Tunisie/ Aïd el-Adha : Une grande fête et des traditions qui se perpétuent

27-06-2023

Depuis une dizaine de jours, c’est un chant inhabituel que l’on entend à travers toutes les contrées de la Tunisie. Celui des bêlements des moutons. En effet, à la veille de l’Aïd El Idha, ils sont déjà de nombreux Tunisiens à avoir acquis le mouton du sacrifice. Pour les autres, les marchés au bétail sont encore présents dans de nombreux endroits.

Le mercredi 28 juin marquera la célébration de l’Aïd el-Kébir, également connue sous le nom d’Aïd al-Adha, la « fête du sacrifice » ou la « fête du mouton ». Pour les musulmans, il s’agit d’une des fêtes islamiques les plus significatives de l’année, car elle commémore le sacrifice effectué par le prophète Ibrahim. Pendant cette occasion, les fidèles procèdent au sacrifice rituel d’un mouton.

Qu’est ce que signifie Al el-Idha ?

La célébration de l’Aïd el-Kébir, considérée parmi les événements les plus importants du calendrier liturgique musulman, est soigneusement planifiée. Elle a lieu le dixième jour du dernier mois du calendrier musulman, le mois de Dhou al Hijja, qui est l’un des quatre mois sacrés de l’Islam.

Cette fête revêt également une signification particulière pour les musulmans, car elle marque la fin de leur pèlerinage à La Mecque. Pour déterminer le début de cette fête, les autorités musulmanes se basent sur l’observation du croissant de lune marquant le début du mois.

Les dix jours du mois de Dhul Hijja, au cours desquels l’Aïd el-Kébir est célébré, revêtent une importance particulière, car ils sont considérés comme les jours les plus bénis de l’année dans l’Islam. Les musulmans sont ainsi encouragés à intensifier leurs actes de dévotion envers Allah et à faire preuve de générosité pendant cette période. Cette année, cette période symbolique s’étend du 19 juin au 28 juin 2023.

Il est recommandé de jeûner avant l’Aïd el-Kébir pendant les dix jours du mois de Dhul Hijja, en particulier le jour d’Arafa, qui tombe cette année le mardi 27 juin 2023. Ce jour-là revêt une grande importance dans l’Islam.

L’Aïd el-Kébir est une fête religieuse qui fait référence à l’épisode du sacrifice d’Abraham (Ibrahim en arabe), tel que décrit dans le Saint Coran. Dans un rêve, Abraham reçoit l’injonction de sacrifier son fils Ismaël. Prêt à obéir à cette vision, en signe de sa confiance et de sa soumission envers Dieu, Abraham est interrompu par l’Ange Gabriel, qui substitue un mouton à son fils. Ce récit coranique met en avant à la fois la mise à l’épreuve de la foi et la miséricorde divine.

Comment se déroule la journée de l’Aïd el-Idha?

Le début de la journée est matinal dans les foyers tunisiens. Dès l’aube, les hommes se dirigent vers la mosquée pour accomplir la prière de l’Aïd. Pendant ce temps, les femmes s’activent afin de préparer la journée chargée qui les attend.

Elles allument le « kanoun », et y ajoutent de l’encens qui embaumera chaque recoin de la maison. Ce kanoun sera ensuite installé à l’endroit réservé au sacrifice de l’animal.

Kanoun

Parallèlement, les femmes entament également le pétrissage du pain, car les boulangeries sont fermées ce jour là.

Une fois la prière terminée, il est temps de passer au sacrifice. S’ils sont de plus en plus de Tunisiens à attendre la venue d’un boucher à domicile, d’autres tiennent encore à le faire eux-mêmes grâce au concours d’un aîné de la famille, assisté par les proches.

La procédure du sacrifice du mouton est régie par des règles strictes. Il est essentiel de respecter ces principes. Tout d’abord, l’animal choisi ne doit pas être exposé à la vue de la lame avant le sacrifice, et il ne doit pas être étourdi, il doit demeurer conscient. De plus, il est impératif que l’égorgement ait lieu après la prière et avant le coucher du soleil du troisième jour.

Une fois que le mouton a été préparé selon les rituels musulmans, y compris la saignée, les femmes généralement s’attellent au nettoyage de la panse du mouton avec du plâtre (« Jir ») qui permet d’éliminer les impuretés et les arrière-goûts indésirables.

Rien ne se perd dans le mouton. Les abats, les boyaux et les poches de l’estomac sont soigneusement nettoyés pour ensuite préparer le « Osbane », la « Kleya », ou encore les merguez.

Il est également prévu que les moins fortunés reçoivent une part de la viande, dans un esprit de partage et de solidarité car l’Aïd el-Kébir est un moment d’inclusion, de partage, et de don.

Que mange-t-on pour l’Aïd El Kébir ?

Une fois le sacrifice terminé, il est temps de penser au repas du midi. A travers toute la Tunisie la star culinaire de la journée, c’est bien sur le fameux méchoui que tout le monde attend. Côtelettes de viande et foie sont généralement les parties les plus appréciées pour le barbecue.

Mechoui de l’Aïd

Une épaule du mouton est donnée tout de suite après le sacrifice aux femmes en cuisine qui se chargeront également de préparer la fameuse « Kleya ». Il s’agit d’un ragoût à base de foie, de cœur et bien sur de viande de mouton, accompagné du pain préparé le matin même.

Klaya

Un grand nombre de personnes savourent la tête et les pieds du mouton en les faisant griller sur le Kanoun. Dans de nombreux quartiers, des marchands ambulants offrent ce service.

Des gestes et des traditions qui ne se perdent pas

Comme  mentionné plus haut, la panse du mouton servira à préparer le « Osbane ». Ainsi, avant l’Aïd, elles achètent des aiguilles, du fil à coudre et des cure dent pour refermer les osbanes, farcis au préalable d’un mélange de persils, épinards, viande, abats avec beaucoup d’épices.

Osbane

Elles se procurent également des épices pour préparer un autre place incontournable de l’Aïd, le  « Kadid ». Il s’agit d’une viande séchée, savoureusement relevée de curcuma, de coriandre, de carvi, de piment rouge (« Felfel Zina ») et de sel.

Le jour de l’Aïd, les parents offrent également aux enfants la « Zogdida », une sorte de mini couscoussier, afin de les impliquer dans les préparatifs et de les initier progressivement à l’art culinaire. En suivant les conseils de leurs proches, les enfants apprennent à cuisiner de petits plats tels que le Kamouneya, la Klaya ou encore le couscous.

Marchand de kanoun et zogdida

Aid Mabrouk! 

Wissal Ayadi