Tunisie : Saïed réclame un inventaire sur les crédits et donations, où sont allés les milliards venus de l’étranger ?

29-10-2021

Le président Kaïs Saïed a demandé ce jeudi 28 octobre à la ministre des Finances « d’établir un inventaire détaillé des crédits et donations accordés à la Tunisie au cours de ces dernières années ».

Dans une allocution prononcée à l’ouverture du Conseil des ministres, consacré notamment à la situation économique et financière, et aux équilibres budgétaires, Saïed s’est interrogé : où est allé l’argent ?

« A l’heure où nous sommes face à une situation financière difficile, nous devrons savoir qu’en est-il advenu des dettes venues de l’étranger. Des milliards ont été injectés en Tunisie, sans qu’ils n’aient eu d’impact sur la réalité », a-t-il déploré.

« Je sais que certains de ces fonds ont été transférés à l’étranger, l’argent du peuple doit revenir au peuple », a-t-il dit, signalant que « chacun doit assumer sa responsabilité ».

Le chef de l’Etat a, par ailleurs, appelé « à définir les suites légales qu’induisent ces vols », appelant « les magistrats honorables à ne pas hésiter à appliquer la loi à tous, sur un pied d’égalité, et sans exception. »

« Tous les citoyens sont égaux et personne n’a d’immunité pour être en dehors de la loi et de la reddition des comptes », a-t-il dit.

Saïed a appelé « tous les patriotes sincères à assainir le pays de ceux qui en ont abusé des ressources ».

Il a affirmé que la Tunisie allait « compter sur ses propres moyens, récupérer ces fonds, et réaliser les espérances de notre peuple en matière d’emploi, de liberté et de dignité ».

« Nous allons avoir recours à l’aide de ceux qui nous respectent et considèrent la Tunisie, comme un pays souverain. Nous ne voulons pas de d’empathie sans respect, nous voulons du respect même sans empathie », a-t-il asséné.

Le chef de l’Etat a évoqué la question des semences, qui est un attribut de souveraineté. « Nulle souveraineté pour un peuple qui consomme des semences venant de l’étranger », a-t-il souligné, indiquant que « les responsabilités allaient être assumées par ceux qui sont à l’origine de la situation actuelle ».

Saïed a, par ailleurs, affirmé que le décret-loi relatif à la réconciliation pénale est prêt et sera étudié davantage avant de paraître, lors d’un prochain Conseil des ministres.

Il a, également, évoqué un projet de décret-loi portant sur « le raccourcissement des délais nécessaires pour trancher les rapports de la Cour des comptes, inhérents aux élections législatives et à la présidentielle de 2019″, signalant qu’ »il n’y a pas de sens à des jugements émis après des décennies, sans implication légale, et appelant la justice à jouer pleinement son rôle en la matière ».

Saïed s’est, par ailleurs, arrêté « aux domaines de l’Etat », signalant qu’ »un nouveau type de sociétés allait être créées pour permettre aux citoyens d’exploiter les terres, afin que la propriété revienne au peuple, et n’elles ne soient pas cédées à bas prix. »

S’agissant de la situation environnementale en Tunisie, en général, et dans le gouvernorat de Sfax, en particulier, le président a incité à surmonter toutes les entraves, « en vue de trouver une solution rapide à cette situation inacceptable ».

Un projet de décret-loi relatif  aux familles des martyres de la révolution et ses blessés est en cours d’élaboration, et sera soumis à un prochain conseil des ministres, a-t-il indiqué.

Le chef de l’Etat a ordonné à la ministre de la Justice de préparer un projet de loi régissant le Conseil supérieur de la Magistrature.

Le chef de l’Etat n’a pas manqué de tacler ses détracteurs : « C’est un paradoxe que ceux qui ont applaudi les dispositions du 25 juillet se soient transformés en opposants ».

Gnetnews