essoufflée par la pandémie, il y a de quoi avoir des interrogations réelles sur notre capacité à faire face aux desiderata des pays occidentaux, d’autant que notre subsistance en dépend, en grande partie.

H.J.

2 Auteurs du commentaire
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Anonyme

L’occident ne donne rien pour rien. vous pensez qu’il nous aide financièrement contre le coronavirus pour nos beaux yeux!

Anonyme

L’ovulation des américains est une antécédent très grave pour la sécurité des tunisiens. Le passé prouve que toute intervention directe ou indirecte des américains dans un pays supposé ami, était soldée par des catastrophes.
Les américains ne travaillaient jamais pour autrui, au contraire, ils sucent le sang jusqu’à l’os. D’ou, il vaudrait mieux se séparer avant ce qui ne pourrait être plus tard.