Grand-Tunis : L’approvisionnement des supermarchés s’améliore, mais certaines pénuries persistent

03-05-2024

Depuis plusieurs mois, les rayons des supermarchés en Tunisie ont été le théâtre de nombreuses pénuries alimentaires, plongeant les consommateurs dans une situation d’incertitudes et de frustration. Cependant, une récente visite dans un supermarché de la banlieue nord de Tunis révèle une lueur d’espoir, avec le rétablissement progressif de certains produits longtemps absents des étagères.

La farine, le beurre et la crème liquide, autrefois rares, sont maintenant disponibles en quantités suffisantes, marquant un soulagement pour de nombreux ménages tunisiens. « C’est un soulagement de pouvoir enfin trouver ces produits de base », déclare une cliente régulière du supermarché. « Pendant des mois, nous avons dû jongler avec des alternatives, mais maintenant je peux enfin cuisiner mes plats préférés sans avoir à m’inquiéter de manquer d’ingrédients essentiels. »

Pour autant, ces produits restent soumis à un rationnement, certes moins contraignant, mais toujours existant. Le lait est limité à 6 briques et le beurre à pas plus de 4 paquets de 100 grammes.  La farine, quant à elle, n’est pas soumis à des restrictions, mais machinalement les clients ne prennent que deux paquets. « Nous nous sommes habitués à prendre seulement deux paquets à la fois et je trouve que c’est bien comme cela car on évite les frénésies et surtout le gaspillage Â», explique une cliente.

A cet égard, il est important de relever les chiffres alarmant du gaspillage alimentaire en Tunisie. En effet, selon l’Institut national de la consommation (INC), 15,7% du pain, 20,2% des produits céréaliers, 6,5% des légumes, 4,2% des fruits, 2.3% des produits laitiers, 1,9% des viandes, sont gaspillés.

Pourtant, la situation n’est pas totalement résolue. Les rayons continuent de présenter des lacunes criantes, notamment en ce qui concerne par exemple le riz dont seules les marques importées sont disponibles et hors de prix et surtout le sucre, produit de base par excellence. « C’est toujours un défi de trouver du sucre « , confie un autre client du supermarché. « Nous espérons que cette situation va s’améliorer rapidement car cela devient vraiment pénible.

Pour obtenir du sucre, il n’est plus surprenant de voir des clients du supermarché faire la queue devant la réserve de stockage pour être les premiers servis lors des arrivages. Nous avons été surpris ce jour-là de ne voir personne. « Les livraisons de sucre arrivent souvent le mardi et le vendredi. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas de file d’attente », nous confie un employé du supermarché.

La Tunisie, nécessitant environ 360 mille tonnes de sucre chaque année, est confrontée à une grave pénurie de cette ressource de base pour deux raisons principales : d’une part, les effets des prix élevés sur le marché mondial, et d’autre part, l’incapacité des installations locales à répondre à la demande croissante des consommateurs.

Un peu plus loin au rayon des fruits et légumes, nous observons un attroupement curieux autour d’un étal. En nous approchant de plus près, nous avons découvert qu’un stock de bananes à 5DT était en train d’être entreposé. Les clients sont nombreux à vouloir en profiter, et ce malgré la qualité de la marchandise., jugée, médiocre. « Chez le primeur, les bananes sont vendues à pas moins de 15DT le kilo. Alors même si les bananes égyptiennes ne sont pas aussi bonnes que les autres variétés ce n’est pas grave. Moi j’en achète surtout pour mes enfants », nous lance une dame tenant son kilo de banane à la main.

Malgré ces défis persistants, l’approvisionnement croissant de certains produits laisse entrevoir une possible amélioration de la situation des pénuries alimentaires en Tunisie. Les autorités et les acteurs concernés devront poursuivre leurs efforts pour garantir un approvisionnement stable et équilibré de tous les produits alimentaires essentiels, répondant ainsi aux besoins des consommateurs tunisiens. En attendant, les clients continuent de faire preuve de patience et d’optimisme, espérant que ces lueurs d’espoir se transformeront bientôt en une réalité durable.

Wissal Ayadi