Tunisie : Ça coûte cher de porter du neuf le jour de l’Aïd, des astuces pour alléger la facture (Reportage)

28-04-2022

Dès le début de la deuxième quinzaine du mois de Ramadan, les parents se sont lancés dans les préparatifs de l’Aïd el-Fitr, attendu dans les tous prochains jours en Tunisie et dans le monde musulman. Nouveaux habits pour les petits, chaussures, accessoires qui vont avec, et jouets, comme il est de tradition pour cette célébration annuelle. Les ménages, dont le budget est remis à rude épreuve par les dépenses ramadanesques, sont confrontés à la surchauffe des prix dans les magasins d’habillement.

Il faut dire que la bousculade coutumière n’était pas au rendez-vous cette année. En dépit de l’ouverture nocturne des magasins, décidée par la Chambre syndicale nationale du commerce des tissus et du prêt, relevant de l’UTICA dès la mi-Ramadan, les citoyens semblaient désintéressés. En faisant un tour dans les rayons, la plupart était en train de  faire la prospection du meilleur rapport qualité prix, tandis que d’autres sont restés dubitatifs au vu de la cherté des articles choisis.

C’est ce que nous avons constaté suite à notre passage dans un centre commercial de la capitale de Tunis. Les tarifs de vêtements d’enfant, sont comparables à ceux d’adultes. Les pantalons, pulls, chemises, robes, sandales affichent des tarifs qui vont de 30DT à 150DT. Une tenue devrait couter dans les alentours de 150 DT. Même si l’offre est variée et diversifiée, il reste à comparer les prix qui dépendent de la qualité du textile et de la finition.

Les cotonnades, ainsi que les vêtements en lin ou en laine pour bébé et enfant, sont les plus chers, notamment chez les enseignes étrangères. Quant aux produits synthétiques, ils sont présentés à bas prix, dans des boutiques de moyenne gamme, plus sollicitées par les petits budgets…

Afin d’inciter les achats, les vendeurs tentent de convaincre les clients hésitants, et de justifier la hausse des prix. « Ce Jeans est 100% coton, vous pouvez le palper. Même avec des lavages récurrents, il ne perd pas sa couleur, et ne se rétrécit pas », explique une vendeuse à un éventuel acheteur, accompagné de sa femme et d’un bébé qui s’agite dans sa poussette. Peu emballé par le rapport qualité prix, la maman remercie la vendeuse, en l’informant qu’elle repassera.

Dans une autre boutique, les robes de princesse classiques, en tulle, ont été exposées dans les vitrines, les sacs aux petits pois également et les chaussures de chorale. De l’autre côté de la façade consacré aux garçons, les mannequins portaient des T-shirts imprimés, des salopettes et des baskets en miniature.

Dans sa stratégie marketing, cette boutique tente d’impressionner les enfants avant les parents, dès l’entrée, en exposant les tenues les plus attirantes, aux couleurs flamboyantes, et paillettes, dans les vitrines

 

Dans cette boutique, nous avons repéré deux fillettes d’une dizaine d’années tombées sous le charme des robes de princesse, mais la maman n’adhère pas à leurs gouts et aux prix également. En échangeant avec elle, elle nous a révélé que « le gout de la célébration s’estompe de plus en plus avec les années.  Si ce n’était pas une source de bonheur pour les petites, je dirais que ces achats sont désormais source de soucis financiers pour les parents. Un réel calvaire à endurer en cette fin de mois », confie-t-elle avec amertume.

D’autres alternatives pour économiser

Les dépôts de vente, les vêtements de seconde main, et la vente en ligne se présentent désormais comme une autre alternative pour les consommateurs, qui peinent à trouver des articles correspondants à leurs budgets. 

 La forte émergence du commerce en ligne, sur les réseaux sociaux, a fait que plusieurs mamans aient passé leurs commandes, en ligne afin d’économiser.

 Dans des groupes Facebook ou encore sur des pages Instagram, les négociations des prix déjà en rabais, ont également démarré. Dans ces vitrines virtuelles du prêt à porter, les commerçants partagent les photos des tenues, font le descriptif de la marchandise, et l’affaire est conclue quand la livraison serait assurée. Plusieurs inconvénients sont aussi à noter chez ces vendeurs en ligne, en dépit des éventuelles arnaques, les stocks sont limités, et il est impossible d’essayer les pièces avant de les acheter.

D’autres mères de familles avec des budgets plus restreints, optent pour la fripe pour acheter les vêtements de l’Aid. C’est le cas de Feten, femme de ménage et maman de deux adolescentes. Selon elle, le prix du neuf est excessivement cher. « Mes filles vont à la fripe pour dénicher une tenue de seconde main. Sinon, mes employeurs ont eu la gentillesse de me faire don de quelques vieux habits de leurs enfants. Et ils m’ont versé également une prime de l’Aid, une cinquantaine de dinars, que je vais dépenser sur la préparation les pâtisseries traditionnelles de l’Aid. Sans cela, il serait difficile de m’en sortir en cette fin du mois… », nous raconte Feten.

 

Emna Bhira