Tunisie : Djerba, l’Île de rêves aux histoires multiples

14-11-2022

Ce n’est pas un hasard si c’est l’île de Djerba qui a été choisie pour accueillir le prochain Sommet de la Francophonie, les 19 et 20 novembre prochain.

En effet, elle fait partie des joyaux de la Tunisie, tant au niveau de ses paysages, de son architecture ou de sa culture. Un lieu unique en son genre qui a su, au fil des siècles, rassembler les peuples et les religions autour d’une seule et même valeur, la tolérance.

L’île des rêves…

Djerba, est une île située à l’est de la côte orientale tunisienne. D’une superficie de 514km2, elle constitue la plus grande île des côtes d’Afrique du Nord.

Elle fut traversée par plusieurs civilisations, qui y ont laissé chacune une empreinte qui aujourd’hui donne l’impression que le temps s’y est arrêté. Ulysse aurait traversé Djerba à l’époque et aurait failli interrompre son voyage tellement il était subjugué par son charme. Les Carthaginois y fondent plusieurs comptoirs, les Romains y construisent des villes développant ainsi l’agriculture et le commerce portuaire.

Passée successivement sous domination vandale, byzantine, arabe, ottomane, puis française, Djerba est devenue depuis les années 1960 une destination touristique incontournable de la Tunisie qui lui vaudra plusieurs surnoms, comme « L’île des rêves » ou encore « Djerba la douce », pour son climat doux tout au long de l’année.

Plage de Djerba

Les grandes plages de sable blanc et les eaux turquoises, changeantes en fonction des heures de la journée et des températures, donnent à Djerba un véritable paysage de carte postale digne des plus belles îles du monde. Chaque année, elle continue d’accueillir des milliers de touristes, qui certains l’ont adopté pour toujours. En effet, l’île compte parmi ses habitants de nombreux étrangers, notamment français, venus passer une retraite paisible, loin du tumulte des grandes villes.

L’île de toutes les couleurs

L’île abrite également une petite communauté juive qui comptait autrefois plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ils sont réputés pour s’être spécialisés pour la plupart dans les métiers de  l’artisanat (bijouterie, cordonnerie, couture, etc.).

Nous parlions plus haut de tolérance et Djerba en est l’exemple parfait. En effet, les communautés musulmanes et juives ont vécu pendant plusieurs siècles en parfaite harmonie, malgré le départ massif des juifs de Djerba vers Israël à partir de 1948 et vers la France au lendemain de l’indépendance de la Tunisie en 1956.

Une histoire qui ne cesse aujourd’hui de perdurer, puisque la Synagogue de la Ghriba, située à neuf kilomètres au sud de la principale ville de l’île, Houmt Souk constitue l’un des lieux de pèlerinage le plus important des juifs originaires d’Europe et d’Afrique du Nord accueillant tous les trois ans des milliers de pèlerins.

Synagogue de la Ghriba

Djerba abrite également une église catholique, celle de Saint-Joseph de Djerba, de style maltais, érigée en plein centre de Houmt Souk en 1848 ou 1849. Il existe aussi une église grecque orthodoxe fondée vers 1890, dédiée à saint Nicolas, patron des pêcheurs, et située à proximité du port de Houmt Souk. Cette église fut construite à l’époque où une communauté grecque s’installa sur l’île ; elle était constituée principalement d’artisans et de pêcheurs, en particulier de pêcheurs d’éponges.

Artisanat

L’artisanat de Djerba est riche. Le principal vient du travail de la laine. Des traditions qui se perpétuent de génération en génération, constituant une des principale source de revenu pour les habitants. La couverture djerbienne appelée farracha ou farrachia était célèbre et recherchée.

L’activité de tissage des houlis en coton, laine ou soie naturelle ainsi que des « kadrouns, k’baia, kachabia, wazras et burnous » (habits masculins en laine) joue également un rôle important.

Le quartier de Guellela est lui connu pour ses poteries, tradition remontant à l’époque romaine. Des articles qui sont aussi bien utilisés pour tous les jours pour la vaisselle notamment ou comme objets décoratifs.

La bijouterie demeure aussi une activité emblématique de l’île. Les  nombreuses bijoutiers de Houmt Souk proposent des bijoux en argent émaillé ou à filigrane d’or.

Autre activité artisanale réputée à Djerba, la vannerie, dont la matière première est constituée des jeunes feuilles de palmiers. Revenus aujourd’hui en force à la mode les sacs, couffins (koffa) et chapeaux, plus communément appelés « m’dhalla » restent des articles vendus aussi bien aux habitants de l’île qu’aux touristes.

Habit et « M’dhalla » traditionnel Djerbien

Une exposition artisanale sera organisée au Village Artisanal de Houmt Souk à Djerba du 13 au 21 novembre 2022 par l’Office National de l’Artisanat Tunisien (ONAT), et ce en marge du 18ème Sommet de la Francophonie.

Gastronomie

On ne peut pas parler de Djerba sans parler gastronomie. D’abord, le plat le plus connu est bien sur le riz djerbien, « rouz jerbi » en dialecte tunisien. Il s’agit de riz mélangé à de l’épinard, du persil, de l’oignon et de l’ail. Il peut se déguster avec de la viande rouge, du poulet ou du poulpe.

Les Djerbiens sont aussi friands de poissons, de poulpes (frais ou séchés), de seiches et de calmars. On les mange aussi farcis, mélangés à des herbes permettent de préparer un plat de couscous ou de riz.

Un peu partout dans la rue, on trouve des vendeurs de petites anchois séchées, aussi appelées «Ouzaf ».

Riz Djerbien

Au petit déjeuner, les habitants de l’île consomment régulièrement ce qu’ils appellent les « Zamitas ». C’est une préparation épicée accompagnée de légumes tels que des navets ou des carottes ou encore poivrons.

La chakchouka au potiron et aux fèves est aussi un plat typique de l’île et que l’on peut trouver dans la plupart des restaurants traditionnels.

Wissal Ayadi