Tunisie/ LTDH : Le projet « SALAM », pour la prévention de l’extrémisme violent dans les centres de détention d’El Mghira et El Mourouj

07-04-2021

Garantir le droit de tout citoyen tunisien à la culture, et à la liberté de création, comme il est stipulé par la Constitution, tel est l’objectif du projet « SALAM  pour la prévention de l’extrémisme violent basée sur l’approche droits humains et consolidation de la paix», élaboré par la ligue Tunisienne des droit de l’Homme (LTDH), et mis en œuvre dans les centres de détention juvénile d’El Mghira et El Mourouj, depuis 2017. 

C’est ce qu’a souligné Oumaima Jabnouni, membre du comité directeur  de la LTDH, lors de la conférence de clôture de ce projet , tenue ce mercredi 07 avril 2021, en partenariat avec la direction générale des prisons et de rééducation, et la commission nationale de lutte contre le terrorisme.

Le projet « SALAM  pour la prévention de l’extrémisme violent basée sur l’approche droits humains et consolidation de la paix»», s’appuie sur l’art thérapie en tant que moyen d’amélioration du comportement des jeunes détenus dans ces deux centres. Depuis 2017, ces derniers ont accès à des ateliers de photographie, théâtre, dessin, écriture, chant, et de développement personnel.

L’objectif étant de traiter la problématique de l’extrémisme violent à travers des méthodes interactives, artistiques et culturelles, capables d’améliorer la vision de ces jeunes sur la vie.

Selon Elyes Zalleg, directeur général des prisons et de rééducation, le projet « SALAM » élaboré par la LTDH, fait partie de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. Il vise à faciliter la réinsertion des incarcérés à un âge précoce dans la vie sociale et professionnelle, à travers l’apprentissage  des valeurs humaines qui garantissent la paix dans la société.

« L’ouverture sur d’autres civilisations à travers le théâtre, tout en leur permettant de s’exprimer à travers l’art, sont deux  approches ayant déjà donné des résultats impressionnants dans ces milieux d’incarcération juvénile. Ces méthodes artistiques libèrent leurs esprits des pensées négatives et de l’endoctrinement qu’ils ont reçu à l’extérieur », a-t-il révélé.

 Selon lui, ces jeunes doivent exercer leur droit à la culture même en étant privés temporairement de leur liberté. « Les jeunes détenus ne méritent pas d’être punis deux fois, par la justice et par la société. Ils ont besoin d’encadrement, de soutien, et d’être traités humainement, pour pouvoir  les réadapter positivement avec la société une fois ils ont purgé leurs peines ».

« Certains détenus sont déjà plus apaisés et moins agressifs, ce qui facilite aussi la tâche pour les agents de sécurité, notamment avec l’encombrement des prisons en Tunisie, qui accueillent chaque année, près de 45 000 nouveaux prisonniers», nous a révélé Fathi Jarraya président de l’Instance nationale pour la prévention de la torture.

A cet effet, il a ajouté que cet encombrement provient entre autre du recours à la détention provisoire, dont la période peut dépasser dans certains cas  les 6 ans. « L’arsenal juridique à ce sujet doit être révisé », a-t-il recommandé.

Par ailleurs, pour faire face au surpeuplement de ces établissements de rééducation pour les jeunes, les agents de sécurité ainsi que les employés dans les prisons,  ont aussi reçu des formations continues, concernant la gestion de stress notamment dans les milieux professionnels clos, qui favorisent la violence.

Rappelons que le projet « SALAM » est financé par l’Union Européenne. Il tente d’instaurer une « humanisation » de la période de détention, tant pour les jeunes prisonniers, que pour les professionnels qui accueillent et gèrent les détenus quotidiennement, dans un milieu, jugé dans la plupart des cas hostile, favorisant la violence et l’extrémisme.

A l’issue de cette expérience qui a duré 5 ans dans les centres de détention juvénile d’El Mghira et d’El Mourouj, une étude portant sur l’importance du renouvellement des méthodes de rééducation consolidant la paix dans les milieux carcéraux, est en cours d’élaboration. Elle sera publiée dans deux semaines, a annoncé le président de la LTDH, Jamel Msalem.

Emna Bhira

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Air

Cette action est extrêmement importante. Ce qui serait bien, ce serait de prévenir le problème en intégrant cette idée dans le cursus scolaire de tous. Car même le sport est exercé de manière superficielle dans les collèges et les lycées. Il faut ouvrir l’esprit de nos enfants et leur faire faire du sport, des activités artistiques et culturelles.