Tunisie/ Salon de l’Artisanat : Originalité, authenticité et diversité (Reportage)
La 38ème édition du Salon de la création artisanale a démarré ce vendredi 18 mars au Parc des expositions du Kram, et se poursuit jusqu’au 27 mars 2022. Plus de 800 artisans venus de différentes régions de la Tunisie, participeront à cet évènement annuel, organisé par le ministère du Tourisme et l’Office national de l’Artisanat (ONA).
Ce salon de la création artisanale réunit des exposants de différentes spécialités, comme le cuivre, la tapisserie, « Hayek », Margoum, verrerie, fer forgé, rotin, céramique, osier, broderie, etc. Outre les fabricants de produits alimentaires de terroir comme les épices, Harissa, Bessissa, les fromages de Béja, et les produits cosmétiques naturels fabriqués localement.
En cette première journée du salon, tenue quelques semaines avant le mois de ramadan, l’affluence n’était pas à la hauteur des aspirations de ces artisans, qui attendaient impatiemment ce rendez-vous, vu la conjoncture difficile causée par la pandémie du covid-19.
« Le pouvoir d’achat des Tunisiens régresse de plus en plus, et les gens achètent désormais à petite quantité, et reprochent la hausse des tarifs, même ceux en promotion », nous explique Hela Chadi, la créatrice de la marque, « Boite à cerise », spécialisée dans l’art de la broderie.
Selon elle, les artisans sont aussi confrontés à des problèmes de fabrication. « Avec la quasi absence du contrôle et de la coordination avec les fournisseurs depuis la révolution, le manque de la main d’œuvre, des usines de textile frappées de plein fouet par les retombées de la pandémie, et l’envahissement de nos marchés par les produits turcs, l’artisanat tunisien passe par une crise sans précédent », déplore-t-elle. Â
Les artisans comptent désormais sur la clientèle étrangère dont l’affluence est importante chaque année, ajoute-t-elle. « Ces derniers valorisent l’héritage artisanal tunisien, et n’hésitent pas à dépenser pour se procurer des pièces hand made, de bonne qualité et qui reflètent la culture locale ».
Par ailleurs, malgré la diversité de la marchandise exposée, de la plus moderne et recherchée à la plus traditionnelle, les clients se sont concentrés notamment sur les stands d’art de la table, et tout ce qui concerne les préparatifs de ramadan. Avec une promotion de 30% sur les plats et verres en céramique, les clientes se sont données le plaisir de remplir leurs paniers.Â
Pour cette jeune femme d’une trentaine d’année, chaque année elle visite ce salon, pour renouveler ses services de table à l’occasion du mois saint. Certains verres se vendent à 4d la pièce, d’autres moules à tartes et gâteaux en poterie sont exposés à 10dt. Des prix attrayants, qui n’ont pas laissé les acheteuses indifférentes.
Nous avons aussi rencontré une mère de famille accompagnée de sa fille, une future mariée, venue pour compléter son trousseau « Zhez ». Tout juste sorties d’un stand d’articles en cuivre, elles discutaient la cherté des prix.
« Une décoration murale à 380 dinars, qui ne fait que 1 mètre de haut, est un prix inaccessible pour la plupart des Tunisiens, surtout qu’il s’agit d’un objet facultatif », dénoncent-elles. C’est le cas de la plupart des clientes, qui n’ont pas trouvé ce qui correspond à leurs petits budgets.
Dans l’autre pavillon d’alimentation traditionnelle, les clients étaient en train de déguster, et d’acheter des produits parfois à petit prix, comme le kilogramme de dattes à 8 dinars au lieu de 12 dt au supermarché, les épices, et les produits de terroir, qui se vendent à des tarifs intéressants également…
Emna Bhira