Quel rôle pour les syndicats dans un marché de travail en pleine mutation ?

15-04-2019

Deux milliards de métiers vont disparaitre en 2050, et un milliard et trois cent mille personnes vont perdre leur emploi, soit « 40% à 50% de professions qui passeront à la trappe », a déclaré le coach d’entreprise belge, Pierre Guilbert, lors d’un atelier de réflexion organisé le 13 avril 2019, à Tunis, par la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT).

« Aux Etats-Unis, le nombre des indépendants va dépasser le nombre des salariés en 2030, et 60% des métiers qui seront pratiqués dans 10 ans, n’existent pas actuellement ».

Le conférencier a expliqué que ce changement du marché du travail, revient à l’essor de la « robotisation, l’intelligence artificielle, les concentrations et la concurrence internationales, les défis environnementaux, les réseaux sociaux, le Cloud, autant de nouveautés qui bouleversent la donne ».

Selon lui, la génération R (Robots), va supplanter les professions « pénibles », comme les médecins, les vendeurs, et les commerciaux…ce qui menacera les métiers sociaux et relationnels, qui demandent de l’empathie et de la compassion. « Ces métiers sont irremplaçables par la machine », a-t-il ajouté.

Quant à l’enseignement, c’est le concept des 4C qui prendra la relève en 2050 (Critique, Communication, Collaboration, Créativité). « Le rapport de force qu’impose la notion de l’offre et la demande, doit être remplacée par un concept de Win-Win, par lequel l’employé offre ses compétences, au lieu de demander un emploi ».

Le coach d’entreprise, a évoqué le « bore-out », plus courant que le burn-out en ce moment ; « l’ennui, le manque de travail, et l’absence des challenges fatiguent les salariés, les démotivent, et détériorent l’entreprise ».

« Pour faire face à ce syndrome, qui demeure encore tabou, il faut opter pour le dialogue interne, le partenariat constructif avec les syndicats, et surtout le talent management efficient, qui consiste en la capacité de l’employeur, de retenir les talents, et développer leurs performances et compétences… »

Le Secrétaire Général de la CGTT, Habib Guiza, a rappelé que la confédération s’inscrit dans la continuité de la pensée de Taher Haddad, dans la défense du mouvement ouvrier, « C’est les valeurs de la gauche et non pas des idéologies qu’on défend, d’où la nécessité que l’on s’adapte aux mutations des droits des travailleurs, à l’ère des nouvelles technologie ».

« Actuellement, c’est l’essoufflement socio-économique, et politique, qui nous préoccupe, surtout après la révolution de 2011. D’ailleurs c’est ce que va démontrer une étude prospective qu’on a mené dans le cadre l’association Mohamed Ali El Hammi ».

« Les politiques d’embauche inadaptée, les mises à l’écart volontaires, et la parcellisation des tâches, qui sont des phénomènes plus fréquents dans la fonction publique sont à l’origine de « l’ennui au travail », souligne-t-il.

« L’économie collaborative exige de repenser le rôle des syndicats comme partenaire social, en adéquation avec les nouvelles donnes du travail à distance, les coworking-spaces, et la relation employé-salarié qui va-t-être modifié ».

Cet atelier est organisé dans de cadre de la préparation d’une conférence sur l’avenir du travail et du syndicalisme qui sera organisée les 29 et 30 avril à Tunis, à l’occasion du centenaire de l’OIT et la fête du Travail.

Emna Bhira