La Tunisie, deuxième pays le plus déprimé dans la région MENA

18-07-2019

Les Tunisiens sont déprimés et stressés. Ils ne croient plus en leur politiques et les jeunes, diplômés ou non, n’ont qu’une seule idée en tête, quitter le pays ! 40% des Tunisiens se sont sentis « plusieurs fois » ou « souvent » déprimés. Un taux qui atteint les 53% pour le stress.

Des chiffres qui placent la Tunisie en deuxième place des pays les plus déprimés de la région MENA après l’Egypte et avant la Palestine. Un tableau plutôt noir dans un pays où la révolution aurait dû, au contraire, redonner espoir. Pourtant il semble qu’il s’agisse en réalité du contraire. Mais faut-il pour autant réellement s’en étonner ? Une situation économique compliquée, un pouvoir d’achat en baisse et un sentiment d’insécurité de plus en plus présent…tous ces facteurs poussent les Tunisiens à se sentir mal…

C’est une récente étude anglo-saxonne qui a révélé cette situation. Il s’agit des résultats du Baromètre Arabe, réalisé chaque année par l’Institut de sondage indépendant One To One Research and Polling et présenté ce jeudi 18 juillet à Tunis. L’étude s’est faite sur un échantillon de 2400 personnes installés aux 4 coins de la Tunisie, en interview direct.

La première étape a été d’identifier les principaux défis auxquels la Tunisie fait face. Ainsi la moitié des Tunisiens (48%), estiment que la situation économique du pays est le défi principal auquel il est confronté. Une première place bien méritée. En effet, la croissance en berne, le renchérissement de la vie et le taux de chômage qui tourne autour des 15% ne laissent pas beaucoup d’espoir quant à l’avenir économique du pays.

La question du terrorisme vient en deuxième position des défis (13%). Les attentas auxquels la Tunisie a été confrontée ces dernières années justifient cette place.

Enfin en troisième place, on retrouve la corruption. Neuf Tunisiens sur dix considèrent la corruption comme « très » ou « moyennement » répandue dans les institutions de l’Etat. L’étude s’est focalisée sur les secteurs de la santé et de l’éducation. Et les chiffres sont inquiétants quand on considère qu’il s’agit des deux plus importantes institutions du pays. Pour la santé, 47% des Tunisiens ont déclaré qu’il est « absolument nécessaire » ou « nécessaire » de verser des pots-de-vin à un agent public pour obtenir de meilleurs soins. Pour l’éducation ce taux atteint les 43%. Le manque de réformes dans le service public en général a laissé place à un laisser-aller ambiant.

De manière générale, par rapport aux douze autres pays qui composent ce Baromètre Arabe, la Tunisie s’en sort au niveau corruption. Située en bas de tableau elle est meilleure élève que ses voisins algériens et marocains. L’Egypte et le Liban occupant la première place et la Jordanie la dernière.

Cette situation provoque un autre phénomène, celui du désir d’émigrer. Ainsi, selon l’étude, un tiers des tunisiens, soit 33% pensent à prendre le large. La plupart sont jeunes (18-29 ans). Le taux passe à 56% chez cette cible surtout chez ceux ayant fait des études supérieures (51%). D’où la grande question sur la fuite des cerveaux…. La Tunisie forme, l’Europe et l’Amérique du Nord embauchent. Les principales raisons de l’émigration restent économiques.

Une partie de l’enquête sur le baromètre arabe a été consacrée à la mesure de la confiance des citoyens dans un certain nombre d’institutions publiques. Trois d’entre elles ont été choisies : l’armée, la police et la magistrature. Les résultats sont disparates. 90% des sondés ont confiance en l’armée pour sa neutralité et son haut sens de patriotisme, contre 62% en la police.

L’intérêt pour la politique a été également examinée. Les détails n’ont pas pu être publiés pour ne pas enfreindre la loi concernant les sondages d’opinion politique en période électorale. Alors qu’en 2011, le taux d’intérêt pour la politique était de 36% et après un regain entre 2012 et 2013, il retombe, depuis, inexorablement, pour atteindre les 24% en 2018.

Encore une fois, faut-il s’étonner de la gravité de ces chiffres ? Pas vraiment. La sonnette d’alarme est tirée depuis longtemps sans que personne n’y voit un trop grand danger. Pourtant la dépression est bel est bien installée chez Tunisiens.

Wissal Ayadi

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Big

Créer des zones vertes piétonnes dans tous les quartiers, des fontaines d’eau, planter des arbres, des pistes cyclables, et vous verrez : le sourire reviendra????