Produits importés : Les consommateurs en raffolent, au grand dam du made in Tunisia

03-01-2022
Les produites importés inondent les supermarchés...

 Le marché Tunisien est de plus en plus envahi par les produits importés. Dans les commerces, magasins, ou même dans les épiceries du coin, on trouve souvent des articles de différentes provenances, France, Chine, Turquie…affichant des prix élevés et proposés à une population en pleine crise financière, dont le pouvoir d’achat est en perpétuelle détérioration.

Sur les étals des supermarchés et hypermarchés on trouve de tout, fruits exotiques, fromages, poissons importés, chocolats, biscuits, laits fabriqués à l’étranger, et des produits à la limite du superflu, dont les tarifs sont rarement à la portée des Tunisiens…Mais, qu’en est-il des appels à consommer tunisien, et de la rationalisation des produits importés et de luxe ? Pourquoi de tels produits continuent à inonder le marché tunisien ?

L’expert en économie, Pr. Karim Ben Kahla, répond à ces questions dans un entretien accordé à Gnetnews.

Selon lui, la Tunisie a signé plusieurs conventions de libre échange, depuis 1995 avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle mène des négociations autour de  l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), et a adhéré à  la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Ces accords multilatéraux iduisent l’ouverture du marché tunisien, ainsi que la levée des barrières tarifaires et non tarifaires au profit de l’UE et de la Tunisie, qui bénéficiera également de l’accès aux marchés internationaux.

Le problème c’est que suivant ces conventions, il faut se conformer à la règle du jeu : accepter l’éventualité que les produits étrangers puissent envahir nos marchés. Mais est-ce que la marchandise tunisienne est assez compétitive en matière de prix, qualité et innovation, pour  affronter les normes du marché international, ou même local et concurrencer ces produits importés ? C’est la question qui se pose, confirme l’expert.

Pour remédier à la forte présence des produits importés sur nos marchés, Karim Ben Kahla a souligné que l’Etat pourrait opter dans ce cas, pour des politiques « implicitement » protectionnistes, en composant avec les obstacles non tarifaires.

« L’Etat pourrait utiliser un argument de santé, imposer des normes de sécurité alimentaire, pour freiner le flux d’importation des produits nocifs par exemple, qui contiennent un taux élevé de glucose… Ce genre de réglementation sanitaire pour taxer les produits étrangers, a pour objectif de protéger le marché local… ».

Par ailleurs, l’Etat peut recourir aux clauses de sauvegarde des conventions de libre-échange, visant à rééquilibrer les échanges économiques avec un pays, au cas où sa souveraineté économique est menacée. Cette décision à double tranchant, impactera aussi les exports vers le pays concerné, a-t-il précisé.

Selon le professeur en économie à l’Ecole supérieure du Commerce (ESC), l’Etat doit se recentrer sur l’essentiel en optant pour un monitoring en temps réel et  en détail de ses exportations et importations, au cas par cas, pour suivre quotidiennement la balance commerciale du pays, et cela pour repérer quels produits seraient responsables d’une hémorragie de devise, dans le but de limiter les dégâts.

« Cette méthode était utilisée avant 2011, par les ministres et les responsables de l’Etat, ce qui n’est pas le cas cette dernière décennie. Il y a un manque de compétence et un laisser-faire de la part des gouvernements qui sont succédé, ce qui a conduit à une mauvaise gestion des ressources budgétaires de l’Etat », a-t-il déploré. 

Face à cet envahissement des produits étrangers, l’économiste a appelé aussi les consommateurs à opter pour des choix plus patriotiques en effectuant leurs achats. « Entre deux produits de qualité comparable, il faut choisir celui fabriqué en Tunisie », recommande-t-il.

L’engouement des Tunisiens pour les produits de luxe

Malgré la détérioration de leur pouvoir d’achat, les Tunisiens continuent à dépenser leurs petites bourses sur des produits importés, notamment pendant cette toute dernière période de fête. Parfums, cosmétique, vêtements et bien d’autres articles de marques étrangères,  se sont vendus comme des petits pains, en guise de cadeaux de Noel ou à l’occasion du nouvel an. Qu’est ce qui explique cet attachement des citoyens aux produits étrangers, malgré leur cherté ?

D’après le sociologue Tarek Ben Hammouda, c’est généralement la classe moyenne qui tente de s’attacher par tous les moyens à son niveau de vie d’antan, qui a régressé par les conséquences de la crise économique, et qui a empiré avec la crise sanitaire.

Plusieurs s’endettent, en dépensant des sommes qui dépassent leurs capacités financières. D’autres optent pour les paiements par facilité afin de se procurer l’objet qu’ils désirent…Quant aux ménages aux budgets limités, ils ne peuvent pas se permettre ces privilèges, alors qu’ils ont à nourrir leur famille par le peu qu’ils ont, plus des crédits qu’ils doivent rembourser. Pour les classes aisées, investir dans des produits de luxe fait partie de leur mode de vie. C’est essentiellement un problème de la classe moyenne qui se bat pour accéder à ces petits plaisirs…

S’y ajoute cette mentalité ancrée dans notre société, celle de croire que les articles provenant de l’étranger, sont souvent de meilleure qualité, pourtant, les produits fabriqués localement sont en train de gagner du terrain auprès de la clientèle tunisienne, qui préfère rationaliser sa consommation…

Emna Bhira

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Anonyme

C’est au niveau des grandes surfaces et les magasins des marques étrangères qu’il faut agir car ces-derniers prennent de plus en plus d’ampleur .quand à nos produits locaux ,ils sont de tout genre,un malgame où le médiocre domine:c’est ainsi on présente aux consommateurs généralement non avertis, des produits sous des appellations et des natures et qualités différentes ,des exemples comme les préparions alimentaires comme fromages, des boissons aux goûts de fruits et avec des colorants comme des jus de fruits, des chaussures,des produits comme des, chocolats , etc…… Et la liste dans tous les secteurs ,alors que la pub bat… Lire la suite »