La Tunisie face à la guerre en Ukraine : Trois conséquences redoutables, un agenda de crise devra être décrété

24-02-2022
La guerre en Ukraine devra être au centre du Conseil des ministres

Le pire est advenu. La Russie a déclenché ce jeudi à l’aube une offensive en Ukraine ayant touché les plus grandes villes, dont la ville côtière Odessa, où une importante partie de la colonie tunisienne établie dans ce pays d’Europe orientale, est concentrée.

Tout le monde a battu cette dernière période les tambours de la guerre, et là voilà, commencée. Une guerre qui va exacerber encore davantage une conjoncture mondiale périlleuse, confrontée à des défis multiples, face à un modèle planétaire en crise, et une mondialisation qui s’essouffle, de plus en plus à l’origine des malheurs des peuples et de leur aliénation.

L’Échec de la diplomatie

Ce jeudi 24 février 2022, restera dans les annales de l’histoire, comme celui de l’échec de la diplomatie, et de l’éclatement de la première étincelle de ce qui pourrait devenir un conflit aux conséquences incalculables ; le premier depuis la fin de la 2ème guerre mondiale qui embrasera la planète, et la précipitera dans les abîmes d’une indigence multiforme : politique, socio-économique, financière, et surtout morale.

L’opération militaire russe intervient dans un contexte où les cours mondiaux des matières premières, des denrées alimentaires et de l’énergie s’enflamment. Ses retombées ne se sont pas fait attendre : Le cours du baril a déjà franchi la barre des 100 dollars, et ce n’est qu’un début.

Une flambée est attendue des prix mondiaux du gaz, des céréales et autres…d’autant que la Russie est le deuxième producteur du gaz, et le premier fournisseur et exportateur de blé dans le monde.

Face aux discours bellicistes et belliqueux des uns et des autres la Russie, et ses adversaires occidentaux, Etats-Unis et Europe en prime, cet affrontement est parti pour durer, la désescalade, à moins d’un miracle, ne semble, guère, imminente. 

La guerre impactera durement l’Europe, brisera l’élan de la reprise, constatée la dernière période dans plusieurs pays du vieux continent, au sortir de la crise du Coronavirus, et la plongera dans une grave récession. Les grandes places boursières mondiales se sont déjà ressenties, et toutes les valeurs se sont effondrées.

Au-delà de l’Europe, les conséquences de cette guerre vont s’étendre à toutes les régions du monde dont les intérêts sont interdépendants ; personne ne sera épargnée.

Le Conseil national de Sécurité devra se réunir en urgence

La Tunisie déjà confrontée à une crise politique et socio-économique aigüe risque d’en pâtir lourdement.

Tout d’abord, notre pays n’a pas réussi à rapatrier ses enfants qui se trouvent eu Ukraine, malgré leurs appels récurrents à être évacués. Les autorités tunisiennes ont entamé les procédures de rapatriement tardivement, entretemps, les premiers bombardements meurtriers (déjà 50 morts ukrainiens entre civils et militaires) sont perpétrés, l’Ukraine a fermé son espace aérien, et nos compatriotes sont bloqués.

Ensuite, cette guerre a lieu dans notre environnement géographique, et géo-stratégique : l’Europe. La Tunisie qui compte sur ses partenaires pour lui venir en aide, en ces circonstances critiques, risque d’être livrée à elle-même. La guerre chamboule tous les agendas, et les Européens ont, désormais, d’autres priorités, celles de se sauver eux-mêmes, de sauver leur peuple…De là à voir les autres programmes de coopération et de partenariat suspendus et gelés, il n’y a qu’un pas, que les plus réalistes n’hésitent pas à franchir.

Enfin, la troisième donnée imparable et lourde de conséquences sur le plan national, est le renchérissement des prix mondiaux de l’énergie et des produits alimentaires. La Tunisie, déjà confrontée au fardeau de la subvention, qu’elle s’engage à alléger pour redresser ses grands équilibres budgétaires et accéder aux injonctions du FMI, verra sa situation se compliquer. Sans compter la difficulté de s’approvisionner en céréales et en produits de base, qui est déjà là, et qui ira en s’aggravant.

Les Tunisiens dont le pouvoir d’achat est par terre, seront dans une plus grande détresse socioéconomique

La guerre ukrainienne va aggraver la crise tunisienne, d’où l’intérêt de revoir l’agenda national, de mettre de l’ordre à la maison interne, et de réorganiser les priorités, en faisant primer, plus que jamais, le sauvetage de l’Etat et sa pérennité. La guerre en Ukraine devra être au centre du Conseil des ministres prévu ce jeudi sous la présidence de Kaïs Saïed…Le chef de l’Etat devra, par ailleurs, convoquer en urgence le Conseil de sécurité national en vue de voir la stratégie à adopter et les actions à entreprendre, pour minimiser, autant que faire se peut, les répercussions de cette offensive militaire sur un corps tunisien, déjà  malade et fragile.

La Rédaction

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Anonyme

« Tunisie qui compte sur ses partenaires pour lui venir en aide » Quand est ce que vous allez arrêter cette mentalité de mendiants. Vous croyez que vos partenaires vous aident par charité. Ils pensent avant tout à leur propre intérêt. Quand est ce que les décisionnaires vont remettre à jour leur logiciel : le monde change et redevient multipolaire. La Tunisie doit penser à son intérêt à long terme et aux générations futures : Leur léguer un pays exsangue totalement en faillite; ou un pays ou il fait bon investir, ou la population se remet enfin à travailler , et ou… Lire la suite »