L’Assemblée renoue avec les tensions, Makhlouf pointe « le discours affligeant » du président de la république

21-07-2020

Les tensions reprennent de plus belle au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), bien que le lieu de la tenue de la séance plénière ait été changé du bâtiment principal aux locaux annexes.

Les députés du parti destourien libre (PDL) avaient occupé ce mardi 21 juillet 2020 la tribune de la présidence de l’Assemblée, avant le début de la plénière pour en empêcher la tenue. Le lieu de la plénière a dû être changé et celle-ci a commencé normalement dans l’ancien siège de la chambre des Conseillers. Après la lecture du rapport inhérent au projet de loi sur « le financement participatif », les tensions sont montées d’un cran.

Des députés d’Ennahdha ont contesté que deux députés du Parti destourien libre (PDL), en l’occurrence, Abderrazak Hosni et Fadhel Elouej ont monté à la tribune consacrée au président de l’Assemblée et ses deux vice-présidents.

Le président du Bloc d’Ennahdha, Noureddine Bhiri, a réclamé que les deux députés quittent la tribune. Il a menacé « de monter au même lieu avec tous les députés de son groupe », fustigeant que « la loi ne soit pas appliquée à tous de la même manière ».

Son collègue du même groupe, Imed Khemmiri, a pointé cette pratique qui consiste « à imposer la violation de la loi, et à s’emparer de la tribune du trio présidentiel, et ce banditisme inacceptable », estimant qu’ »il est temps d’appliquer la loi à tous. »

Le député de la coalition de la dignité, Seïfeddine Makhlouf, a indiqué que « l’affaire ne porte pas sur un conflit entre le bloc du RCD dissous, et le sien, mais il s’agit de se venger de la révolution, de la transition démocratique, et de rabaisser les institutions de l’Etat ». Il a pointé « la complicité des blocs parlementaires qui n’ont pas condamné ces pratiques ».

Il a également évoqué « une collusion entre la présidence, la présidence du gouvernement, le ministère de l’Intérieur, et le ministère de la Justice…pour que la loi ne soit pas appliquée et qu’il soit mis fin à ce blocage ».

Makhlouf a, par ailleurs, évoqué « un discours affligeant » du président de la république, qui menace les institutions de l’Etat par les missiles ; « nous ne craignons pas de nouvelles élections », a-t-il lancé.

La présidente de la séance plénière, Samira Chaouachi, a, entretemps, réitéré ses appels aux deux députés de descendre de la tribune, en vain.

« Nous avons pris acte de ce blocage qui vise à perturber le déroulement de la plénière », a-t-elle dit, en appelant « au sens de responsabilité des députés afin que le cercle des tensions et de la transgression de la loi ne soient pas élargi ».

Ces remous interviennent au lendemain du spectacle désolant que l’Assemblée a donné à voir hier, avec des députés déchaînés qui se chamaillaient, montrant une dégradation sans précédent de l’institution parlementaire.

Recevant, le même jour, le président de l’Assemblée et ses deux vice-présidents, le président Kaïs Saïed a dit qu’ »il ne va pas rester les bras croisés devant la déliquescence des institutions de l’Etat », affirmant que la constitution lui donnait les moyens d’agir, et menaçant de recourir à la dissolution de l’Assemblée.

Gnetnews