La Tunisie est riche par ses 24 gouvernorats, l’absence de vision en freine le développement !

11-11-2020

Dans son adresse au peuple de lundi soir, où il est revenu sur le règlement de la crise du Kamour (Tataouine), Hichem Mechichi, a suscité l’ire de plusieurs régions, qui contestent d’avoir été oubliées alors qu’elles sont dans l’attente urgente d’une action salvatrice à même de les soustraire du sous-développement et du dénuement.

Voulant faire de la résolution de l’imbroglio de cette localité de Tataouine, un premier acquis de son gouvernement, et promettant d’en généraliser l’esprit et la démarche à l’ensemble des gouvernorats du pays, le chef du gouvernement ne semble pas avoir bien calculé sa parole, en se bornant d’annoncer le programme à venir dans cinq gouvernorats Gafsa, Kébili, Jendouba, Kasserine et Sidi Bouzid…sans en citer d’autres, pourtant, autant défavorisées et confrontées au blocage de la machine de développement.

Source nourricière de l’économie

On ne compte pas le nombre de fois, où nos compatriotes de l’intérieur se sont soulevés, au cours de ces dernières années, pour réclamer développement, emploi, justice et dignité. Leurs appels ont certes résonné auprès du pouvoir central, qui multiplie, à chaque fois les promesses et les bonnes intentions, organisant un conseil régional par-ci ; une visite ministérielle par-là, mais entre les annonces et le processus à même de leur donner corps, le fil est littéralement rompu.

Cette dernière décennie qui devrait apporter le changement tant souhaité à des régions, longtemps plongées dans l’oubli, les a précipitées dans la paupérisation et la précarisation.

Plus grave encore, certains gouvernorats qui abritent d’importantes entreprises publiques, fleurons de l’économie nationale, et sa source nourricière, ont dilapidé cette richesse, croyant que celle-ci leur est volée pour profiter aux compagnies étrangères, ou à la capitale, sans qu’ils ne voient un quelconque impact sur leurs propres réalités. Le drame de la Compagnie phosphate Gafsa (CPG) est des plus illustratifs.

Cette dilapidation des richesses minières et énergétiques, en grande partie à l’origine de la crise économico-financière, a nui au pays tout entier, mais aussi aux régions. A se demander si la problématique régionale n’est pas plutôt liée à une défaillance au niveau de la gestion, et de la gouvernance, qu’à un manque de richesses, de moyens et de fonds.

Une vérité qu’il faudrait reconnaitre, étant entendu que le développement, dans son acception globale, ne saura aboutir, et la Tunisie ne pourra sortir de cette spirale de croissance négative, accentuée par la crise sanitaire, et maîtriser une dette extérieure exponentielle, qu’en se tournant vers ses régions, pour dénicher les leviers de relance et de redressement.

Contrairement aux idées préconçues, les richesses ne se limitent pas aux régions dont le sol recèle des ressources pétrolières et minières, ou encore aux régions côtières réputées pour le tourisme balnéaire, mais les 24 gouvernorats du pays ont des spécificités et des atouts à même d’apporter la plus-value. D’où la nécessité de sortir de cette mentalité, qui remonte à l’indépendance, qui fait que la primauté soit donnée à des régions au détriment d’autres.

Des gouvernorats aux multiples vocations

Nombreuses sont les régions tunisiennes qui ont une vocation agricole, et sont dotées d’une importante réserve de terres et de champs, souvent abandonnés et en friche, ou cultivés d’une manière artisanale, minimisant inexorablement la production sur le double-plan quantitatif et qualitatif.

Certaines régions sont à vocation archéologique, avec des sites aussi à l’abandon qui se dégradent au fil de temps, sans aucune restauration ou revalorisation. D’autres, encore, ont un savoir-faire artisanal remarquable, qui est là-aussi négligé, ou modestement exploité, faute de moyens, alors que des femmes et des hommes de talent, ne demandent qu’à avoir le pied à l’étrier, pour exceller…

Une idée et non des moindres qui revient souvent pour sortir les régions du marasme, et y promouvoir un tissu économique digne de ce nom, c’est l’incitation à l’initiative privée et la libération du génie régional, via les micro-crédits. Mais là-aussi, ce qui est fait est insignifiant et est loin de se hisser aux besoins de la jeunesse de ces contrées, qui, réduite au chômage et à la précarité, ne rêve que de se jeter dans des embarcations de fortune pour rejoindre l’autre rive…un vécu dramatique, perçu comme une fatalité dans l’imaginaire collectif, alors que le changement est bel et bien possible.

Rétablir la confiance auprès des habitants des régions, un slogan que les gouvernements successifs ont répété à l’envi, ne passe que par un gouvernement qui tient sa parole, et dont l’action fait ses preuves sur le terrain. Cela n’est faisable, et réalisable que par une vision de stratège qui trace des objectifs sur le court, le moyen et le long terme. Laquelle doit être esquissée dans une approche participative par le pouvoir central, et les représentants et experts des régions qui en connaissent mieux que quiconque les arcanes, les forces et les faiblesses.

Autonomie régionale 

Il est grand temps que l’on daigne accorder une certaine autonomie aux régions, selon une vision nationale, et cesser de les étouffer par les lourdeurs administratives et les complexités d’un pouvoir central, à l’origine de blocage en matière de mise en œuvre de projets, même ceux pour lesquels des fonds sont alloués.

Les concepts de décentralisation et de déconcentration auxquels la constitution du 27 janvier 2014 consacre tout un chapitre, n’ont pas encore trouvé la voie de la concrétisation. Le problème ne réside pas dans l’aspect juridique, mais dans la volonté et la vision sur le devenir des différents gouvernorats du pays, et leur place dans le développement intégral.

Vivement que des comités pour la relance, soient installés au niveau des gouvernorats, pour repenser et reconsidérer le développement, sur la base d’un diagnostic fiable de la situation et des solutions à même d’améliorer le quotidien des populations.

A l’heure qu’il est, l’Etat est discrédité, pour avoir fait miroiter à l’arrière-pays des lendemains enchanteurs, des projets et des emplois qui se révèlent, être, en définitive des vœux pieux. Le jour où il parviendra à joindre l’acte à la parole, il saura rétablir son autorité, et regagner la confiance des populations.

H.J.

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Anonyme

في تونس ثمة كان الاحتجاجات والطرق الملتوية توصل لحل الساكت يستنى في الدولة تخمم فيه يموت بحسرتو في قلبو احنا المتخرجين م الجامعة وقتاش باش يخدمونا والا لازمنا نباتوا تحت خيمة ونوقفوا الحركة الاقتصادية باش يحسوا بينا؟