« A’SIMA Tunis », un projet pour faire de la capitale, une véritable métropole durable
Depuis février 2020, la ville de Tunis s’est engagée dans un projet appelé « A’SIMA Tunis », soit « Tunis Capitale ». Un programme destiné à transformer le visage de Tunis afin qu’elle devienne une véritable métropole durable.
Ce projet a été initié par la municipalité de Tunis en partenariat avec MedCities, un réseau de villes méditerranéennes et la Métropole de Barcelone ; il s’étendra sur 4 ans.
2,8 millions d’habitants résident dans le Grand-Tunis
Parmi les principaux objectifs de ce programme figure en priorité la gestion des déchets. A cet égard, une conférence a été organisée ce mardi à la Municipalité de Tunis. Il a été question de faire un diagnostic afin d’évaluer les solutions qui pourraient être apportées afin d’améliorer cette problématique.
Le Grand-Tunis c’est 38 communes et 2,8 millions d’habitants, soit un quart de la population de tout le pays. Ainsi, la quantité de déchets générée est importante, d’où les problèmes rencontrés dans la gestion de ceux-ci. En effet, il n’aura échappé à personne que l’enlèvement et le traitement des déchets demeure encore un défi à relever.
D’après le diagnostic établi par le municipalité de Tunis, le Grand-Tunis produit chaque année 923.235 tonnes de déchets (tous types confondus), soit 2529 tonnes par jour…pour une seule décharge, celle de Bork Chakir et dont les dysfonctionnements sont nombreux et la fermeture inévitable. En effet, cette dernière arrive inexorablement à son niveau maximal d’exploitation.
Pourtant, depuis plus de 10 ans, les différents gouvernements promettent de s’attaquer à la question de la fin de l’enfouissement des déchets afin de s’orienter vers la valorisation et la création d’unités pour produire de l’énergie à partir des déchets… Au lieu de ça, le ministère et l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED) continuent à prolonger les contrats d’exploitation, au grand désarroi des habitants des quartiers alentours qui subissent les conséquences désastreuses de ce dépotoir à ciel ouvert.
D’après Mohamed Bouaoun, expert en gestion des déchets et auteur du diagnostic, « aux vues des quantités de déchets produits, le Grand-Tunis dispose d’un potentiel important pour la valorisation des déchets »:
Plastiques: 100.271 tonnes/an
Textiles: 78.811 tonnes.an
Papiers/cartons: 91.281 tonnes/an
Métaux: 17.981 tonnes/an
Verres: 9310 tonnes/an
Ainsi, grâce à la participation de la Tunisie dans le projet MedCities, la ville de Tunis a pu obtenir une enveloppe de près de 800.000 euros afin de créer des projets de valorisation des déchets.
Ce projet pourrait en effet venir en aide aux 38 communes qui composent la capitale qui peinent à gérer la collecte des déchets. En effet, dans certaines communes, le taux de collecte est limité à 75%, faute de moyens humains et matériels. Mais aussi à cause de l’étendue importante de certaines zones qui sont constituées à la fois de quartiers urbains et ruraux.
En ce qui concerne le tri sélectif, la maire de Tunis, Souad Abderrahim, a fait savoir que la municipalité avait tenté une expérience pilote afin de développer cette stratégie. « Ce projet a été un succès au niveau des habitants qui se sont impliqués pleinement dans la démarche et ont effectué correctement leur tri. Ces déchets ont été stockés pendant plusieurs mois dans les centres techniques et ont fini, comme tous les autres déchets dans la décharge de Borj Chakir », a-t-elle affirmé.
Ainsi, le principal problème ne vient pas de la volonté des communes, mais bien d’un manque de stratégie nationale quant à la valorisation des déchets, qui est inexistante en Tunisie. Il est donc urgent que les autorités prennent cette question plus au sérieux afin d’en finir avec l’enfouissement des déchets, source de problèmes environnementaux de santé et de révolte sociale, comme cela a été le cas, il y a quelques semaines, avec l’affaire de la décharge de Agareb dans le gouvernorat de Sfax, qui a mené à des violences, provoquant la mort d’un manifestant.
Wissal Ayadi