Tunisie : « Il a fermé le CSM, nous fermerions les tribunaux » (Messaoudi)

07-02-2022
Mourad Messaoudi

Le président de l’association des jeunes magistrats, Mourad Messaoudi, a affirmé ce lundi 07 février, qu’ »il n’y a pas lieu de revenir en arrière, soit à une magistrature sous l’autorité du pouvoir exécutif, comme c’était le cas avant 2011″, accusant le président de la république, « d’avoir fait une contre-révolution au sein de la magistrature ».

Intervenu en ce début d’après-midi sur Mosaïque, le magistrat a fustigé « la décision de Kaïs Saïed d’avoir annoncé la dissolution du conseil du supérieur de la Magistrature, et d’avoir mis un blocus dessus, aujourd’hui ».

Le siège du CSM a été fermé aujourd’hui même par les forces de l’ordre, et ses membres, ainsi que les administratifs ont été empêchés d’y accéder.

Messaoudi a ajouté que le bureau exécutif de l’association propose la fermeture des tribunaux, en riposte à la dissolution et la fermeture du CSM, « une décision que l’association va soumettre à ses adhérents, lors d’une assemblée générale ».

Le jeune magistrat a, par ailleurs, exclu les accusations de corruption, dirigées par Kaïs Saïed aux magistrats. « Si le chef de l’Etat détient des dossiers de corruption sur des magistrats qu’il les transmette au Conseil supérieur de la Magistrature, celui-ci prendrait des décisions disciplinaires immédiatement contre les personnes en question, et pourrait même les suspendre ».

Il a par ailleurs, précisé que le CSM s’occupe de la magistrature et n’a rien à voir avec les affaires en justice.

Selon ses dires, « le président ne reconnait pas le pouvoir judiciaire, et a déclaré lui-même que la magistrature est une fonction ». « Kaïs Saïed veut présider le CSM, en étant représenté en son sein par la ministre de la Justice ».

Le président de l’association des jeunes magistrats a, par ailleurs, affirmé que « Kaïs Saïed n’a pas les prérogatives l’habilitant à dissoudre le CSM ». La loi organique régissant le CSM et l’article 102 de la constitution y inhérent, ne peuvent être amendés par des décrets lois, a-t-il considéré.

S’agissant de la position du bâtonnier de l’ordre des avocats, qui a déclaré que le CSM n’a pas été supprimé, mais sa composition a été revue, le magistrat a répondu que « Ibrahim Bouderbela est versatile et change ses positions, selon les circonstances ».

Chose démentie par le bâtonnier, présent dans la foulée sur la même radio.

Me Bouderbela a affirmé son attachement au Conseil supérieur de la Magistrature, tout en étant favorable à la révision de sa composition, appelant à ce que toutes les parties prenantes contribuent à la réforme de la magistrature.

Ce faisant, Mourad Messaoudi a annoncé que son association allait saisir les Nations-Unies, après la dissolution du CSM par le chef de l’Etat.

Gnetnews