Les nouveaux ministres à l’œuvre, dans une Tunisie qui en a assez de la navigation à vue !

10-09-2020

Les Tunisiens sont en train de découvrir, peu à peu, les ministres du gouvernement de Hichem Mechichi, à travers leurs différentes sorties médiatiques. A ce stade, la parole ministérielle du gouvernement de compétences apolitiques est focalisée sur les sujets qui préoccupent la nation depuis une dizaine d’années, face à des indicateurs économiques en berne, et une épidémie qui repart à la hausse.

Aussitôt arrivés aux commandes, les membres du nouveau gouvernement s’emparent des dossiers déjà ouverts par leurs prédécesseurs, et restés sans solution.

L’investiture du nouveau gouvernement intervient avec la rentrée politique, économique, scolaire, sociale…dans un contexte difficile marqué par une crise sanitaire, sans précédent.

Rebond, nouvelle poussée épidémique, deuxième vague…les appellations foisonnent pour traduire une situation épidémiologique des plus inquiétantes…le virus circule fortement à travers le pays, des chaînes de transmission ont fait leur apparition dans plusieurs régions, et les autorités sanitaires prévoient une période difficile, avec le retour en classe à partir du 15 septembre, et la rentrée universitaire qui s’en suivra.

Hichem Mechichi a, d’ailleurs, affirmé ce jeudi 10 septembre que la rentrée scolaire est la priorité de son gouvernement. Des dispositions spéciales qui seront explicitées demain lors d’une conférence de presse du ministère de l’Education, ont été prises pour assurer une réouverture progressive des écoles, collèges et lycées, après près de six mois de leur fermeture, en minimisant au maximum les risques de contagion.  

Cette rentrée inédite verra l’effectif des élèves dispatchés dans le temps et dans l’espace, avec des cours un jour sur deux ; selon les niveaux, un emploi du temps plus dégagé, moins de matières…et bien sûr la mise à disposition des moyens pour faire en sorte que les mesures barrières puissent être respectées, partout à travers la république, particulièrement, dans des établissements scolaires de fortune qui manquent de tout, même d’un point d’eau où les élèves puissent se laver les mains.

Mise à part cette échéance cruciale qui préoccupe la Tunisie toute entière, les difficultés du pays s’amoncellent, tels ces nuages qui assombrissent le ciel.

Combler le gap entre recettes et dépenses ?

Comme ceux qui l’ont précédé, ce gouvernement nous promet la vérité sur la situation du pays, même si celle-ci n’est un secret pour personne. A moins que la réalité soit plus catastrophique que la perception que l’on en fait.

Avant même son investiture, Hichem Mechichi a déclaré que sa priorité était de rétablir les équilibres globaux et les fondamentaux de l’économie, et d’arrêter l’hémorragie des finances publiques ; chose sur laquelle il est revenu tant à l’Assemblée, que lors de la cérémonie de la passation des pouvoirs. Avec son ministre l’Économie et des Finances, Ali Koôli, il devra détailler le comment faire, pour mobiliser les fonds, financer le budget de l ‘Etat, et combler le gap entre recettes et dépenses.

Face à une crise sanitaire doublée d’une crise socioéconomique, et une scène politique qui se recompose entre soutiens au gouvernement, avec cette coalition politique et parlementaire en devenir, rassemblant Ennahdha, Qalb Tounes, coalition de la dignité…, et une opposition qui, elle même, se cherche et de repositionne ; la visibilité est inexistante et la donne n’est pas du tout claire.

Le gouvernement est tenu par un devoir de clarification. Il devra décliner les politiques et les stratégies à même d’être engagées dans différents secteurs, afin de répondre aux attentes pressantes de la population ; redonner confiance aux acteurs économiques locaux et aux investisseurs étrangers ; rassurer les partenaires étrangers et bailleurs de fonds,  et insuffler une note d’espoir à un pays plongé dans la désespérance.

Plutôt que d’égrener les problèmes et les difficultés, les compétences nationales de ce gouvernement devront focaliser sur les solutions à même d’être mises en œuvre ; selon une approche pragmatique et des plans d’action concrets et réalisables, pour réformer une Tunisie qui en a, assez, de la navigation à vue.

H.J.