Kaïs Saied opte pour Elyes Fakhfakh, le choix de la dernière chance !

21-01-2020

Le nom de la personnalité jugée la plus apte à former un gouvernement, a été enfin dévoilé hier soir, après un long suspens, et quelques heures à peine avant l’expiration des délais constitutionnels de dix jours.

Le président de la république a opté pour l’ex-candidat à la présidentielle, et ancien ministre du Tourisme et des Finances dans les deux gouvernements de la troïka, Elyes Fakhfakh et lui a confié la tâche de former un cabinet, dans un délai ne dépassant pas un mois, à compter de ce mardi 21 janvier 2020.

Un délai qui n’est pas reconductible, selon le paragraphe 03 de l’article 89 de la constitution.

Cette désignation intervient à l’issue d’une série de concertations écrites menées par le président de la république, avec les partis, les blocs et les coalitions à l’Assemblée, et après les rencontres avec les responsables des plus importantes organisations nationales, et de personnalités qui ont été candidates à ce poste, souligne Carthage dans un communiqué.

La présidence indique que ce choix intervient en respect de la volonté des électeurs, exprimée lors des élections législatives, ainsi que des suggestions présentées par les partis, coalitions et blocs parlementaires et les correspondances qu’ils ont adressées.

Le gouvernement qui sera formé ne sera pas celui du président, mais celui auquel l’Assemblée des représentants du peuple, va accorder la confiance, précise-t-il.

Un nombre non négligeable des membres de l’Assemblée ont proposé le nom du chef du gouvernement, et le dernier mot appartient à la seule assemblée, lorsque le gouvernement aura été soumis, avec l’ensemble de ses membres à une séance plénière, souligne la présidence. Aussitôt formé, le gouvernement proposé devra être soumis à l’Assemblée des représentants du peuple pour obtenir la confiance.

La désignation d’Elyes Fakhfakh intervient après le rejet par l’Assemblée de la composition gouvernementale proposée par le candidat d’Ennahdha, Habib Jemli, lors de la plénière du 10 janvier dernier. Le dirigeant d’Ettakatol devra réussir là où son prédécesseur dans cette mission a échoué, en formant un gouvernement à même de s’attirer les grâces d’un paysage politique hétéroclite, et s’entourer d’un large cordon politique, pour d’abord, parvenir à franchir le cap au parlement et ensuite, s’assurer durabilité et stabilité, conditions sine qua non pour qu’il puisse s’acquitter de sa mission comme il se doit, régler les innombrables et épineuses urgences dans le pays, mener les réformes structurelles nécessaires, notamment sur le plan socio-économique, et répondre ainsi aux attentes populaires pressantes.

Le successeur désigné de Youssef Chahed n’a pas le droit de rater le coche, le temps joue contre lui, et son échec à quelque étape que ce soit, du processus de formation ou de validation du futur gouvernement, signifie l’acheminement de la Tunisie vers des législatives anticipées, et le prolongement de cette période creuse, profondément nuisible au pays.

A ce stade, les réactions à sa désignation sont mitigées. Candidat de Tahya Tounes, et soutenu par le courant démocrate, sa nomination semble faire grincer des dents au sein des deux partis majoritaires à l’Assemblée, Ennahdha et Kalb Tounes, qui lui ont préféré Fadhel Abdelkefi, et en second lieu, Hakim Ben Hammouda.

Le choix de Fakhfakh suscite-t-il, aussi, des réticences au sein de la coalition de la dignité, sont son chef de file, Seïfeddine Makhlouf s’est dit étonné que c’est lui qui soit désigné, alors qu’il n’est soutenu que par 37 députés à l’Assemblée.

En optant pour Elyes Fakhfakh, le président de la république semble avoir fait le choix de la rationalité, en cherchant à partager le pouvoir exécutif avec l’un des compagnons du fondateur d’Ettaktol et président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfar, dont la famille politique s’inscrit dans le legs réformiste et moderniste de la Tunisie, celle de la social-démocratie, et qui a jusque-là témoigné une foi inébranlable dans les valeurs de la révolution.

Gnetnews