« Saïed a fait un revirement à 180°et Chahed est à l’origine de ma révocation » (Zbidi)

30-10-2019

Abdelkarim Zbidi qui a été démis, mardi 29 octobre, de ses fonctions en tant que ministre de la Défense nationale, est revenu hier soir, sur el-Hiwar Ettounsi, sur les circonstances de son limogeage. Il a considéré comme étant « grave » que le président de la république ait fait un revirement à 180°, en décidant sa révocation, alors qu’une heure avant, il lui a demandé de se maintenir à son poste.

Le ministre destitué a déclaré avoir eu, hier, une rencontre d’une heure (de 11h 30 mn à 12h 30 mn) avec le président de la république à sa demande, laquelle était « amicale et positive ». « J’ai voulu activer ma démission et lui rendre le dépôt qui m’était confié, le président m’a répondu qu’il est hors de question que je parte et m’a demandé de rester en poste pour encore quelques semaines », le temps que le nouveau gouvernement voit le jour, a-t-il relaté, rappelant avoir présenté sa démission le vendredi 09 août, après s’être porté candidat à la présidentielle de 2019.

Il a ajouté avoir entrepris « d’apaiser la tension » avec le chef du gouvernement et appelé son chef du cabinet pour lui fixer un rendez-vous, à la demande du chef de l’Etat qui l’a incité à améliorer ses rapports avec le locataire de la Kasbah.

Il a indiqué avoir reçu une heure après, un appel du président en personne où il a informé d’un remaniement ministériel, qui le concerne, affirmant « être sûr à 5000/100, que c’est le chef du gouvernement qui est à l’origine de cette décision ».

Au sujet de son absence de la réunion ministérielle consécutive aux inondations, de la commission nationale de lutte contre les catastrophes et de l’organisation des secours, il a révélé qu’il n’y pas été convié.

Pour les deux autres conseils ministériels, il a imputé son absence à des visites de terrain déjà programmées dont il avait prévenu la présidence du gouvernement. Il ajouté ne pas regretter de ne pas avoir assister aux deux conseils ministériels, étant donné que l’un était sur de nouveaux accordes de crédit, s’alarmant sur le taux démesuré de l’endettement, et l’autre sur le budget d’Etat, dont les chiffres sont, selon ses dires, « maquillés ».

Zbidi a déclaré avoir assumé ses fonctions ministérielles à titre bénévole au service de l’Etat depuis le 12 septembre 2017, et qu’il ne percevait que sa pension de retraite, regrettant les rumeurs qui l’ont visé pendant la campagne, selon lesquelles il touchait deux salaires, et ayant atteint son défunt fils, disparu il y a 18 ans.

L’ex-ministre a aussi souligné avoir eu des relations de respect avec l’actuel chef de l’Etat, pendant cinq ans à Sousse, à l’époque où il était doyen alors que Kaïs Saïed était enseignant à la faculté de droit de Sousse, et chef de département.

Les rapports entre Youssef Chahed et Abdelkarim Zbidi étaient très tendus, cette dernière période notamment pendant la campagne présidentielle. Zbidi avait opposé une fin de non-recevoir au chef du gouvernement, après lui avoir tendu la main, pour le rassemblement de leur famille politique, dans la foulée de la proclamation des résultats de la présidentielle.

Le ministre de la Défense révoqué avait accusé le chef du gouvernement sortant « d’avoir détruit la vie politique et partisane, et d’être une partie du problème et non de la solution », et l’avait appelé « à reconnaitre son échec et à démissionner ».

Gnetnews