Sfax : Une situation épidémique difficile, face à l’afflux des malades des régions intérieures

02-07-2021

Les hôpitaux régionaux de Sfax sont saturés notamment par les malades Covid-19 venant de Kairouan, Sidi Bouzid et d’autres régions intérieures, qui n’ont pas trouvé de place dans les hôpitaux de proximité. En ce mois de juin, 180 malades covid-19, un record, ont afflué vers le CHU de Sfax, selon le chef de service de pneumologie Dr.Sami Kammoun, de l’hôpital Hédi Chaker.

 Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, Sfax a enregistré à la date du 30 juin, 465 nouveaux cas infectés au virus, soit un taux de positivité de 28 %, et 04 décès.

Le taux de positivité des tests réalisés dans le gouvernorat de Sfax est en moyenne de 24.2%, il est considéré comme étant relativement faible par rapport aux autres gouvernorats qui témoignent d’une prolifération sans précédent du virus.

Ceci revient à la réticence des habitants de ces régions envers le vaccin. Plusieurs croient aux rumeurs qui remettent en question l’efficacité du vaccin, d’autres ont peur d’avoir des séquelles dans l’avenir. Cette inconscience par la gravité de la situation ainsi que l’indiscipline en ce qui concerne l’application des mesures préventives, sont derrière la multiplication des cas, nous explique le chef de service de pneumologie au CHU Sfax.

« Le gouvernement a imposé toutes les restrictions possibles pour limiter les contaminations, mais toutes ces décisions seront sans effet et ne pourront stopper la contraction du virus,  si elles ne sont pas appliquées volontairement par les citoyens. Dans les jours prochains, on doit s’attendre à 8000 cas infectés au virus/ jour. Les prévisions tablent sur 25 000 décès. D’ailleurs, la solution clé pour éviter un éventuel basculement de la situation épidémiologique notamment avec l’apparition des nouveaux variants dont l’indien et le britannique, se résume en deux choses : la  discipline et la vaccination des jeunes. Sans cela, nous allons payer le prix de l’insouciance ! », a averti Dr. Sami Kammoun, doyen de la faculté de médecine de Sfax.

En parlant des symptômes des variants britanniques et indiens, le professeur en pneumologie a évoqué les signes d’une simple grippe, écoulement nasale, maux dans tout le corps et une rougeur des yeux. Pour les personnes les plus risqués, il a souligné que ces virus frappe tant les jeunes que les plus âgés. « Les cas de décès des jeunes sont plus médiatisés, et choquent plus car ils sont moins fréquents, et font jusque maintenant l’exception. Cela n’empêche pas qu’il faut les protéger au plus vite grâce à la vaccination.

Absence d’une plateforme de déclaration des cas positifs

Gnetnews a également contacté Dr.Selma Gafsi Moalla, médecin généraliste de libre pratique à Sfax, qui nous a confié que la situation sanitaire est plutôt catastrophique à Sfax.

Elle nous a confié, attristée, qu’elle venait de découvrir parmi ses patients, deux familles dont les membres se sont avérés tous positifs au Coronavirus, ainsi qu’un décès d’un jeune contaminé par l’un des variants.

 « Je suis anéantie », nous confie-t-elle, signalant que c’est le cas pour la majorité de ses collègues généralistes dans la région.

L’absence de suivi et de moyens de soutien économique de la part de l’Etat ont poussé certains à travailler même en étant positifs. « Je vois des gens pour qui j’ai ordonné un arrêt maladie ou encore pour qui j’ai recommandé l’isolement immédiat mais qui circulent sans le moindre geste barrière. Ces attitudes prouvent qu’il ne faut pas compter sur la conscience des citoyens, d’où la nécessité à ce que le suivi soit assuré par le ministère de la santé », estime Dr. Moalla Gafsi, déplorant l’absence d’une plateforme de déclaration des cas positifs.

« La plupart des malades qui viennent consulter sont des porteurs des symptômes du virus. Le problème c’est qu’après le dépistage par un test rapide, les médecins de libre pratique n’ont aucune plateforme de déclaration. Nous appelons souvent la direction régionale de la santé, mais en vain. Visiblement, le ministère de la santé semble se limiter à déclarer le nombre des malades covid-19 communiqués par les établissements sanitaires publics et hospitaliers. Le reste des cas n’est pas comptabilisé dans les chiffres affichés par le département ».

En l’interrogeant sur sa vision sur l’évolution de la situation sanitaire au gouvernorat de Sfax, le médecin généraliste nous a répondu clairement qu’elle voit tout en noir. « Le corps médical s’attend au pire après les rassemblements des milliers des supporters du club sfaxien, le weekend dernier au centre-ville de Sfax et à Tunis. S’y ajoutent les groupements des mariages et les fêtes qui sont maintenus cet été tout le long des mois de juillet et aout », conclut-elle avec beaucoup d’amertume.

Emna Bhira