Tunisie : Fakhfakh révèle avoir rejeté « un deal » avec Ennahdha, peu de temps avant la chute du gouvernement

23-07-2020

Le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Elyes Fakhfakh, a révélé ce jeudi 23 juillet « avoir rejeté un deal avec le mouvement Ennahdha, deux semaines avant que le gouvernement ne tombe, celui d’y faire entrer Qalb Tounes ».

« J’aurais pu trouver une formule, selon laquelle l’après coronavirus requiert l’unité nationale, ça aurait été un mensonge, mais j’ai dit non », a-t-il souligné dans un entretien avec Express, diffusé sur la page officielle de la présidence du gouvernement.

Fakhfakh, qui s’est lancé dans une attaque frontale contre le mouvement dont il a limogé les ministres dans la foulée de sa démission, a indiqué que « l’actuelle bataille est celle de la réforme contre le conservatisme. » « Il y a un establishment dont Ennahdha fait partie qui ne veut pas que le pays change ».

Le chef du gouvernement démissionnaire a déploré « cette crise politique dont on se serait passé volontiers, et qui est intervenue lorsque le pays est sorti victorieux de la crise du coronavirus, et que le gouvernement avait le moral au beau fixe, se sentant en capacité de surmonter les difficultés ».

Il a pointé « une alliance sacrée entre un dispositif dont une partie était au gouvernement, et une autre en dehors du gouvernement, et un grand réseau d’intérêts, qui n’a pas tenu compte de la situation dans le pays, faisant valoir ses intérêts étriqués, régionaux, partisans et sectaires ».

Il a ajouté qu’Ennahdha avait rejeté son gouvernement dès le premier jour, signalant que pour le mouvement « le gouvernement est un butin, ce sont des allégeances, contre des privilèges ».

« J’ai essayé de les convaincre que cette voie est mauvaise, car c’est celle contre laquelle la révolution a été menée, et qu’ils vont ainsi s’annihiler eux-mêmes, avant de m’annihiler ou anéantir le processus mené en Tunisie, mais je n’ai pas réussi », a-t-il souligné.

« Ennahdha, Qalb Tounes, des parties qui ont un pouvoir dans l’économie, l’économie parallèle, et dans la contrebande se sont alliés pour que le gouvernement s’arrête. Un dispositif de corruption décide de faire tomber un gouvernement en cette circonstance critique, et il arrive à le faire », a-t-il dit.

Elyes Fakhfakh a estimé que l’Etat pouvait arriver à un moment où il ne serait plus en mesure de payer les salaires des fonctionnaires, affirmant que « l’étape actuelle est celle du sauvetage de l’Etat tunisien ».

Le chef du gouvernement démissionnaire a rejoint le président de la république, dans ses déclarations hier devant les militaires, et puis les sécuritaires, pointant « des gens qui complotent contre la Tunisie de l’intérieur, et d’autres qui complotent de l’extérieur ». « Il y a ceux qui ne veulent pas de démocratie dans la région, et pour qui ce processus doit s’arrêter. Il ne s’est pas arrêté par un putsch militaire, car notre armée est républicaine, alors on recourt à un putsch par les élections ».

« La bataille est celle de sauver l’Etat et de le protéger de toutes les infiltrations intérieures et extérieures », a-t-il martelé.

Fakhfakh a, par ailleurs, fait savoir qu’entre 100 et 120 mille emplois seront perdus du fait de la crise du Coronavirus, et s’ajouteront aux 620 mille chômeurs déjà existants. La voie à adopter, selon ses dires, est celle « de la réforme, de la lutte contre la corruption, l’économie de rente, la politisation de l’administration, et la mauvaise gouvernance dans les entreprises publiques ».

Gnetnews

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Zako

Il se fait prendre la main dans le pot de confiture et les lèvres baveuses et se permet de donner des leçons de morale à un parti qui gagne toutes les élections depuis 2011 et qu’on accuse chaque semaine d’un crime dont on s’aperçoit la semaine suivante qu’il n’est q’un tissu de mensonges et de calomnies.