Réveillon 2023: Le pouvoir d’achat en berne, les Tunisiens boudent les hôtels et les dîners-gala

13-12-2022

Les vacances d’hiver arrivent dans seulement quelques jours. Sur les réseaux sociaux, les offres sont nombreuses afin d’attirer les clients qui souhaiteraient passer les fêtes de fin d’année à l’hôtel.

Quelle est la tendance en cette fin d’année? La crise touristique est-elle toujours de mise en Tunisie? Quelles sont les offres proposées par les hôtels pour attirer la clientèle pour la période du réveillon?

Des dîners-gala à plus de 800DT

Depuis plusieurs années, les dîners gala font fureurs en Tunisie. Des soirées dans lesquelles des chanteurs et chanteuses de renommée se succèdent afin d’animer les clients qui ont souvent déboursé une somme d’argent important pour s’offrir une soirée inoubliable.

Il suffit de surfer sur la toile pour trouver des offres. En règle générale, les agences d’événementiel proposent un dîner-gala avec une nuitée et un brunch le 1er de l’an.

Pour exemple, un hôtel de la station balnéaire de Monastir propose pour le dîner gala uniquement des tables allant de 220DT à 370DT par personne en fonction de l’emplacement dans la salle. Si le client veut passer la nuit il faudra débourser au minimum 870DT (soirée du réveillon inclue) par personne. A Hammamet, les tarifs sont à peu près les mêmes.

Nous avons contacté l’une de ces agences d’événementiel. Le gérant, qui a voulu rester anonyme, nous confie que les réservations ne vont pas bon train. « D’habitude nous sommes complet deux semaines avant le réveillon. Là il nous reste encore des places et beaucoup de personnes nous demandent s’ils peuvent payer par facilité…nous acceptons afin de rentabiliser la soirée et de pouvoir payer les artistes qui nous coûtent extrêmement cher ». 

Marché algérien en hausse…mais à quel prix?

Aux vues de la faible participation des Tunisiens, certains hôtels ont passé des conventions avec des agences de voyage algériennes. En effet, les offres en faveur de nos voisins font florès sur la toile…on en trouve des dizaines.

Ces offres comprennent généralement le transport en bus confort depuis l’Algérie, un séjour de 5 nuitées en demi-pension avec le diner-gala du réveillon inclu. Les prix varient entre 30.000 DZD et 37.000 DZD soit entre 690 et 860 dinars tunisiens.

Pour Anis Suissi, professionnel du tourisme et directeur d’une agence de voyage, ces offres servent uniquement à provoquer la demande. « Malheureusement à ce prix là le service ne sera pas à la hauteur et cela va nuire à l’image de la Tunisie. C’est très bien pour attirer des touristes…mais à quel prix? », nous dit-il.

« Il faut travailler sur le marché anglais »

Abdessattar Badri est le directeur général de TTS,  la plus grande agence de voyage du pays. Elle détient la majorité des marchés avec les plus célèbres Tour Operator du monde mais également la compagnie aérienne Nouvel Air.

Il explique qu’au niveau des hôtels il y a un petit mouvement pour les vacances scolaires mais cela reste bien en dessous des prévisions. Selon Badri, le report des examens pour les élèves du niveau primaire ont porté un coup dur sur le taux de réservation. « Les Tunisiens ont tendance à prendre du bon temps en famille après les examens, et comme là ils ont été repoussés, nous en avons subi directement les conséquences ».

Par ailleurs, Badri impute également la baisse du nombre de touristes tunisiens dans les hôtels en raison de la crise économique et de ses répercussions sur le pouvoir d’achat. « On sent vraiment que le pays est en crise. Les gens n’ont plus les moyens de se payer ne serait-ce qu’un week-end à l’hôtel ».

Pour sa part, Rached Krid, directeur commercial de l’Hôtel Medina Hammamet, indique que le week-end le plus chargé sera celui du réveillon de Noël. « Les établissements pour ce week-end là sont déja complet », affirme-t-il. En outre, il indique que les dîners festifs prévus spécialement pour Noël ont été arrêtés depuis plusieurs années en raison de leur coût élevé et de leur faible attractivité.

Du côté du marché étranger, la tendance est bonne, notamment pour les touristes provenant du marché anglais. Abdessattar Badri indique qu’il y a 7 vols par semaine en provenance de la Grande-Bretagne  (5 vols Easy-Jet et 2 vol TUI).

« Il est indispensable de travailler sur le marché anglais car ce sont les seuls qui font travailler les hôteliers l’hiver. Cela permet de garder les hôtels ouverts et de préserver les emplois tout au long de l’année ».

« La tendance général n’est pas très bonne. L’année dernière à la même période nous étions déja en crise, mais cette année c’est pire », ajoute Badri.

Pour autant, le professionnel se montre optimiste pour l’années 2023. « La tendance est positive pour la saison prochaine puisque nous observons déjà une hausse des réservations de 20 a 25% émanant des Tours Opérateurs », conclu le DG de TTS.

Gnetnews