A quoi ressemblera le gouvernement Fakhfakh II censé sortir la Tunisie de l’ornière ?

08-06-2020

Au sortir de la crise du Coronavirus, la Tunisie se retrouve face à d’innombrables urgences socioéconomiques, qu’elle doit s’atteler, sans plus tarder, à régler.

Comme la majorité des pays du monde, le nôtre sort affaibli de cet épisode pandémique, dans la mesure où il a dû décréter le confinement total, et arrêté net son activité économique pendant près de deux mois.

L’épidémie est derrière nous

Cette troisième et dernière phase dite de confinement ciblé marque un retour à la normale quasi intégral. La reprise de la double séance dans l’administration, initialement prévue, pour le 15 juin, a été avancée d’une semaine, pour débuter ce lundi 8 juin, date qui marque, également, la rentrée universitaire.

L’épidémie est donc derrière nous, les bons résultats en la matière se confirment de jour en jour. La Tunisie n’a pas enregistré de nouveaux cas ces derniers jours.

« La situation épidémiologique est rassurante, et il n’y a plus de contamination locale, en l’état actuel », a réitéré ce lundi 8 juin, la directrice de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, (ONMNE), Nissaf Ben Alaya.

Comparée à la majorité des pays de la planète où la pandémie a frappé fort, la Tunisie a eu la chance, pour une multitude de facteurs et grâce à une miséricorde divine, de s’en sortir avec de moindres dégâts.

La crise sanitaire laissera néanmoins des séquelles graves d’ordre socioéconomique. Le pays qui croule déjà sous le poids des problèmes de différentes sortes, sort fier mais fatigué du Coronavirus. Elyes Fakhfakh, a, lui-même alerté en fin de semaine, sur les difficultés économiques, financières et sur la pauvreté extrême qui rongent le pays.

Pour une trêve des hostilités

Le chef du gouvernement a appelé à mettre un terme aux querelles, tiraillements et aux problèmes marginaux qui n’intéressent pas les Tunisiens, et à concentrer les efforts sur les questions de fond. Son appel semble, hélas, avoir peu de chances d’être écouté, au regard de la bataille rangée que se livrent certaines composantes du gouvernement, et qui s’est pleinement illustrée lors de la plénière de mercredi 03 juin au parlement.

Noureddine Bhiri a qualifié ce lundi le vote de certains membres du mouvement Echaâb pour la motion d’Abir Moussi, comme un coup de poignard dans le dos envers Ennahdha.

Le fait que la signature d’une trêve des hostilités, proposée par Fakhfakh sous l’appellation du « document de stabilité et de solidarité » à même d’apaiser les rapports entre les composantes de sa coalition, enchaîne les reports et n’ait pu avoir lieu, en dit long sur l’état de délitement de l’entité gouvernementale, censée regarder dans la même direction et mettre en œuvre le même programme.

Ennahdha explique son refus de signer ce document par le fait qu’il veut lier les rapports au sein du parlement, à ceux au sein du gouvernement, alors que l’engagement en perspective repose sur la seule harmonie gouvernementale.

Le mouvement est, à son tour, accusé de faire cause commune au parlement avec Qalb Tounes, et d’en être beaucoup plus proche que de ses alliés du gouvernement. Ce qui n’est pas tout à fait faux.

Le pragmatisme de Nabil Karoui

Le parti de Rached Ghannouchi qui plaide pour l’élargissement de la ceinture politique et l’ouverture, est pour le ralliement de Qalb Tounes au gouvernement. Nabil Karoui a lui-même déclaré hier que son parti allait se battre pour entrer au gouvernement, car les Tunisiens les ont élus pour gouverner et non pour demeurer dans l’opposition. Le président de Qalb Tounes a fait montre de pragmatisme, affirmant avoir le bon programme et les bonnes solutions pour sortir la Tunisie de l’ornière.

Rached Ghannouchi reviendra ce soir sur ce sujet sur Nessma ; il donnera un avant-goût de la coalition Fakhfakh II, telle qu’il la préconise et essaiera d’en convaincre le locataire de la Kasbah. Le président de l’Assemblée dira les vertus de l’unité nationale pour assurer la stabilité politique, préalable sine qua non pour que le gouvernement puisse engager son programme.

En procédant de la sorte, Ennahdha aura soit mis au pas le mouvement Echaâb, et permettre l’entrée d’une nouvelle composante au sein de la coalition, soit acculer les collègues de Maghzaoui à quitter le gouvernement pour les remplacer par des ministres de Qalb Tounes.

Tous les scénarios restent possibles, Ennahdha pourrait au cas où ses conditions seraient rejetées, claquer la porte du gouvernement. Les négociations entre le mouvement et Fakhfakh s’annoncent rudes et interviennent à l’heure où le gouvernement planche sur son plan de relance économique qu’il compte présenter le 25 juin devant le parlement, pour sortir la Tunisie de ses difficultés actuelles.

H.J.