Tunisie/ Passation des pouvoirs : L’amertume de Fakhfakh, l’engagement de Mechichi !

03-09-2020

La cérémonie de passation des pouvoirs s’est déroulée ce jeudi 03 septembre à Dar Dhiaffa à Carthage entre le chef du gouvernement sortant, Elyes Fakhfakh, et son successeur, Hichem Mechichi ; un rituel d’alternance démocratique, qui intervient après le passage du gouvernement au parlement à 134 voix favorables, lors de la plénière de vote de confiance, et la prestation de serment hier devant le président de la république, au palais de Carthage.

Comme il est d’usage, la parole a été donnée en préambule, au sortant Elyes Fakhfakh, qui a fait état « de sentiments entremêlés entre la satisfaction, l’inquiétude, l’espoir et la douleur…douleur pour ce qu’il en est advenu de la situation en Tunisie ».

La Tunisie est dans l’œil du cyclone

Fakhfakh qui n’a pas caché son amertume de quitter la Kasbah après une aussi courte période, a alerté sur la situation dans le pays : « la Tunisie achoppe et est menacée par le corporatisme, le sectarisme, les intérêts étriqués…le pays est en train de se perdre entre les mains des opportunistes », a-t-il mis en garde, appelant les forces nationales « à sauver le pays et à lui éviter l’effondrement ».

Le chef du gouvernement sortant s’est félicité de l’effort déployé par son gouvernement contre la pandémie du Coronavirus, et sa réussite à la maîtriser alors qu’elle était à son paroxysme, déplorant les circonstances dans lesquelles est intervenue la chute de son gouvernement. « Alors qu’on planchait sur la préparation d’un plan de sauvetage de l’économie, d’autres planchaient sur la manière de faire tomber le gouvernement. Ils ont réussi à faire chuter le gouvernement, et nous avons échoué à amorcer le sauvetage », a-t-il regretté.

« La Tunisie est au cœur de la tempête, sa paix civile est menacée, elle lutte pour sa souveraineté et le sauvetage de son économie », a-t-il dit, pointant « l’abattement et le désespoir qui y sont grandissants ».

Selon ses dires, « le pays peine à avoir les financements nécessaires, a honte de sa note souveraine, et est miné par la corruption qui a gagné la politique ». « Les cercles de l’argent ont investi dans des institutions vulnérables : parlement, institutions médiatiques, instances indépendantes », etc. , a-t-il souligné, dénonçant l’implication de parties étrangères et leur influence sur la situation intérieure.

Il a estimé que « les problèmes de la Tunisie, ne peuvent-être réglés, qu’en rationalisant et en moralisant la vie politique et en la préservant de l’argent sale ».

Elyes Fakhfkah a, par ailleurs, déploré le dénigrement et les accusations dont il a fait l’objet, signalant qu’il va y répondre une fois, il aura « enlevé l’habit de l’Etat ».

« Permettre à l’économie de reprendre son souffle »

Autre ton, autre humeur, le nouveau locataire de la Kasbah, Hichem Mechichi, a salué « une tradition démocratique, qui est celle de l’alternance au pouvoir, selon la constitution ».

Il a pointé « la persistance de l’instabilité, quelques mois après les élections législatives, ainsi que la dégradation de la situation socioéconomique, et les grandes attentes des Tunisiens, pour voir leur vécu changer ».

Mechichi qui reconnait la difficulté de la situation, a réitéré « l’engagement de son gouvernement à ne ménager aucun effort pour mettre un terme à l’hémorragie et permettre à l’économie de reprendre son souffle ».

Il s’est par ailleurs engagé « à instaurer une coopération constructive avec la présidence de la république, l’Assemblée, les forces vices, partis politiques et organisations », se disant ouvert à la critique et au conseil.

Celui qui était ministre de l’Intérieur dans le gouvernement sortant s’est félicité de l’amélioration de la situation sécuritaire, « malgré la hausse de la cadence des dangers à l’intérieur du pays et sur les frontières », saluant les efforts et les sacrifices des institutions sécuritaire et militaire.

Il a dit la détermination du nouveau gouvernement à lutter contre le terrorisme, et le crime.

Mechichi a, par ailleurs, salué l’armée blanche, les corps médical et paramédical pour les efforts déployés dans cette crise sanitaire.

Des personnalités nationales, l’ancien président de la république, les ex-chefs du gouvernement, les chefs des partis et organisations, le président du parlement, les membres du nouveau gouvernement, et du gouvernement sortant… ont pris part à cette cérémonie qui marque l’investiture de Hichem Mechichi, en tant que 9ème chef du gouvernement, après la révolution.

Gnetnews