Tunisie/ Grogne des boulangeries modernes : La hausse de 50 millimes du prix de la baguette est justifiée !

21-02-2022

Une centaine de propriétaires de boulangeries modernes, relevant du syndicat CONCET, ont entamé ce lundi 21 février un sit-in ouvert devant le ministère du Commerce afin de crier leur colère face à la pénurie de farine et de semoule et à l’augmentation de leur prix.

Ce secteur pâtit, en effet, d’un manque d’approvisionnement en produits de base poussant bon nombre d’entre eux à stopper la production et à baisser leur rideau le temps qu’ils se réapprovisionnent.

D’après Abdelkarim Ben Mehrez, président du groupement professionnel des boulangeries modernes auprès de la CONECT, le principale revendication concerne le retour à la normale de la distribution de farine et de semoule de type PS-7. Cette farine est est à différencier de celle utilisée par les boulangeries traditionnelles et qui est, pour sa part subventionnée.

D’autre part, les professionnels du secteur demandent au ministère du Commerce de faire machine arrière au sujet des décisions prises en novembre 2020. « Depuis novembre 2020, il nous a été interdit d’inscrire le mot boulangerie sur nos enseignes, de fabriquer des baguettes en forme de baguette et de les appeler baguette », indique Abdelkarim Ben Mehrez.

Autre revendication, celle de l’augmentation qu’ils qualifient de « secrète » des prix de la farine et de la semoule utilisées dans les boulangeries modernes et qui ne sont pas subventionnées. « Avant nous achetions la tonne de farine a 512DT, maintenant elle est vendue à presque 700DT. Certains en ont profité pour la vendre au marché noir pouvant atteindre les 1000DT quand il y a pénurie », déplore le syndicaliste.

« Nous voulons que le ministère du Commerce revienne sur toutes ces décisions et que les prix des produits de base redeviennent comme ils étaient avant », ajoute-t-il.

Les boulangers veulent aussi que les fournisseurs de farine et de semoule recommencent à livrer la marchandise. « Avant, nous étions directement livrés dans nos boutiques et les frais de livraison étaient compris dans le prix d’achat. Aujourd’hui c’est nous même qui devrons aller chercher la farine et la semoule à nos frais et en plus nous payons plus cher », souligne Ben Mehrez.

Ces deniers mois, beaucoup de Tunisiens se sont plaints de l’augmentation de prix de la baguette dans certaines boulangeries, passant de 200 millimes à 250 millimes, provoquant un véritable tollé dans l’opinion publique. A cet égard, les boulangers présents au sit-in, assument complètement ce choix aux vues de l’augmentation des prix des matières premières.

« La tonne de farine a augmenté de 200DT et on nous insulte pour avoir augmenté le prix de la baguette de 50 millimes. Si l’Etat avait fait une annonce publique en disant que les prix avaient augmenté, nous n’en serions pas là », lance un jeune boulanger de 25 ans.

Un autre artisan que nous avons rencontré, très en colère, dénonce, quant à lui, la corruption à laquelle il doit faire face lors de l’achat de farine. « Parfois je suis obligé de donner des pots-de-vin à certaines personnes qui travaillent dans les moulins pour pouvoir acheter de la farine…. alors que c’est mon droit! ».

Le président du groupement professionnel des boulangeries modernes auprès de la CONECT a par la même occasion indiqué que 1300 boulangeries sont actuellement menacées  de fermeture en raison de la pénurie en produits de base. Par ailleurs, Abdelkarim Ben Mehrez souhaite que les autorités effectuent une révision complète de la politique de subventions dans le secteur de la boulangerie.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus un reportage consacré à cette manifestation.

Wissal Ayadi