Trump durcit les sanctions, après le désengagement de l’Iran au sujet de l’uranium

09-05-2019

France 24, AFP & Reuters – Les États-Unis ont intensifié mercredi leurs sanctions économiques contre l’Iran, après la suspension par Téhéran d’une partie de ses engagements au sujet de la limitation de ses stocks d’uranium enrichi et d’eau lourde.

Après les sanctions contre les secteurs pétrolier et bancaire, les États-Unis resserrent le nœud autour de l’économie iranienne en s’attaquant aux domaines du fer, de l’acier, de l’aluminium et du cuivre.

« Autoriser l’acier et d’autres métaux iraniens dans vos ports ne sera plus toléré », a martelé le président américain Donald Trump à l’intention des autres pays, dans l’espoir de couper les « principales sources de revenus d’exportation du régime après le pétrole », soit 10 % de ses exportations.

Ce durcissement des sanctions américaines sur fond de bruits de bottes – Washington a annoncé mardi l’envoi de bombardiers B-52 dans le Golfe – fait suite à la décision de Téhéran de s’affranchir de deux engagements pris dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.

Le président iranien, Hassan Rohani, a annoncé que la République islamique cesserait désormais de vendre son uranium enrichi et son eau lourde à l’étranger. Cette mesure visant à plafonner les stocks de ces matériaux stratégiques en Iran, n’est plus applicable depuis que Washington a annoncé la semaine dernière qu’il annulait une dérogation permettant cette vente.

Le leader iranien a comparé ces mesures à une « opération chirurgicale » destinée à « sauver » l’accord, « pas à le détruire ». Il a assuré qu’elles étaient conformes à l’accord qui permet de suspendre certains engagements en cas de manquements imputés à une autre partie.

Pris à la gorge économiquement, Téhéran a donné « 60 jours » à ses partenaires pour « rendre opérationnels leurs engagements, en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire », sous peine de ne plus respecter d’autres clauses de l’accord.

La démarche iranienne a néanmoins alarmé la communauté internationale, notamment les Européens qui restent très attachés au pacte de 2015 malgré le retrait américain.

Londres l’a jugée « inopportune », Berlin a appelé Téhéran à respecter l’accord « dans sa totalité », et Paris, n’excluant pas de nouvelles sanctions de l’Union européenne, a fait part de sa « préoccupation » en exhortant à éviter toute « escalade ».

Également signataires du texte, Pékin a plaidé pour la « retenue » et le « dialogue », tandis que Moscou a insisté sur l’importance de « convaincre » les Européens de la nécessité de « remplir leurs promesses » – ce que l’UE n’a pas fait, a accusé le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, aux côtés de son homologue russe, Sergueï Lavrov, à Moscou.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lui espéré « fortement » que cette « réussite majeure dans les domaines de la non-prolifération nucléaire et de la diplomatie » puisse « être préservée ».

Validé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, l’accord de Vienne a permis la levée d’une partie des sanctions internationales visant l’Iran. En échange, Téhéran a accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire pour qu’il demeure exclusivement civil et pacifique.

Mais jugeant que le texte n’offrait pas de garanties suffisantes, Donald Trump en a retiré les États-Unis le 8 mai 2018 et a rétabli toutes les sanctions américaines. Celles-ci, enrichies de mesures punitives supplémentaires ayant vocation à être « les plus dures de l’histoire », affectent lourdement l’économie iranienne et rendent pratiquement impossible toute relation commerciale avec d’autres pays.

Les Européens se sont montrés jusqu’ici incapables de permettre à l’Iran de bénéficier des avantages économiques lui ayant été promis en 2015 : le mécanisme de troc qu’ils ont lancé en janvier pour que Téhéran puisse continuer à commercer avec l’Europe en contournant les sanctions américaines n’a encore permis aucune transaction.