Tunisie : Elyes Fakhfakh oppose un Niet à Rached Ghannouchi sur l’élargissement de la coalition

15-06-2020

Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a affirmé dimanche que la Tunisie l’a emporté contre l’épidémie du Coronavirus, et s’en est sortie avec le moins de dégâts, grâce à ses propres moyens. D’autres pays peuvent apprendre de l’expérience tunisienne en matière de lutte contre cette pandémie, s’est-il enorgueilli, imputant la réussite à la stratégie adoptée basée sur « l’anticipation », et à la discipline des Tunisiens qui se sont conformés au confinement total, a fortiori lorsque le risque de transmission du virus était élevé.

Dans une interview accordée, dimanche soir, à la chaîne Attassia, Fakhfakh a fait état de difficultés économiques et financières postérieures au Coronavirus, prédisant un taux de croissance de –4,3 % sur l’année 2020. Le chef du gouvernement a alerté sur le taux d’endettement ayant atteint 60 %, ce qui signifie que « le pays est hypothéqué à l’étranger. » « Pour un pays qui se respecte, le taux d’endettement ne devra pas dépasser les 30 % », a-t-il dit, promettant de rompre avec la politique de la dette.

Fakhfakh a affirmé que la situation des finances publiques est extrêmement critique, et on ne peut continuer dans la même voie. « On ne mènera pas le pays à l‘aventure, pour le conduire à la faillite, en étant incapable d’en payer la dette et les salaires », a-t-il indiqué.

Il a exclu tout problème, à ce stade, dans le paiement des salaires, signalant que « les augmentations salariales ne peuvent être poursuivies, car les finances publiques ne le supportent plus ».

Fakhfakh a exclu « toute intention d’élargir le cordon politique du gouvernement à ce stade », signalant que le gouvernement est passé par une période difficile et a réussi.

Réagissant à l’appel du mouvement Ennahdha qui réclame un élargissement de la ceinture politique du gouvernement et le ralliement de Qalb Tounes, il a rétorqué que « la coalition gouvernementale sera élargie, lorsqu’elle échoue, ce qui n’est pas le cas : La coalition réalise une réussite et il n’y a pas lieu de l’élargir », a-t-il dit, affirmant qu’il est en train de trouver les consensus et les convergences pour la consolider.

Il a ajouté que « le mouvement Ennahdha est un partenaire au pouvoir, et le gouvernement n’est pas le sien, il y a d’autres parties et partenaires au sein du gouvernement ».

Fakhfakh a reconnu que des désaccords l’opposent, parfois, au président du parlement, Rached Ghannouchi, excluant toute rupture. « Rached Ghannouchi est un chef de parti, ce qu’il considère comme étant utile pour son parti, qu’il le fasse », a-t-il souligné, rappelant que « ce n’est pas Ennahdha qui l’a nommé ou en a proposé le nom à la présidence du gouvernement ».

Il a exclu que le président de la république lui a imposé quoique ce soit, en le nommant à la Kasbah, affirmant « partager avec le chef de l’Etat les mêmes valeurs et le même rêve pour la Tunisie ».

Le chef du gouvernement a fait état de cohésion au sein du gouvernement, reconnaissant qu’il y ait encore des problèmes au sein du parlement  ; « des efforts restent à faire pour instaurer la confiance ».

Elyes Fakhfakh a nié toute intention de créer un parti politique ou un bloc parlementaire, affirmant être venu pour « remettre la Tunisie sur la bonne voie et la réformer ». Il a ajouté n’en avoir cure d’une motion de censure contre son gouvernement.

Fakhfkah a critiqué l’ambiance dans laquelle s’est déroulé le débat autour des motions (du PDL et de la coalition de la diginté) à l’Assemblée, la cacophonie que ça a créé et l’image que ça a donné, selon laquelle « on serait pour l’intervention en Libye et contre les excuses de la France pour la période coloniale ». « Ces questions-là se traitent dans le calme et l’apaisement », a-t-il prôné.

Gnetnews