La Tunisie devra revoir sa politique d’approvisionnement de céréales, les prix des pâtes alimentaires et de l’essence risquent d’exploser (IACE)

10-03-2022
Céréales

L’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) vient de faire paraître un document autour des conséquences de la guerre en Ukraine sur l’économie tunisienne, notamment en termes d’approvisionnement en céréales.

La Tunisie fait partie des pays vulnérables, du fait des faibles capacités de stockage et des difficultés budgétaires qu’elle traverse, sans compter que le pays fait face à une vague de sécheresse qui se prolonge depuis 3 ans et qui affecte sa production agricole, souligne cette étude intitulée «La guerre en Ukraine : Impact et mesures à prendre».

Le cours du blé tendre a bondi à 345 euros la tonne et 400 euros la tonne pour le blé dur cette semaine, sachant que les prix à terme sont plus élevés laissant prévoir une augmentation continue des prix à court terme.

La Tunisie est fortement dépendante en matière de céréales, important 84 % de ses besoins de blé tendre, environ 40% pour le blé dur et 50% pour l’orge.

L’Ukraine était jusque-là un fournisseur privilégié de la Tunisie avec le Canada et l’Union Européenne et il faudra nécessairement revoir notre politique d’approvisionnement, d’autant que le pays souffre d’une insuffisance chronique au niveau des capacités de stockage, limitées à 3 mois, souligne l’IACE.

Le niveau des cours actuels du blé et des autres céréales pourrait conduire à une charge supplémentaire en matière de compensation de l’ordre de 1,3 Milliards de Dinars, à comparer à la charge initialement prévue au budget de l’Etat de 2,2 Milliards de dinars pour la compensation des produits de première nécessité.

Sans compensation, les cours actuels des céréales sur le marché mondial provoqueraient une augmentation du prix des pâtes alimentaires estimée à 160 millimes le kilogramme, soit une augmentation de 20% par rapport aux prix actuels. Cette augmentation pourrait atteindre 200 millimes au kilogramme si les prix continuent à évoluer au même rythme.

De même qu’il y aura un impact sur les prix des aliments pour bétail qui risque de mettre à mal les filières d’élevage, qui sont déjà en grande difficulté, qu’elles soient avicoles, ovines ou bovines et donc par ricochet sur la filière laitière.

Parmi les autres matières premières dont les prix risquent de s’envoler figure le gaz. La Russie couvre actuellement 40 % des besoins de l’Europe (et 45% des besoins de l’Italie). Toutefois, il est possible de voir les pays européens recourir au gaz algérien à travers le pipeline reliant l’Italie à travers la Tunisie, ce qui pourrait conduire à une augmentation des quantités transitant par ce pipeline et permettre à la Tunisie de se fournir en gaz, en quantités suffisantes, par le biais de la redevance.

L’envolée des cours du baril de pétrole aura également un impact sur la Tunisie, d’autant que le budget 2022 a été établi sur la base d’un prix du baril à 75 dollars. Le prix actuel, avec une hausse de près de 50 dollars, représenterait une charge supplémentaire pour la caisse de compensation de 7 Milliards de Dinars. Pour rappel : le budget 2022 prévoit une enveloppe globale de 7,3 Milliards de dinars pour la compensation, tous produits confondus.

Une telle charge est insoutenable pour le budget de l’Etat qui aura pour conséquence, une augmentation inéluctable des prix à la pompe, qui pourrait atteindre 1,2 Dinar le litre environ, tous produits confondus, et jusqu’à 2 Dinars et plus le litre si les prévisions les plus pessimistes sont atteintes.

Lorsqu’on connait les difficultés qu’a la Tunisie pour mobiliser les ressources nécessaires au financement du budget de l’Etat, la perspective d’un baril à 175 et 195 dollars et plus serait dramatique pour l’économie tunisienne et pourrait conduire à un scénario difficile à maîtriser sur le plan économique et social.

D’après Étude de l’IACE