Tunisie : Ennahdha accuse le comité de défense de « mensonges » et de « manipulation », et fait « assumer la responsabilité à Saïed »

09-02-2022
Imed Khemiri, lors de la conférence de presse d'Ennahdha

Le mouvement Ennahdha a accusé ce mercredi 09 février, le comité de défense dans l’affaire d’assassinat des martyrs de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahim de « manipulations » et de « mensonges ».

Lors d’une conférence de presse ce soir au siège central d’Ennahdha, à Monplaisir, Imed Khemiri a accusé le comité de défense « de mener une guerre par procuration contre un adversaire politique, et de poursuivre la campagne de diabolisation de son mouvement ». « Ce comité de la manipulation a assassiné, aujourd’hui, une nouvelle fois, Chokri Belaïd, en faisant perdre la vérité », a-t-il dit.

« La conférence de presse a montré que l’appareil spécial est incarné par ce comité, ainsi que les parties watad et de la gauche éradicatrice, ils ont prouvé qu’ils disposent des outils d’infiltration des appareils de l’Etat », a-t-il déclaré.

Khemiri  a accusé le comité de défense « d’avoir infiltré les appareils de l’Etat, en affirmant disposer de données issues des rapports des renseignements militaires ».

Selon ses dires, « la conférence de presse du comité de défense est au cœur du conflit entre les forces démocratiques hostiles au coup d’Etat et aux mesures prises par Kaïs Saïed contre la démocratie, la constitution, et les acquis de la révolution, et les parties soutenant le coup d’Etat ».

« Le comité de défense et Kaïs Saïed sont deux alliés objectifs, et la bataille réelle se situe aujourd’hui autour de l’indépendance de la justice », a-t-il estimé.

Processus judiciaire

Khemiri a fait état d’ »un processus judiciaire qui est engagé autour des assassinats politiques, des parties ont été arrêtées, des enquêtes existent, et des accusations ont été adressées »…accusant le comité de défense de « vouloir falsifier la vérité ». « La différence est que les uns reconnaissent l’Etat et ses institutions, et les autres, les anarchistes, renient les institutions de l’Etat, l’indépendance de la justice les procédures judiciaires… », a-t-il dit.

Il a affirmé que la position d’Ennahdha est claire : « la justice est l’arbitre pour trancher les affaires. Celui qui détient des preuves, qu’il les transmette à la justice…les procès ne se trament pas lors des conférences de presse, dans les hôtels et les médias ».

Le dirigeant d’Ennahdha a encore ajouté que son mouvement « fait assumer la responsabilité à Kaïs Saïed », fustigeant « le discours d’incitation, de haine et les appels à manifester devant le domicile de Rached Ghannouchi, et devant le siège d’Ennahdha, ce qui menace la stabilité et attente à la paix civile ».

« Les parties sécuritaires ont été contactées pour assurer la sécurité du président d’Ennahdha, mais aucune suite n’a été donnée à cette demande. », a-t-il ajouté. 

Le dirigeant d’Ennahdha a, encore, indiqué que son mouvement « n’est pas dupe de tout ce qui pourrait découler de cette conférence de presse, en termes d’atteinte à l’indépendance de la justice, d’interdiction des partis, à commencer par le sien ».

« Nous rejetons la propension du président de la république à avoir la mainmise sur la justice et à liquider les adversaires politiques. Comme, nous rejetons l’instrumentalisation des médias publics dans les batailles politiques », au sujet de la transmission de la conférence de presse du comité de défense par el-Wataniya.

La responsable des affaires juridiques d’Ennahdha, Zeineb Brahmi a, quant à elle,  dénoncé qu’une photocopie du passeport de Ghannouchi soit distribuée lors de cette conférence de presse, « en violation de toutes les lois, notamment celle sur la protection des données personnelles »

Selon ses dires, « le comité de défense ne veut pas la vérité, puisque depuis neuf ans, il n’arrête pas de demander le report à chaque audience. Ces reports ont porté atteinte au mouvement, car il ne pouvait pas ainsi prouver son innocence. S’il en était ainsi, il aurait pu saisir la justice contre tous ceux qui lui ont adressé des accusations à tort », a-t-elle souligné.

Gnetnews