Tunisie : Les étudiants en quête de logement, les loyers s’envolent, recours forcé à la colocation !

En ce début de septembre, une préoccupation grandissante émerge pour les étudiants : trouver un logement pour la rentrée universitaire. Dans le Grand-Tunis notamment, les prix des locations s’envolent rendant la tâche difficile et suscitant des inquiétudes quant à la stabilité financière des jeunes qui veulent seulement étudier sereinement.
Reste encore les foyers publics et privés dont les places sont rares et les conditions d’hygiène pas toujours évidentes.
Flambée des loyers
Alors que les résidences et foyers universitaires ne peuvent pas répondre à la demande croissante d’hébergement, les étudiants sont souvent contraints de se tourner vers le marché locatif. Pour beaucoup, cette démarche s’avère être un casse-tête, marqué par la recherche d’options abordables et de conditions de logement acceptables. Sarah, étudiante en sciences économiques à Tunis, partage son expérience : « Trouver un endroit où vivre qui soit proche de mon université tout en restant dans mes moyens est devenu un véritable défi. Les loyers élevés limitent mes options », s’inquiète-t-elle.
En parcourant les offres et annonces sur la toile, il est difficile de trouver un logement convenable à moins de 400DT, surtout près des structures universitaires. Par exemple, un S+1 dans la ville de Radès est proposé pour les étudiants à 480DT. Pour le même type de bien, dans la banlieue nord de la capitale, il faudra compter au minimum 800DT.
Ainsi, de nombreux étudiants se tournent vers la colocation et les propriétaires l’ont bien compris n’hésitant pas à proposer des appartement spécialement conçu pour la colocation entre étudiants. Mais là aussi les prix s’envolent. Lors de nos recherche sur le web, il est proposé une chambre individuelle à la Manouba, près du campus universitaire au prix de 350DT ! Une somme qui reste excessive pour des étudiants qui souvent sont issus de milieux modestes et qui ne peuvent pas forcément travailler en même temps que leurs études.
Une demande croissante
Du côté des agents immobiliers, la période précédant la rentrée universitaire est synonyme d’une activité accrue. Hichem, agent immobilier dans le Grand-Tunis, explique : « Chaque année, à cette période, nous constatons une forte demande de la part des étudiants et de leurs familles. Ils cherchent des appartements et des studios à louer qui soient abordables et proches des campus universitaires. Cela crée une concurrence accrue sur le marché et peut influencer les prix. »
Mme Najet est propriétaire d’un appartement à louer à proximité du campus universitaire Tunis-Manar partage son point de vue : « Les mois d’août et septembre sont les plus actifs pour moi en tant que propriétaire. Les étudiants affluent pour trouver un logement près du campus, ce qui peut influencer les prix dans ces quartiers. Pour ma part je loue un S+2 pour 750DT et je privilégie uniquement les filles, car je sais qu’elles sont plus sérieuses que les garçons. Je pourrais louer plus, mais j’essaye d’encourager les étudiants. La vie n’est pas facile pour eux aussi », nous dit-elle.
Certaines cités et quartiers sont davantage touchés par cette flambée de la demande locative. Des zones proches des universités ou dotées d’une bonne infrastructure de transport en commun deviennent des zones de prédilection pour les étudiants. C’est le cas notamment de la Manouba, de l’Ariana ou Le Bardo.
Foyers publics et privés
Pour ceux qui ne peuvent pas se payer un appartement individuel, reste l’option des foyers publics et privés. Sur le site d’une université privée de Tunis, une liste des foyers privés avec les tarifs est affichées afin d’orienter les étudiants.
Ainsi, selon ce tableau un lit dans un foyer privé se négocie entre 160DT et 390DT, en fonction du standing et du nombre d’occupants de la chambre. Amina, étudiante en droit à Tunis, a fait le choix de louer une place dans un foyer universitaire privé pour la première fois cette année. Elle partage son expérience et les raisons qui l’ont conduite à prendre cette décision.
« La recherche d’un logement convenable à proximité de mon université était devenue une source de stress », raconte Amina. « Je suis originaire d’une ville différente et je voulais éviter de passer des heures en déplacement chaque jour. De plus, les annonces de location que je trouvais étaient souvent hors de mon budget. »
C’est en discutant avec d’autres étudiants qu’Amina a entendu parler des foyers universitaires privés. « Au début, j’étais sceptique », admet-elle. « Je pensais que ce serait trop cher et que les installations ne seraient pas aussi bonnes que ce que j’espérais. Mais après avoir visité quelques foyers, j’ai été agréablement surprise. »
« L’emplacement était l’un des principaux avantages », explique-t-elle. « Cela signifiait que je n’aurais pas à passer des heures dans les transports en commun chaque jour. De plus, le foyer offrait des chambres confortables, une connexion Internet fiable et des espaces communs pour étudier et se détendre. »
Bien que le coût soit légèrement plus élevé que ce qu’Amina aurait payé pour une location classique, elle estime que les avantages l’emportent sur les inconvénients. « Le fait de ne pas avoir à gérer les factures d’eau, d’électricité et d’Internet séparément est un soulagement », dit-elle. « De plus, vivre dans un environnement où la plupart des résidents sont des étudiants crée une ambiance conviviale et encourageante. »
Largement critiqué pour leur hygiène et le confort qui laisse à désirer les foyers publics font face à une demande de plus en plus accrue. Une raison qui a poussé les autorités à prendre des mesures fin d’augmenter le nombre de place.
Ainsi, le ministre de l’enseignement supérieur a annoncé récemment le renforcement de la capacité des foyers universitaires par l’ajout de 1200 lits supplémentaires. Et ce après réception de bâtiments qui ont été rénovés ou ayant bénéficié d’extensions. Le ministre a assuré que le département a pu répondre favorablement à plus de 80%des demandes d’hébergement, sur les trois années passées. A noter que le lit est facturé à 10 DT pour l’étudiant, alors que son coût réel se situe entre 100 et 110 DT.
Wissal Ayadi