Tunisie : Pro et anti-Saïed, deux tendances irréconciliables, la situation risque de dégénérer

04-10-2021

Hier dimanche 03 octobre, des manifestants et sympathisants de Kaïs Saïed ont investi la rue tunisienne. Aussi bien à l’avenue Habib Bourguiba, que dans les régions intérieures, des Tunisiens, de tous les âges et de tous les horizons, se sont rassemblés pour apporter leur soutien au président de la république, et à ses dispositions exceptionnelles, annoncées au soir du 25 juillet, et corroborées le 22 septembre, à travers la parution du décret 117.

Les manifestants ont appelé le chef de l’Etat à aller de l’avant en matière de lutte contre la corruption, en ouvrant les dossiers en instance à ce sujet. Ils ont réclamé la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple, désormais suspendue sine die, et les indemnités et privilèges de son président et ses membres, gelés.

Les partisans du président ont, par ailleurs, fustigé la classe politique ayant gouverné pendant les dix dernières années, la tenant pour responsable, de la dégradation généralisée dans le pays, ainsi que de la précarisation et la paupérisation grandissantes.

Points de jonction ?

Fait surprenant et largement condamné, notamment sur les réseaux sociaux, la pancarte brandie lors de ce mouvement, comportant une liste de personnalités politiques et civiles, qualifiées de traitres pour avoir exprimé une position critique envers les décisions du Président, et la concentration de tous les pouvoirs entre ses mains : Hamma Hammami, Néjib Chebbi, Jawher ben M’Barek, Moncef Marzouki, Ennahdha, …et autres font partie de cette liste. Un geste dénoncé par le parti des travailleurs.

Dimanche a vu, également, l’interdiction d’une réunion de la campagne des « Citoyens contre le coup d’Etat », qui devait se tenir à Boumhel. Suite à quoi, son chef de file, l’universitaire et figure de la société civile, Jaouher Ben MbarkeK a annoncé un recours en justice contre le ministère de l’Intérieur et une grande manifestation le dimanche 10 octobre. « Ce sera une réponse retentissante, lors d’une manifestation imposante contre le coup d’Etat, pour la défense de la république et de la liberté », a-t-il écrit sur sa page officielle, Facebook.

Désormais, l’on semble être devant deux Tunisie manifestement irréconciliables, qui se relaient d’un dimanche à l’autre dans la rue, pour exprimer le bien-fondé de leur position, et rejeter l’avis contraire.

Globalement, les uns défendent les acquis démocratiques et constitutionnels, et fustigent la propension au retour au pouvoir personnel et despotique ; les autres réclament des droits économiques et sociaux, ainsi que justice et dignité, des slogans scandés il y a dix ans, et qui sont restés un vÅ“u pieux.

Le pari majeur est de faire prévaloir les points de jonction entre les deux camps, de les réconcilier et de rassembler l’ensemble des Tunisiens autour d’un projet commun à même de préserver le processus démocratique, tout en répondant aux urgences socioéconomiques, et d’éviter ainsi que la situation ne dégénère, et que les joutes oratoires et les violences verbales ne tournent à des actes de violence attentatoires à l’intégrité physique des personnes.

Gnetnews