La Sonede et la Transtu augmentent leurs tarifs : Les Tunisiens refusent de payer la facture de la mauvaise gouvernance

31-05-2021

SONEDE et Transtu ont décidé d’augmenter leurs tarifs à partir du 1er juin. Des décisions qui auront des répercussions non négligeables sur le portefeuille des Tunisiens, déjà fragilisé par la crise économique et sociale, elle-même mise K-O par la crise sanitaire en cours.

La principale raison de ces augmentations est imputée au fait que ces entreprises publiques sont financièrement au bord du gouffre, voire même déjà dedans. Selon un récent rapport du ministère des Finances, la dette des entreprises publiques tunisiennes a atteint les 30.968 milliards de dinars. En contrepartie, la SONEDE et la Transtu promettent d’améliorer leurs services…

Que pensent les Tunisiens de ces augmentations ? Doivent-ils subir la mauvaise gestion des entreprises publiques ? Réponse dans notre micro-trottoir réalisé ce lundi sur l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis.

Nous avons rencontré ce passant, indigné contre les dernières révisions de la hausse des tarifs des services de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) et ceux de la Société des transports de Tunis TRANSTU.

Pour lui, l’Etat doit assumer son échec dû à la mauvaise gouvernance des entreprises publiques, en majorité confrontées à des difficultés financières. « Ce n’est pas aux citoyens de subir les conséquences de la mauvaise gestion des personnes au pouvoir », souligne-t-il.

« Ceci n’est pas le cas seulement pour la SONEDE, les caisses de la compagnie aérienne nationale TUNISAIR, la compagnie de phosphate de Gafsa (CPG), ainsi que celles de la STEG sont aussi à plat. Et d’ailleurs, c’est pour ça que ces entreprises seront contraintes à la privatisation tôt ou tard », a ajouté cet homme d’un certain âge…

D’autres citoyens pensent que ces augmentations des tarifs ne sont que les conséquences de la corruption qui gangrène les entreprises publiques et le manque de dévouement au travail dans les administrations étatiques en général.

Pour cet homme, que nous avons croisé à l’Avenue de Paris, l’impunité et l’absence de contrôle dans le secteur public ont fait que ces entreprises galopent vers la ruine.  

En parlant de la situation financière, il nous a dévoilé qu’il cumule déjà deux boulots dans le secteur privé pour s’assurer une vie digne. « Plusieurs fonctionnaires de l’Etat font leurs heures à moitié, quittent leurs bureaux à 10h du matin. Je connais même des fonctionnaires qui ont lancé des projets en parallèle alors qu’ils ne doivent remplir qu’un seul poste, selon la loi de la fonction publique », déplore-t-il.

En effet, la plupart des citoyens ont le sentiment que leur pouvoir d’achat s’est détérioré, et que la vie est assez chère pour eux, et qu’ils ne supporteraient pas des augmentations supplémentaires notamment sur les services les plus basiques comme ceux de la SONEDE et des transports.

Comme ce père de famille qui nous a confié qu’il souffre déjà de l’enfer des dettes.

« Je n’ai pas encore payé mes dernières factures envoyées par la STEG, que dire s’ils augmentent en plus les tarifs de la SONEDE. Comment pourrais-je dans ce cas aider l’Etat à payer ses dettes si moi-même je suis incapable de payer ce que je leur doit », nous lance-t-il avec un air ironique.

A ce sujet, un autre interlocuteur nous a expliqué que si l’Etat garantirait aux citoyens de meilleurs services, du transport commun en assurant plus de confort aux citoyens, de propreté et de ponctualité, les gens seront sans doute motivés pour payer des extras.

« En plus, les Tunisiens sont désormais incapables de bénéficier des moindres avantages, comme acheter une voiture populaire, avec l’augmentation des taux d’intérêt des crédits bancaires, et les files d’attente interminables pour pouvoir acquérir à un moyen de transport, ils sont obligés de prendre les transports communs. En revanche, avec une famille de 5 ou 6 membres, dont la plupart sont au chômage, les dépenses consacrées aux déplacements pèsent déjà sur leurs budgets, que dire si la TRANSTU augmente de nouveau ses tarifs… », nous lance un autre interlocuteur.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi

 

1 Auteurs du commentaire
plus récent plus ancien Le plus populaire
Hassen Gharsallah

Bravo pour cet écrit bien pensé