Tunisie : Lilet Ennos, on y est déjà…Quand le culinaire se conjugue avec le festif !

Ce vendredi 15 avril 2022 correspond à « Lilet Ennoss », ou la nuit de mi-ramadan. En effet, c’est le jour où la pleine lune vient embrasser le ciel pour subjuguer encore plus la sacralité des soirées ramadanesques.
A soirée d’exceptions, traditions d’exceptions. En Tunisie, ces dernières sont à la fois culinaires et festives. Et si nous retracions ensembles ces rites…
Moussem
Cette soirée est considérée comme un « Moussem ». Certaines familles tunisiennes saisissent cette occasion sacrée pour officialiser des fiançailles afin de recevoir la bénédiction d’Allah (سبحانه و تعالى).
C’est donc le branle-bas de combat pour les futurs époux qui viennent demander la main de leur dulcinée à la maison de la belle-famille. Ce sont de nouvelles dépenses qui viennent s’ajouter à celles du quotidien…mais elles sont inévitables afin d’impressionner la famille de l’épouse.
Il s’agit d’acheter un bijou afin de symboliser l’attache du couple…Cela peut être une bague, mais aussi un bracelet, un collier, des boucles d’oreilles ou pour plus de modernité une montre.

Ces bijoux sont traditionnellement accompagnés de douceurs sucrées, généralement un gâteau à l’effigie des deux partenaires qu’ils couperont ensuite ensemble pour enfin se le faire déguster mutuellement. Il en va de même pour la fameuse « Rouzata ». Une boisson préparée à base d’amandes, de sucre et d’eau.
Cette douce boisson, si rafraichissante, ne manque pas de vertus énergétiques.
Ces cadeaux sont parfois exposés dans un « Knastrou » (corbeille) dans lequel on trouve du henné, des gants, du coton et un coffret pour entreposer les bijoux.
Et ceux qui sont déjà fiancés n’échappent pas à ce rite. Celui-ci consiste à offrir un cadeau à la fiancée à chaque fête religieuse dont les nuits de la moitié du Ramadan ou celle du Destin. Selon les traditions en vigueur, ce cadeau est un bijou ou alors un article du trousseau qui manque à la fille.
Le couscous: une tradition qui ne se perd pas
« Lilet Ennoss » est marquée par une tradition culinaire qui ne se perd pas. En effet, pour cette nuit sacrée c’est le couscous qui est mis à l’honneur lors de la rupture du jeûne. Il peut être préparé de différentes manières…l’important est de déguster cette graine qui est présente pour toutes les grandes occasions.
Traditionnellement le couscous de « Lilet Ennoss » constitue un symbole d’offrande en mémoire des défunts. On l’appelle souvent « le diner des morts ». D’après l’histoire, la tradition veut que la grand-mère de la famille réunisse ses petits enfants autour d’un plat de couscous et donne une cuillère a chacun en invoquant le prénom d’un ancêtre afin de lier le présent avec le passé. Il est coutume de faire don d’un plat de couscous aux plus démunis ou de le donner à la mosquée du coin ou encore à une « zoauia ».
Le plus connu est sans doute celui à l’agneau. Il est généralement richement garni de légumes: courgettes, potirons, carottes, navets, chou, fèves et pois-chiches. Le bouillon, à la sauce tomate vient enrober le couscous avec un surplus d’harissa pour plus de piquant.

Avec l’augmentation des prix de la viande d’agneau (30DT le kilo), certains n’hésitent pas à le préparer avec du poulet ou même au chevreau (« berchni ») qui est une viande maigre et donc non grasse, idéale pour plus de légèreté, surtout pendant le ramadan où il est recommandé de manger léger…
Dans les régions côtières, le couscous est préparé au poisson. A Bizerte, on préfère le « Meneni » (Mérou) ou le « Bouri » (Mulet). Du côté de Kernennah on l’aime au poulpe, spécialité de pêche de la région.
Au Kef, il y a le célèbre « Borzguen ». Un couscous aux saveurs sucré/salé, qui mélange des fruits secs croquants et une viande tendre, saupoudré de sucre-glace.
Dans la région de Mahdia on apprécie le couscous « Chebtiya ». Il s’agit d’un couscous garni de boulettes, comparables à la Kefta, composées de persil, d’épinards et d’aneth hachés, mélangés avec un peu de viande hachée et de semoule fine pour la liaison.
Pour les Nabeuliens (habitants de Nabeul), le plat de « Kosksi » est décoré de fruits secs, surtout des raisons secs (zbib) et aussi d’œufs durs. Il peut être cuisiné rouge, à la sauce tomate, ou d’un bouillon nature et est servi dans un « Tabssi » issu de la longue tradition de poterie de Nabeul.
Enfin, le couscous peut se décliner au « Osbane » (panse de mouton farcie), ou encore au « Kaddid », une viande de mouton séchée.
Attention à ne pas oublier les piments grillés, élément indispensable qui vient systématiquement accompagner le couscous. « Un couscous sans « fel-fel mokli », n’est pas un couscous », disent la plupart des Tunisiens!
Chehia Tayba!
Wissal Ayadi