Liban : Hassan Diab annonce la démission du gouvernement, et fustige la corruption en politique

10-08-2020

Le premier ministre libanais Hassan Diab a annoncé lundi soir la démission de son gouvernement à la suite du «séisme» provoqué par l’explosion meurtrière au port de Beyrouth qui a fait au moins 160 morts.

Le chef du gouvernement, qui se revendique comme indépendant et à la tête d’une équipe de technocrates, a rendu la classe politique traditionnelle responsable de ses échecs et du drame du 4 août, lorsque 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées au port de la capitale depuis des années ont provoqué la gigantesque explosion.

«Aujourd’hui, j’annonce la démission de ce gouvernement», a déclaré Hassan Diab dans un discours télévisé adressé aux Libanais.

Il a fustigé la «corruption» ayant conduit selon lui le pays à «ce séisme qui a frappé le pays, avec toutes ses conséquences humanitaires, sociales et économiques».

«La catastrophe qui a frappé les Libanais au cœur (..) est arrivée à cause de la corruption endémique en politique, dans l’administration et dans l’État», a dit le premier ministre.

«J’ai découvert que la corruption institutionnalisée était plus forte que l’État», a ajouté amèrement M. Diab, un professeur d’université qui a formé son gouvernement en janvier.

Ce gouvernement qui se présente comme une équipe de technocrates avait vu ses portefeuilles négociés par un seul camp politique, celui du mouvement chiite du Hezbollah et ses alliés, notamment le parti présidentiel, le Courant patriotique libre (CPL).

Le cabinet avait tenu une réunion lundi après-midi, au cours de laquelle la plupart de ses membres s’étaient prononcés en faveur d’une démission, avait déclaré à l’AFP Vartiné Ohanian, ministre de la Jeunesse et des Sports.

Quatre ministres avaient déjà claqué la porte depuis dimanche, en raison de la terrible explosion qui a dévasté des quartiers entiers de Beyrouth.

La démission du gouvernement ne devrait cependant pas satisfaire le mouvement de protestation populaire qui réclame le départ de toute la classe politique.

Alors que M. Diab commençait son discours, des heurts se déroulaient dans le centre-ville aux abords du Parlement, des manifestants lançant des pierres sur les forces de sécurité qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes.

Le gouvernement Diab avait été formé en janvier après la démission de Saad Hariri sous la pression d’un soulèvement populaire inédit à l’automne 2019 contre une classe politique accusée de corruption et d’incompétence, quasi inchangée depuis des décennies.